Disiz la Peste: «J’aime le rock»

 

A l’occasion de la sortie de son dernier album de rap, Serigne M’Baye, aka Disiz la Peste, fait son coming-out musical.

Disiz the rockerTu sors ton dernier album de rap. Comment en es-tu arrivé là ?

En fait, je m’y retrouve plus dans le rap. J’ai grandi et je suis amer. Les majors te demandent trop de concessions. Elles ont donné trop de pouvoir aux radios, à Skyrock en l’occurrence. Moi, j’ai plus envie d’être malléable. Comme j’ai du respect pour le public qui m’a suivi, je ne voulais pas partir comme ça. Je vais faire autre chose, des trucs plus rock, plus électro.

Pourquoi un tel virage ?

Plus rien ne m’excite dans le rap français, à part Sexion d’Assaut. Et puis beaucoup de choses ont changé: avant, il y avait de l’émulation et une sélection naturelle. Désormais, l’exigence a baissé, l’argent a drainé du monde. Soit je devenais fonctionnaire de la musique, soit je prenais le risque d’arrêter le rap et de faire ce que je voulais. Là, j’ai repris mes études, j’ai même écrit un roman qui sortira chez Actes Sud en septembre.

Il y a quoi dans la playlist de Disiz le rockeur ?

Ça fait cinq ans que j’écoute du rock, notamment The Foals, Vampire Weekend, Kings Of Leon… Déjà au collège, je me cachais pour écouter les Guns ! J’ai mis dix ans à faire mon coming out musical. Pourtant, je connais un gars dans mon quartier qui écoute Chante France toute la journée ! Mais je sais déjà ce qu’on va me dire avec le prochain album: les gens du milieu me diront que je fais un album de Blanc. Un métisse qui fait du rock, on va pas comprendre. Et ça, c’est spécifique à la France.

Entretien T. B. (la suite dans Technikart n°134, en kiosques le 4 juin)