Christophe Dechavanne : « Je suis encore là, j’ai une boîte qui emploie plus de 60 personnes ! »

Capture d’écran 2015-07-21 à 16.01.22

La saison 2014-2015 n’a guère été tendre avec Christophe Dechavanne. Absent des écrans, l’animateur-producteur s’est, de surcroît, embarqué dans une polémique à 2 balles avec l’équipe de Touche pas à mon poste. Certains chroniqueurs (sur ordre de leur patron ?) ayant passé leur année à le traiter de «plagiaire », de « has been » ou encore de « mec odieux » entre autres gracieusetés. Hallucinante époque où l’on voit un grand pro de la télé (33 ans de carrière au compteur) contraint de répliquer aux allégations diffamantes d’une Enora Malagré. Un peu comme si Gérard Depardieu se fritait avec Kev Adams. Mais telle est la télé : un enfer climatisé au sein duquel l’inversement des valeurs prévaut. Reste qu’en toute chose, il y a du bon, et cette lamentable affaire nous a donné envie de revoir le «ch’tit pépère». Rendez-vous pris donc – dans son bureau de sa boîte de prod du XVIIe arrondissement – et rencontre avec cet éternel « come-backer».

Est-ce que dans votre parcours professionnel vous vous êtes senti parfois dans la peau d’un boxeur ?
Un peu… Dans ce métier, il faut être un peu boxeur, il faut avoir les épaules solides. Ça va, ça vient, l’hu- meur est bizarre car les gens sont étranges et les rela- tions particulières. Je ne pense pas que n’importe qui – enfin quand je dis « n’importe qui », ce n’est pas péjoratif – puisse faire ce métier. Il faut faire preuve de caractère.

En 33 ans de carrière, vous avez donc connu des belles victoires et des KO aussi…
Non, pas de KO, il ne faut pas exagérer… L’autre jour, j’ai relu des archives de journaux me concernant. Et très souvent, le titre de ces papiers était : « Decha- vanne le retour ». Ce leitmotiv revenait sur plusieurs années, c’était assez étonnant. En même temps, je suis encore là, on est debout, j’ai une boîte qui em- ploie 60 personnes, on bosse…

C’est parce que vous êtes une personnalité assez forte, par rapport à un Michel Drucker qui va rester toute sa vie sur le même truc. Vous, vous incarnez un style de télé très incarné. D’où ce parcours en dents de scie. Vous en êtes conscient ?
C’est déjà pas mal d’incarner quelque chose… Reste qu’aujourd’hui, il est difficile voire impossible de vendre aux chaînes des projets qui n’existent pas déjà. Il ne faut pas faire de vagues parce qu’il y a cette peur qui traîne partout, et qui est très mauvaise conseillère d’ailleurs. Mais cet état d’esprit ne concerne pas que la télé. Le monde entier est devenu anxiogène. L’un étant le corollaire de l’autre.

Vous avez inventé un truc que maintenant tout le monde fait : avoir des chroniqueurs autour d’une table…
(Rires.) Oui, un peu… Je ne crois pas avoir inventé une forme mais, en revanche, j’ai peut-être lancé un ton.

Parlez-nous du jeu, Whishlist, que vous animez en juillet sur TF1…
J’ai choisi ce jeu car j’ai trouvé qu’il était plein d’em- pathie et de bienveillance justement. Maintenant c’est un essai le temps d’un mois, on verra bien pour la suite.

Ce retour à l’antenne ça vous fait du bien ?
C’est mon métier, je crois que si vous, vous n’aviez plus personne à qui poser des questions vous vous seriez un peu triste. L’essence de mon métier, c’est d’occuper un plateau de télé et de m’y exprimer.

Et quid de ce talk-show à la rentrée sur TF1 ?
Il est prévu pour début d’automne – promis – mais je ne vais pas pouvoir vous en dire davantage. Même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque.

Est-ce que, selon vous, le talk-show est toujours soluble dans l’ADN de TF1 ? Depuis La Méthode Cauet, ce genre a singulièrement disparu de la chaîne…
C’est dans l’ADN de toutes les chaînes de faire une émission de TV qui soit de la télé. Avec ce talk- show, l’idée sera d’avoir une base fondée sur l’ac- tu avec la volonté de divertir, et de lever une nou- velle fois des lièvres. On ne sera pas dans des duels d’éditorialistes comme sur les chaînes d’infos. Ce talk-show est le résultat de varies discussions avec la chaîne, notamment Jean-françois Lancelier et Fabrice Bailly. C’est une envie commune. Et ça, ça me motive encore plus.

Votre boîte de prod, Coyote, se porte comment ?
C’est difficile pour tout le monde. La crise a engendré le fait que pour vendre un projet à une chaîne, c’est compliqué et pour avoir les moyens de le produire, ce n’est pas simple non plus. La télé reste toujours aus- si onéreuse à faire mais vendue beaucoup moins chère…

                                                                                         Entretien Sylvain Monier