4 la peur de la conspiration La machine à douter

C’est le sosie de Paul Mc Cartney qui remplace l’ex-Beatle depuis trente ans. Jésus s’est installé dans les Pyrénées.
Le sida a été créé en laboratoire par l’armée US.
On nous cache tout, on nous dit rien ?
Récemment, la presse américaine – qui n’aime rien autant que de remuer la boue autour de ses hommes politiques – mentionnait à propos de Bill Clinton l’une des anecdotes les plus surprenantes concernant un président en exercice. Quelques jours après son élection à la Maison-Blanche, l’ancien gouverneur de l’Arkansas aurait en effet nommé à la tête du département de la Justice un certain Webster Hubbel, avocat de renom, et surtout ami intime du couple Clinton. Sa mission ? Faire au plus vite la lumière sur deux affaires : le meurtre de John Fitzgerald Kennedy et la présence supposée… d’extraterrestres sur le territoire des Etats-Unis !
Mandaté par la plus haute autorité de l’exécutif, Webster Hubbel qui, par la suite, devait connaître la disgrâce présidentielle et payer de sa liberté certaines irrégularités financières, aurait ainsi employé des centaines d’agents fédéraux et une quantité non négligeable du budget de l’Etat américain pour apporter une réponse ferme et définitive aux angoisses existentielles du nouveau président. Les petits hommes verts et leurs soucoupes volantes existent-ils vraiment ? Harvey Lee Oswald, meurtrier vedette de JFK, a-t-il agi pour le compte de la CIA, de la mafia, ou des deux réunis ? A ce jour, seul le président des Etats-Unis et son entourage ont eu accès aux résultats de l’enquête menée par les agents de Webster Hubbel.
Un ensemble de révélations qui, si elles ne devraient pas profondément changer le cours de l’histoire, en dit long sur l’étendue du désastre qui frappe aujourd’hui les Américains.
Hillary Clinton frappe son mari, Bill la trompe chaque soir avec Barbra Streisand

Traumatisée par l’affaire Kennedy et les zones d’ombres qui entachent l’action des services gouvernementaux (FBI, CIA), l’Amérique de cette fin de siècle ne veut plus croire en la vérité de ses dirigeants. Même le premier citoyen des Etats-Unis possède en lui la certitude que la génération passée lui a menti, que la vérité est ailleurs, quelque part dans les archives d’un commissariat de Los Angeles ou les souvenirs d’un vieillard à qui des hommes en costume sombre ont demandé de se taire. Un article du magazine américain NewsWeek expliquait récemment comment cette méfiance instinctive envers toute forme de discours officiel était devenue aux Etats-Unis une sorte de religion parallèle. Un vaste credo paranoïaque où se rangent pêle-mêle la thèse d’une invasion par les soldats de l’ONU (voir encadré) et celle d’un clonage en série de sosies de Saddam Hussein, destiné à alimenter l’effort de guerre US.
« Quels qu’ils soient, les événements n’arrivent pas comme ça », estime Noam Chomsky, sorte de Michel Chevalet ricain de la conspiration à grande échelle. « Le centre du pouvoir ne faillit pas mystérieusement à sa mission sans que quelqu’un, quelque part, n’en tire un bénéfice et décide de qui devra payer », ajoute cet auteur de nombreux best-sellers conspirationistes dont l’un est même intitulé Pourquoi on vous ment !. Entendez, il y a toujours une explication simple derrière l’absolue complexité des événements : si l’Asie sombre dans une crise boursière sans précédent, c’est qu’il s’agit d’une stratégie à long terme du MITI (le ministère de l’Industrie et du Commerce japonais) pour entraîner dans sa chute l’industrie de l’automobile américaine et son groupe phare Chrysler ; si le FBI fait donner l’assaut aux membres de la secte Wacco, c’est qu’ils possèdent des informations compromettantes sur la vraie nature sexuelle du président ; et si la maladie de Creutzfeld-Jacob décime les troupeaux de vaches, c’est que la CEE y trouve sûrement son profit…

Le personnel de la Maison-Blanche est homosexuel et consomme des drogues.

A la fin d’un siècle épuisant, riche en conflits et en bouleversements sociaux, les Américains estiment soudain rassurant de trouver un sens au désordre ambiant. Manifestes, recoupements, explications scabreuses et déductions arithmétiques de l’âge d’une star défunte additionné à celui de sa nurse, l’essentiel est d’établir point par point une histoire qui pourra se superposer, voire remplacer la version officielle. Pour ce faire, « l’Amérique du doute » fait preuve d’un étonnant sens de la propagande. Sur l’Internet, des dizaines de milliers de pages développent les théories les plus absurdes en les étayant de faits réels – sortis de leur contexte – et qui, une fois additionnés, permettent d’obtenir un résultat parfois presque convaincant.
Parmi les déclarations les plus symptomatiques, celle de Gary Aldrich, un ex-agent du FBI, qui affirme dans l’ordre et sur son site Web que :
1) Hillary Clinton frappe son mari,
2) Bill la trompe chaque soir à l’hôtel Marriot de Washington avec Barbra Streisand, 3) La totalité du personnel de la Maison-Blanche est homosexuelle et consomme des drogues, 4) Certains membres des « triades » chinoises (la mafia) dorment chaque soir dans l’antichambre du président. Gary Aldrich sait de quoi il parle puisqu’il a passé les dernières années de sa carrière au service de protection rapprochée du Président. Le problème, c’est que chacune de ses apparitions publiques est financée et soutenue par des milieux proches du parti conservateur. Si même les acharnés de la contre-vérité font de la politique fallacieuse, c’est qu’il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume du premier amendement.

Sur l’Internet :
Courtney Love a tué son mari : http://www.tpmgrantpi.com/
Conspirations en gros :
http://www.conspire.com/
Tous des salauds :
http://www.delve.com/sort.html
Conspiration, le film :
http://www.conspiracytheory.com/
Noam Chomsky :
http://www.worldmedia.com/archive/
Pour faire vous-même votre propre conspiration :
http://www.cjnetworks.com/~cubsfan/conspiracy.html