Bientôt la fin des galeries d’art ?

Hugo

Le jeune marchand d’art Nicolas Hugo prédit la fin de la galerie « statique » et l’avènement des évènements décalés. Un prophète?

Bien né, Nicolas Hugo a passé son enfance à Aix-en-Provence, baignant déjà dans l’art puisque son père Pierre (marchand d’art dans les années 70) a repris l’atelier de son propre père, François Hugo (orfèvre et éditeur de bijoux d’artistes, collaborateur d’Arp, Cocteau, Ernst et Picasso). Dans cet arbre généalogique prestigieux, Nicolas est l’arrière-arrière-arrière petit-fils de Victor Hugo. Il s’échappe du Sud de la France et vient à Paris bien décidé à apprendre tous les rouages de l’art contemporain. Il entre en stage à la galerie Gagosian fraîchement ouverte puis enchaîne en devenant l’assistant d’un autre marchand et galeriste, Patrick Seguin. « Ces expériences m’ont permis d’observer, d’analyser et de développer mes envies et ma vision d’art », pose-t-il aujourd’hui.

EXPO AU LAVOMATIC

C’est ainsi qu’en octobre 2012 Nicolas ouvre sa première exposition dans sa « galerie » – qui, à l’époque, n’est autre que son propre appartement, rue Monsieur le Prince… « Le seul réel désavantage, c’est que j’ai dû dormir sur un matelas gonflable pendant un an, puisque je ne pouvais pas laisser un lit au milieu de l’exposition! Mon dos a souffert… » S’ensuit une exposition surprise dans le lavomatic de la rue et quelques autres fantaisies qui changent de la routine du milieu… Pour la plupart, les artistes présentés par Nicolas sont ceux de sa génération : « J’ai besoin de montrer des oeuvres avec lesquelles je sens une connexion, en adéquation avec qui je suis. Ce qui ne m’empêche pas de les mélanger de temps en temps avec des artistes célèbres et morts depuis longtemps…» Et tous les moyens sont bons pour découvrir l’artiste de demain : « J’ai vu les oeuvres de Matthew Feyld sur Instagram, j’ai beaucoup aimé. Il vit au Canada donc j’ai décidé d’aller lui rendre visite là-bas. Et je l’ai ensuite montré à la galerie quelques mois plus tard. »
Aujourd’hui, Nicolas Hugo pense que « le modèle de la galerie d’art a fait son temps. L’idée d’avoir un endroit, statique, est de plus en plus remis en cause. Par exemple, je vends des oeuvres en les montrant sur Instagram ou Facebook. Le monde devient de plus en plus petit, mais le temps file aussi de plus en plus vite pour tous, et pour les collectionneurs aussi. Ces derniers achètent parfois des oeuvres importantes sans les avoir vues réellement. D’où l’intérêt de créer des évènements, des pop-ups lors des foires et des grandes manifestations liées à l’art contemporain. »

DATES CLÉ
2013 Ouverture de la galerie Nicolas Hugo dans son appartement rue Monsieur-le-Prince à Paris.
2016 Ouverture d’un bureau à Londres et exposition en avril de la peintre Margaux Valengin pendant Arts Bruxelles.

PAR YAN CÉH
PHOTO CHARLÉLIE MARANGÉ


Paru dans Technikart #200, avril 2016