Cannes J1: Le Coup de la panne

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Il n’y aura donc pas de numéro 81 de Technikart Super-Cannes, le quotidien papier édité par ce magazine pendant 8 saisons. Bizarrement les troupes ne se sont pas dispersées pour autant. En ce premier jour de festival toutes les forces vives du TechniCannes sont dans les parages, même Benjamin R. qui a profité de ses vacances niçoises pour passer dire bonjour aux copains, ou nos ex-maquettistes, Sophie J. et Alice G., venues honorer une mission freelance inopinée sur la French Rivieira. Ca en serait presque émouvant tout ça, des vrais retrouvailles à la Expendables, dont on aime à imaginer qu’elles dépassent le simple statut de coïncidence. Au delà de toute considération mystique, ça nous renvoie surtout tous à la tronche le vide quasi-existentiel d’un Cannes sans édition quotidienne à noircir.

Un léger spleen rôde donc, et comme un symbole, la journée commence par une grosse flemme et une panne de réveil (un truc passible d’exécution au missile anti aérien par Léo H.les années précédentes). Il est 10h30 et on vient de louper le film d’ouverture, la Tête Haute d’Emmanuelle Bercot; ce qui nous privera de donner ici notre avis sur sa légitimité en ouverture ( la seule question qui aura alimenté les conversations autour du film et qui semble en dire long sur l’intérêt du machin). Coup de bol pour nous et pour ce billet, sont aussi présentés à la presse ce mercredi le Notre petite Soeur de Kore Eda et le Conte des Contes de Matteo Garrone, le genre de cinéastes dont on ne va pas voir les films uniquement pour alimenter la petite chronique cannoise. Coup de déveine pour nous et pour ce billet, on n’a strictement rien à dire sur ces films là, ni nuls, ni bons, ni rien, et qui ne nous inspirent pas grand chose de plus qu’un « mouaif » ou un « bah ». Devant sa pizza Léo H. s’interroge sur cette soudaine atonie critique et notre incapacité commune à vouloir causer de ce qu’on vient de voir. L’absence d’édition quotidienne nous aurait,selon lui, transformé en grosses feignasses neurasthéniques. Ce n’est pas impossible, mais c’est comme s’il avait oublié que le leitmotiv principal du Super Cannes aura été à CHAQUE numéro « M’enfin je vais pas écrire un texte sur ce film y a strictement rien à dire dessus. Et si on le foutait plutôt dans le baro? ».

Tout dans cette journée aura donc ressemblé à un faux départ: le réveil qu’on n’entend pas, un Bercot pour lancer les hostilités et deux trucs molassons pour démarrer la compèt’. Cannes n’a pas vraiment commencé, et pas seulement dans nos têtes. Peut être même que le festival nous a laissé rien que pour nous un jour de répit, histoire de se remettre dans le bain. Ca durera 24h et pas une de plus: le lendemain (aujourd’hui donc) ce sera Mad Max Fury Road à 8H30, l’ouverture non-officielle du festival, le film qui devrait emballer la machine à coup de moteurs rutilants et nous remettre la tête à l’endroit, ou plus probablement à l’envers. Ce soir on va enfin parler de cinéma devant nos pizzas.

François Grelet