Bonsoir on a vu Bagarre

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11249841_958979704145767_485782523824404895_nLes nouveaux espoirs du clubbing français sont passés au Badaboum mercredi 07 octobre. Et ça a donné quoi? Entre un public semi-mortifère et une musique fiévreuse autant dire le chaud et le froid, le sexy et le glacial.

 

Bagarre ça fait plusieurs mois qu’ils chauffent la Toile, YouTube, Facebook avec leur clip en N&B et leurs chansons Red Bull. C’est frais et ça bouge. On chante une poésie sur fond de synthé. Un son déjanté, clubbing, revival. Et ce soir ils passent au Badaboum envoyer le pâté.

Comme beaucoup je les ai découvert cet été avec le titre « Claque-le ». La petite bombe est tombée en pleine canicule parisienne pour rendre encore plus moite l’ambiance estivale. Mais déjà depuis quelques mois le groupe s’était fait une petite réputation au sein de la scène musicale. D’abord sur le label Vinyle Rouge il signe sur Entreprise. Présentée sur le site comme « hybride » et « protéiforme » leur musique offre un rafraîchissant cocktail de rap, d’orientale et de techno. Oui c’est déjà vu peut-être. Mais là c’est plus trop entendu.

Ça commence. En warm up dj Gaspar et Pauline de Fils de Vénus. Un peu dub, un peu hip hop, pas mal du tout. Alors qu’on s’attend tous à chanter francophone dès 20h30 on a droit à un dj set de deux heures pour chauffer la salle. Ce prélude assez réussi promet. Les allers-retours entre le bar et la piste sont nombreux, chacun se demandant dans quel sens va la programmation (avant, après, dans une heure, quand ça ..). On boit et on boit et on danse. Une armée de gens sombres et peu souriant a envahi la piste.

Justement le public. Autour de nous : des jeunes et des vieux. Apparemment quelques journaleux sont venus écouter le concert du groupe parisien qui monte en puissance. Ça danse pas, ça fixe la scène. Ça fout presque le cafard. Moi qui m’attendais à une ambiance sexy pour draguer j’ai l’impression d’avoir les darons dans le dos. Vont-ils se dérouiller avec le groupe tête d’affiche ?

Enfin Bagarre apparaît. Fidèle à leur uniforme : survêt Adidas et grosse chaîne. Et tout de suite il attaque avec « Le Gouffre ». Titre orientale aux paroles sombres et suggestives. Direct ça s’enflamme. Après s’être rempli le gosier pendant deux heures on est tout de suite plongé dans leur atmosphère. Le groupe nous arrache à la torpeur. Ils déchirent l’air avec « Claque-le ». Les bras ondulent, les cuisses ont des fourmi. Ce titre est porté par la voix énergique de la

Photo par Alsarchi

Photo par Alsarchi

chanteuse. Ma bière à la main et le rythme dans l’autre on s’enflamme avec ma bande. Mais on est les seuls. Les gens autour de nous restent statiques. On est tellement serré que le moindre coup de coude/genou/boule semble la bienvenue pour dégager tout ça.

Devant tout devant la scène on s’éclate. Intéressant il y a donc de la vie au premier rang. Ça danse, ça saute, ça sue. Big up au public : « C’est pour Pa-riis ! ». « Ris Pas » est incroyable en live, loin de l’image de malaise du clip. Ils se donnent tellement à fond. Attitude en référence au titre de l’EP «Mourir au Club». Alors là on se dit que le punk/le rock/le club n’est pas mort. Impossible de classifier leur musique et tant mieux. Ils donnent vie à leur titre, l’impression que leur débit ultrarapide est un lance-flamme en direction du public. Pour avoir tenté de trouver les paroles sur Internet (peine perdue) chanter yaourt sur cette langue de Molière remixée est envisageable tant c’est pas con.
Un trompettiste monte sur scène les rejoindre. Impossible de se rappeler son nom. Sa partition semble naturellement se fondre dans le décor c’est génial. Les membres s’échangent les instruments : le clavier, la guitare, la batterie, le chant… L’énergie reste intacte. Bagarre est déchaîné.

On essaye de s’avancer vers le devant. Plus de folie communicative. L’énergie monte, ça y est le public s’enflamme on l’arrête plus ! Le chanteur fait monter le public sur scène. Et toi viens et toi et toi. Tout le monde se précipite. Un vigile est amené pour nous stopper net devant la scène. Honnêtement la crainte d’un débordement n’a pas lieu d’être. On se bouscule et passé l’ouragan du premier rang il est presque (malvenu) de danser sur la piste. Bref je finis devant les enceintes.

Le rappel avec «Le Gouffre» est électrique. En choeur on entonne les paroles du refrain. Super quelques personnes sont dans la bulle Bagarre! Et la transe est finie. Tout retombe comme un soufflé. Le public se rend vite à la sortie, sans états d’âme. Comme s’ils avaient rempli leur mission : on a vu Bagarre maintenant on est in et au courant des dernières nouveauté musicales.

Au fumoir un garçon à la casquette de Pikachu et un des plus ardent public de la soirée sur la piste (il s’est littéralement pokédémonisé, le diable au corps) me confie que cette musique est faite pour «pogoter». Il connaît bien Bagarre et me glisse cette anecdote vintage. Après le retour des sonorités new wave, le come-back du pogo ? Pourquoi pas.

Ce soir-là ce qui frappe est l’osmose totale entre les membres. Ils sont excessifs, talentueux et partagent avec le public. Un public qui s’est limité aux deux premières rangées. Le reste était là pour voir, (peut-être) être vu mais pas pour chanter les paroles divines de « Mourir au Club ». Car c’est littéralement la sensation qu’a laissée Bagarre : on est prêt à mourir avec notre musique tant que vous n’en avez pas eu assez. Et cette claque musicale est loin de s’arrêter.

SD