ILS ARRIVENT

Paru dans le Hors-Série Music de Technikart – 08/01/2008

AU RAYON PRODUITS FRAIS, 2008 S’ANNONCE DÉJÀ COMME UNE GRANDE ANNÉE… Pas la peine d’attendre le rouleau compresseur du marketing des labels, ni d’aller passer ses journées dans des pubs malodorants du nord de Leeds: la relève musicale, elle passe par le Net, et surtout par notre sélection, aussi impitoyable qu’excitante.

AVEC LES ADOS DE COMING SOON, TRIBU INTERNATIONALE… D’ANNECY
SUR LA ROUTE AGAIN
Leonard Cohen a écrit «les Perdants magnifiques». Coming Soon, ce sont les enfants magnifiques: sept gagnants on the road pour répandre la bonne parole pop-folk. On a été les voir live à Chambéry.
Vendredi 14 décembre. Un froid de canard sibérien sévit sur Chambéry, le marché de Noël est fermé. Raisons suffisantes pour filer à La Soute, petite salle située dans les bas-fonds de la cité des arts, qui accueille ce soir-là le groupe Coming Soon. Je descends me mettre au chaud à l’intérieur et remarque qu’il n’y a qu’une quarantaine de personnes pour 200 possibles. Pourtant, un premier groupe est déjà sur scène. Et moi, vite, au bar.

J’y rencontre Fred, qui connaît les Coming Soon via le Net. Ιl est venu « juger sur le terrain la valeur de ce groupe qui monte ». Un peu plus tard, je tombe sur la maman d’Howard Hughes, un des chanteurs du groupe – le plus vieux : il a 26 ans, l’ancêtre. Que pense-t-elle du succès qui semble se profiler pour le groupe du fiston ? « C’est une belle aventure parce que c’est un groupe de copains, à la base. Après, c’est bien qu’un album sorte, mais il est important de ne pas laisser tomber les études. » Une réflexion pleine de sagesse, qu’aurait pu avoir la mère de Keith Richards en 1962. Sauf que la môman de Keith voyait d’un très mauvais œil la passion de son futur junkie de fiston. Alors que là, en 2008, un ado qui monte son groupe de rock fait la fierté de ses géniteurs. Pas moins respectable que bosser à la Matmut – au contraire.
À RENDRE FOUGUE !
Il est 22h30. Dans la lumière revenue, les sept baby-folkers se mettent en place,tranquillement. Ils sont fringués à la sauce US. Alex Banjot (guitare/chant) teste son ukulélé, pendant qu’au fond, Ben (guitare/chant) et Caro (chant/clavier), les coquins, se font des bisous furtifs. Dans la foule, composée essentiellement de trentenaires, beaucoup semblent sceptiques quant à la performance à venir de ces « petits jeunes ».
Mais pas le temps de se poser de questions : Howard, le « space cow-boy » aux allures de Valentin le désossé (il mesure deux mètres), ouvre le bal de sa voix rockailleuse et profonde. Les chansons sont courtes et s’enchaînent rapidement, tantôt indie pop, tantôt plus folk. Et ce sont autant de tableaux singuliers, quand Alex, Ben, Caro et Billy passent au micro à tour de rôle, tous aussi à l’aise avec la langue de Johnny Cash. Howard joue les chefs d’orchestre, tel un Ian Curtis du bayou. Une atmosphère enivrante et électrique s’installe. Ça tape des pieds, et les têtes commencent à suivre. Les derniers doutes s’envolent, comme emportés par la fougue des mélodies.
BISES ET JUS DE RAISIN
Billy descend de scène et chante un moment a cappella au milieu du public, porté par la seule guitare acoustique de Ben : le grand show. Après une quinzaine de chansons et un rappel en collégiale rythmée et limite gueularde, voilà, c’est fini. Réactions à chaud de Sylvain (31 ans) : « C’est décalé. D’habitude, je suis plutôt dans la branche hip hop mais là… En fait, ils ont un coté punk sans le bruit. »
De retour sur le dancefloor, j’aperçois un autre Fred, une sorte d’Alain Decaux local de la musique alternative. Il a la mine réjouie de celui qui vient de se régaler : « Tu vois, on parle de ce groupe comme d’un phénomène de genre, on dit qu’il n’apporte rien de plus à la scène pop-folk actuelle. Mais moi, je les avais vus quand ils débutaient, et quand tu vois les progrès qu’ils ont fait, au niveau du jeu, des compos et des mélodies, ils peuvent aller très loin parce qu’ils ont la fraîcheur. » Merci professeur, mais je suis attendu par la bande pour le débrief.
Ils sont tous là, entassés dans la petite loge, l’atmosphère est détendue. Howard, du haut de ses 26 ans, prend la parole : « Ce soir, y avait pas beaucoup de monde, mais ça nous convient. Un petit public, c’est sympa aussi. »
70 ALBUMS AUX STATES
Billy enchaîne : « On peut jouer n’importe où, même dans les bars. Le dernier concert qu’on ait fait, c’était à Wallis en Suisse, devant 600 personnes, alors ça change bien sûr, mais bon. » Howard reprend : « On était déjà venu jouer une fois à Chambéry, ça s’était super bien passé aussi. À l’époque, le groupe ne comptait que trois membres actifs, mais nous, on était déjà là, en soutien. » Ben : « On aurait eu plus de monde en jouant à Annecy. Là-bas, on a pas mal de fans qui nous suivent, mais il faut dire que Léo et Alex sont au lycée, alors forcément, ça draine des filles. » Léo rougit et les autres se marrent. Ben : « Sinon, on fait des grandes villes aussi, Paris ou même New York… On a un certain succès aux Etats-Unis grâce au Net. » Howard, à moitié ironique : « Ouais, on doit avoir vendu 70 CD aux USA et 3 en France… » Ben allume sa clope : « L’avantage d’écrire en anglais, c’est que c’est international. »
Les filles ont l’air un peu ailleurs. Un gars passe sa tête à la porte. « Désolé de vous déranger, mais on va fermer la salle. » Le temps de boire un dernier jus de raisin et tout le monde se retrouve dehors. Poignées de main et bises aux filles. C’est une famille, une famille dont on aurait aimé faire partie. Ça a l’air cool d’être les petits Dylan d’Annecy, en 2008 : le monde de demain leur appartient.
«NEW GRIDS» (KITCHEN MUSIC): SORTIE LE 21 JANVIER.
FRÉDÉRIC DELVILLE

COMING SOON, LES CHIFFRES
7 _ Le nombre de membres. Cinq garçons (Billy Jet Pilot, Howard Hugues, Léo Bear Creek, Alex Banjo, Ben Lupus) et deux filles (Carolina Van Pelt et Mary Salomé). Howard et Billy sont frères, Léo et Ben aussi.
14 _ L’âge du plus jeune, Léo.
26 _ L’âge du plus vieux, Howard.
2 _ Leurs principales influences: Leonard Cohen et Albert Hammond Jr. « Bon, c’est bien Herman Düne qui nous a donné envie de nous y mettre, mais on ne s’est pas enfermés dans ce parrainage. On aime Nick Cave, Bob Dylan, les Strokes, Will Oldham, l’album de Lou Reed & John Cale, “Songs for Drella”, plein de trucs différents… L’anti-folk est trop limité aujourd’hui, ou c’est devenu du pastiche, comme Adam Green. »
3 _ Les villes où ils habitent : Annecy (où ils sont nés), Paris et Lyon (où certains étudient). « Nos villes préférées, ce sont Toulouse et Berlin, où André Herman Düne nous a accueillis pour trois concerts, c’était génial. Et on a aussi joué à New York, mythique, incroyable ! »
14 _ Le nombre de titres sur leur premier album, «New Grids». À son meilleur, c’est comme si le «New Skin for the Old Ceremony» de Leonard Cohen était molesté par les enfants de Daniel Johnston. Du pop-folk remanié. Littéralement : nouvelle peau pour la vieille cérémonie.
B. S.

 

CES FRENCHIES QUI SE FONT PRODUIRE PAR DES ÉTRANGERS
VU DE L’EXTÉRIEUR
Comment oublier qu’on est français et qu’on sort un album en 2008 ? En choisissant un producteur anglo-saxon. Baxter Dury pour le Parisien Alister, Jason Lytle pour les Rouennais de Maarten. Enquête sur un phénomène pas si marginal.
Il y avait ce fantasme d’un bout de Grand Ouest chanté dans les Monoprix : « L’Amériiqueuh, l’Amériii-queuh, je veux l’avoir, et je l’aurai. » Joe Dassin ne l’a pas eue, peu l’ont eue. Dans les 60’s, on retrouve bien la trace de Zouzou du côté de chez Donovan, mais c’est maigrichon. À la fin des 70’s, la disco décomplexe finalement l’Hexagone. Sheila file enregistrer avec Chic le seul tube franco-mondial de sa carrière (Spacer), puis Amanda Lear tente la Tamise avec Trevor Horn (Pet Shop Boys).
L’avènement du post-punk libère toute une génération : Starshooter bosse avec le producteur des Ruts en 1981, Taxi Girl sort la même année son Sepuku with a little help from le bassiste des Stranglers (un Franco-Britannique, symbole…). Marie et les Garçons et Modern Guy se font, eux, produire par John Cale, légèrement touriste sur le coup. Peut-on enfin parler d’une reconnaissance de la France par ses pairs à lunettes noires ?
« COMME ALAIN DUCASSE »
À écouter Bertrand Burgalat, l’un des derniers vrais producteurs old school du milieu parisien, on en est loin : « Pour un Anglo-Saxon, faire un disque raté en France n’a pas de grandes conséquences sur l’évolution de sa carrière. C’est un peu comme quand Alain Ducasse fait la tambouille pour un mariage à Dubaï. Il y a évidemment des contre-exemples, comme Tony Visconti sur le No Comprendo des Rita Mitsouko, alors qu’il n’avait plus la grosse cote. Ce qu’il a fait avec les Rita ne ressemblait à rien de ce qu’il avait fait auparavant. »
Soudain, on comprend comment Téléphone a réussi à se faire produire par Bob Ezrin (Lou Reed, Pink Floyd) sur un album au titre annonciateur (Dure Limite) de ce que sera le rock français pour les années à venir.
SEX & DRUGS & FISTON
Retour en 2008. « En France, l’enregistrement des guitares est catastrophique. Baxter Dury les enregistre mieux, point. C’est aussi un état d’esprit. Le mec n’a pas été pollué par Michèle Torr, quoi ! » Lorsqu’Alister parle de l’enregistrement de son premier album (voir encadré), il n’y va pas avec le dos du micro. Etonnant de la part d’un trentenaire que tout prédestinait aux carcans classiques du circuit français (belle gueule, textes en français, parisianisme, noctambulisme, il a écrit un recueil de nouvelles – Playlist – et bossé pour la Minute blonde).
Alister a voulu travailler avec Baxter Dury, londonien fils de Ian (chanteur de Sex & Drugs & Rock’n’roll) et auteur d’un des meilleurs albums de 2005 (Floorshow). « Le staff d’Alister m’a contacté via MySpace pour me demander qui avait produit mon album », explique Baxter. Au final, le travail de Dury fonctionne à merveille : on est loin des étiquettes qui grattent au fond du col (de Johnny à Noir Dez) et qui font rire chez nos voisins.
NASHVILLE OU HÉROUVILLE ?
Après l’Angleterre, destination l’Amérique. Le Montana exactement, refuge de Jason Lytle, ex-Grandaddy (le groupe a splitté en 2006), qui a décidé de produire le deuxième album du groupe normand Maarten, My Favorite Sheriff. Au programme : skate sous les neiges US, retour au Havre pour le mastering avec Jason et pop classieuse… dont on sait à l’avance qu’elle ne marchera pas en France. « Nous n’avions aucune illusion là-dessus, on voulait juste un nom américain pour produire l’album, que ce soit Mark Linkous (Sparklehorse) ou un génie comme Jason Lytle. On lui a juste envoyé les maquettes, il a répondu oui. » Jason Lytle : « Le bon producteur, c’est le type capable de boire plus de vin et de manger plus de bacon que n’importe quel membre du groupe. Il doit aussi pouvoir battre n’importe qui au bras de fer. »
Burgalat recadre : « Il me semble qu’on a tendance à mythifier la prod’, car plus le songwriting est ordinaire et plus on attend des miracles de la production. Il y a toujours eu de très bons studios et de très bons ingénieurs en France et, en même temps, c’était souvent les Français qui étaient les plus hésitants à enregistrer ici. Dans les 70’s, les mecs de variété enregistraient à Nashville quand Bowie venait à Hérouville… ».
Le mot de la fin à Jean-Claude Vannier, arrangeur-compositeur de Gainsbourg, un Français acclamé à l’étranger : pourquoi ses compatriotes ne savent-ils pas produire un disque pop ? « Parce que beaucoup de gens se comportent comme le sexe de Montaigne. Montaigne disait de son sexe qu’il était toujours à la ramener quand on ne lui demandait rien, et jamais là quand on avait besoin de lui. » Pour une fois, la référence française, elle aussi, sonne bien.
BESTER LANGS

ALISTER, L’ARTISTE FRANÇAIS QUI FAIT… LE CHOIX ANGLAIS
ALISTER, MUSICALEMENT, C’EST QUOI ?
Ça part de ballades au piano très cyniques jusqu’à des refrains plus pop. Après, lorsque tu chantes en français sur un mode piano-voix, t’es pas trop dans la merde, ton oreille est inconsciemment habituée à ça. Dès que tu passes à quelque chose de plus rythmé, plus rock, c’est un peu l’usine à gaz. Soit t’en fais trop et c’est surjoué, soit t’as un texte totalement nul et ça fait Hallyday dans les mauvais jours.
QUELLE ÉTAIT TA RÉFÉRENCE ?
«Transformer» de Lou Reed. Lorsque tu arrives à placer sur un même album «Hangin’ Round» et «Perfect Day»… Ça m’a toujours fasciné ce grand écart. L’équivalent en français n’existe pas.
COMMENT AS-TU RENCONTRÉ BAXTER DURY?
On cherchait, j’avais très peur, à cause de mes anciennes expériences en la matière. On rencontre deux ou trois producteurs français, ça s’avère comme prévu dramatique. Du coup, j’ai balancé une liste d’Anglais avec le nom de Baxter Dury dedans. Le mec nous a tout de suite répondu, par MySpace il me semble, et moi j’y croyais pas.
QU’A-T-IL APPORTÉ À L’ALBUM ?
Il y a un coté «bullshit detector» qui fait que les Anglais vont tout de suite déceler la note qui ne colle pas. Après, notre avantage sur les Anglo-Saxons, c’est notre capacité à agencer les mots, à les faire sonner. Si tu rajoutes à ça la production des voix par les Anglais, ça marche.
WWW.MYSPACE.COM/ALISTERMUSIC
SORTIE DE L’ALBUM LE 24 MARS (BARCLAY).
ENTRETIEN BE. L.

MAARTEN, LE GROUPE FRANÇAIS QUI FAIT… LE CHOIX AMÉRICAIN
MAARTEN, MUSICALEMENT C’EST QUOI ?
Par rapport à notre premier album, on a trouvé les pédales de disto’. On était déjà fans de Grandaddy mais ce n’était pas forcément une évidence. «My Favorite Sheriff» est clairement orienté vers le songwriting américain, sans que ça verse dans l’orchestration «du quatuor dans ta gueule».
QUEL ALBUM AVIEZ-VOUS EN TÊTE POUR RÉALISER LE VÔTRE ?
On pensait à tous ces groupes américains, comme Radar Bros. ou Sparklehorse. Les paysages américains, les grandes plaines nous excitaient. Disons qu’à Rouen, les montagnes étaient trop petites.
COMMENT S’EST PASSÉE LA RENCONTRE AVEC JASON LYTLE ?
On lui a envoyé les maquettes du premier et du deuxième album. Pour Jason, c’est arrivé à un moment compliqué (le split de Grandaddy NDLR), mais en un mois on est passés du stade de gros fan à celui de «on bosse ensemble».
QU’A-T-IL APPORTÉ À L’ALBUM?
Jason n’est pas vraiment le genre de producteur costard-cravate-cigare. Il n’a pas cherché à transformer les chansons, il a davantage influencé la prise de son, le choix du micro… Jason, c’est quand même le type capable de passer deux jours sur un couplet. Il est impressionnant sur le travail des harmonies.
LA PRODUCTION EN FRANCE, VOUS EN PENSEZ QUOI ?
On a bien vu que le savoir-faire était ailleurs, donc autant aller le chercher là où il est. Quand on a fait la liste des producteurs possibles, on a simplement regardé les albums qu’on aime, et il n’y avait aucun Français dedans.
«MY FAVORITE SHERIFF»: SORTIE LE 25 FÉVRIER (BOXSON / ANTICRAFT).
WWW.MYSPACE.COM/MAARTENPOPBAND
ENTRETIEN BE. L.

LA DISCO N’EN FINIT PLUS DE REREVENIR DU FLIP À MIAMI
Après le retour du rock, de la country, de l’électro, de la folk et de la moustache, place au retour du retour de la disco. «En version dark», nous prévient notre reporter dans une ville pourtant ensoleillée, Miami.
En planant au-dessus de la Floride, on songe aux rêves dérisoires de Carlito Brigante dans l’Impasse de Brian de Palma. Dix ans après ceux démesurés de Scarface, Al Pacino y incarne un ancien truand cubain rangé des voitures qui tente de mettre quelques dollars de côté pour acheter un parking sur la côte et y finir ses jours aux bras d’une blonde.
À l’instar de notre Carlito vieillissant, l’ensemble de l’humanité qui a cotisé espère pouvoir crever lentement, le cul sur un transat en regardant le soleil se coucher sur sa vie tandis que mémé rajeunit à coups de bistouri. Véritable mouroir à ciel ouvert, Miami est cette vision d’un paradis mortifère : température moyenne 24°C, âge médian 38 ans. 17% de la population a dépassé les 65 ans. La seule chute de neige enregistrée a eu lieu en pleine année disco, le 20 janvier 1977. Parfois, un ouragan passe et les moumoutes s’envolent.
DOWNTOWN MIAMI
Malgré la chaleur ambiante, on pose le pied sur le tarmac de l’aéroport en pensant à cette pochette de Gun Club où le groupe grelotte sous deux palmiers décharnés. L’album s’appelait Miami. La ville cherche aujourd’hui à échapper à cette image morbide en se donnant l’illusion d’un certain dynamisme, les manifestations internationales (la Winter Music Conference pour la dance music, Art Basel pour l’art contemporain) rythmant ainsi les saisons.
Las, entre les fêtes aux bords des piscines des grands hôtels de Miami Beach et le design district, midtown, flotte dans l’air quelque chose de pourri : sans doute des effluves provenant des nombreuses zones résidentielles strictement réservées aux retraités « actifs » qui cernent la ville. Alors que des légions de sosies d’Eva Longoria trépignent du talon à l’entrée des boîtes de Collins avenue afin de secouer leurs implants sous les barreaux de chaises de pseudos Puff Daddy, nous nous dirigeons downtown, là où le cœur de la ville bat sans pacemaker.
C’est au Studio A, dans un quartier pauvre, qu’une certaine jeunesse de Miami se retrouve tous les weekends. Une jeunesse mal épilée, qui porte des lunettes à triple foyer plutôt que des Ray Ban fumées. Des teenagers aux looks bigarrés (de l’emo geek au néo 50’s en passant par le freak folk) qui payent leur entrée pour danser et écouter de la musique au lieu de tapiner. Ce soir, c’est pour voir Glass Candy qu’ils se sont déplacés.
Groupe phare du label Italians Do It Better (IDIB) aux cotés des Chromatics, le duo (Ida No et Johnny Jewel, de son vrai nom John Padgett, membre des Chromatics et cofondateur du label avec Mike Simonetti) est le promoteur d’une musique réconciliant, à la manière du Blondie d’Atomic, la froideur électronique de la new wave et la sensualité mécanique de la disco. Dans un show survitaminé qui fait le grand écart entre Gym Tonic et Kraftwerk, Ida prend d’assaut la scène en virevoltant dans tous les sens tandis que Johnny saute, tel Crazy Frog, derrière ses claviers.
CHAMPAGNE AU COIN DU FEU
Point d’orgue de leur set, une reprise aérodynamique du Computer Love des hommes-robots de Düsseldorf. Johnny s’explique : « Ida et moi sommes fans de Kraftwerk depuis toujours. J’ai enregistré sur CD le 45 en 33 et nous avons passé ce morceau en boucle pendant notre précédente tournée. Il est devenu un véritable mantra. L’enregistrement de notre version m’a pris au moins deux semaines, car si Kraftwerk est un groupe minimaliste, leur musique est vraiment complexe. »
Si les productions d’IDIB sont elles aussi minimalistes, ce n’est pas vraiment dans le sens où l’entend l’écurie Kompakt ou Steve Reich. Les chansons des Chromatics sont des ballades synthétiques et sensuelles (« une musique pour boire du champagne au coin du feu », dixit Mike Simonetti), des invitations aux dérives solitaires dans des villes abandonnées. La bande-son rêvée pour se perdre la nuit dans Miami.
MYSTÈRE ET EXCITATION
On retrouve Mike Simonetti qui officie en tant que DJ au PS14, à trois blocks du Studio A. « J’ai toujours, en tant que DJ, aimé passer de la dance music minimaliste et synthétique. Comme beaucoup de ces morceaux ont un tempo très rapide, je les ralentis en les dépitchnant ou en les passant en 33 tours. » Boss du label indé Troubleman Unlimited basé dans le New Jersey et très orienté rock, Mike a décidé de fonder Italians Do It Better pour privilégier les projets dance, « avec une éthique punk, celle du “do it yourself” et de l’honnêteté envers les artistes. Une façon de vivre qui dépasse les préoccupations de style. Si nos disques sortent en vinyles ou en MP3, c’est lié à l’économie du label mais c’est aussi une façon de cultiver un certain mystère. » Mystère qui fonctionne à plein tube tant la blogosphère s’excite sur la moindre sortie du label. Et Night Drive des Chromatics truste déjà la plupart des playlists de fin d’année, alors que l’album est difficilement disponible.
Dans le taxi qui nous ramène à l’hôtel, les images de l’Impasse ressurgissent : au moment où il allait embarquer pour Miami et atteindre enfin son rêve, Carlito est abattu froidement. Sur la civière qui le mène probablement à la morgue, il voit le film de sa vie défiler. La bande-son aurait pu être confiée à IDIB.
CLOVIS GOUX

DARK DISCO, LE TOP 3
VA: «AFTER DARK» (ITALIANS DO IT BETTER)
Parfaite introduction au son IDIB, cette compilation, une des meilleures de l’année passée, présente la plupart des artistes du label : Farah, Mirage, Professor Genius, Glass Candy, Chromatics. Italo, disco, électro, downtempo, «After Dark» revisite ses classiques (Indeep) tout en composant la B.O. de 2008.
CHROMATICS: «NIGHT DRIVE» (ITALIANS DO IT BETTER)
Eminemment atmosphérique, «Night Drive» est une ballade somnambule et romantique qui nous fait voyager entre une reprise de Kate Bush, «Running Up that Hill», et un instrumental minimaliste et anxiogène («Tick of the Clock») dans l’univers sombre de Carpenter et celui, discoïde, de Moroder.
GLASS CANDY: «MISS BROADWAY» (ITALIANS DO IT BETTER)
«Miss Broadway» est le dernier maxi de Glass Candy. Parfaite illustration du groupe (Mike Simonetti: «Music from the Future via 1981»), c’est une reprise du tube italo disco de Belle Epoque, sorti en 1977. La vision rétrofuturiste du label tourne ici à plein régime.

NOS ESPOIRS
MOHINI
Nationalité_ Française.
Antécédents_ Elle chantait sur «Around the War» de Sex in Dallas, hype de l’été 2004. Mais Mohini est partie: « Avec Jean-Marc, qui avait composé l’album, on s’est cassé du groupe et de Berlin. À Paris, on a travaillé ensemble, il m’a tout appris, il m’a même offert ma première groove box sur laquelle j’ai commencé à faire des boucles. Et puis je me suis mise à composer de plus en plus seule. Je fais un peu que ça, tout le temps, sur mon ordinateur. »
L’album à venir_ Mohini n’est toujours pas signée. On peut déjà écouter quatre morceaux sur son site (myspace.com/boumbalo). Les plus beaux: «Paris 2013» et «Mon bac». Elle a en réserve une quinzaine de maquettes sur lesquelles elle bosse. Avec Mirwais ? « On a commencé à travailler sur un de mes titres, on s’est dit qu’on allait peut-être continuer sur d’autres, il est impressionnant. »
Références_ « Depuis deux ans, je n’ai presque rien écouté à part quelques morceaux, “The missing Link” de Donna Regina, “Mimi’s Utilities” de Mimi Magick et puis toujours Kraftwerk, Neil Young…» Les chansons de Mohini, frappées par la désillusion, peuvent renvoyer au Neil Young synthés-vocoder de «Trans» (sorti dans la foulée du «Computer World» de Kraftwerk). Elles sonnent surtout comme du Nico électro. « Ça finit toujours par être un peu dépressif, je ne sais pas pourquoi… »
Avenir_ Justice, c’était un peu « bienvenue dans un monde de brutes ». Mohini va prendre leur place en 2008 en remettant à l’ordre du jour la remarque d’Edgar Allan Poe: « La mélancolie est le plus légitime de tous les tons poétiques. »
L.-H. L. R
VAMPIRE WEEKEND
Naissance_ 2005.
Nationalité_ Américaine (New York).
Membres_ Ezra Koenig (voix, guitare), Rostam Batmanglij (claviers), Chris Baio (basse) et Christopher Tomson (batterie).
Antécédents_ Remarqués pour leurs premières parties, dont celle des Shins à Paris en novembre dernier. Sur scène, Ezra portait des mocassins à glands. Mais le concert était grand.
Titre de l’album à venir_ «Vampire Weekend», en février.
Références_ Ezra: « On ne fait surtout pas de rock, mais de la pop. On ne va quand même pas jouer du blues 70’s ! C’est dans la pop et le hip hop qu’il y a aujourd’hui des innovations. Et c’est primordial de sonner juvénile, enjoué. Après tout, on est plus proches de l’adolescence que de la retraite. » On fait remarquer à Ezra que son album rappelle surtout des groupes indie anglais (Woodentops, Police, Fun Boy Three). Il s’indigne: « Les gens se trompent en associant New York à ces groupes d’une époque révolue (Velvet, Television ou Sonic Youth). Bien sûr, la pop anglaise a toujours été très importante pour moi, mais je suis désolé, ma musique est typiquement new-yorkaise. » Recadrés dans nos mocassins, on réalise que Vampire Weekend s’inscrit en fait dans la filiation qui relie David Byrne au premier album de Clap Your Hands Say Yeah !, des artistes new-yorkais.
Avenir_ En 2006, le New-Yorkais Albert Hammond sortait le meilleur album pop-rock de l’année. L’excellent album de Vampire Weekend est peut-être déjà le «Yours to Keep» de 2008.
L.-H. L. R
Y.A.S
Création_ 2006.
Résidence_ Paris, France.
Qu’est-ce ?_ Le nouveau projet de Mirwais, ex-Taxi Girl, ex-Madonna. Il produit et co-compose, avec une fille énigmatique, Yasmine Hamdan, qui chante.
Sortie de l’album_ Printemps 2008.
Label_ AZ/Universal. Nouvelle signature de Valéry Zeitoun (l’homme derrière le triomphe d’Amy Winehouse en France).
Références_ Kraftwerk, électro futuriste, pop novatrice chantée en arabe. Plus pop que Justice, plus avant-garde que Madonna, plus mystérieuse que les Klaxons, plus ultramoderne que Fairouz.
Les titres_ Tous originaux («Yaspop», «Coït me»…), sauf une reprise («Stayin’ Alive»).
Visuel_ Extrait du clip de «Yaspop», réalisé par Danakil.
Plus d’infos_ www.myspace.com/yaspopmusic et www.myspace.com/mirwais.
Résumé des épisodes précédents_ En 1978, à 17 ans, Mirwais (d’origine italo-afghane) crée Taxi Girl avec Daniel Darc et trois autres têtes brûlées. Un groupe unique, adoré par Nicolas Ker, qui s’impose comme le New Order français. Split en 1987. Mirwais continue en duo avec Juliette («et les Indépendants», deux albums), et en solo (deux albums aussi, le dernier étant «Production», en 2000). C’est lui qui a rebranchisé Madonna à travers ses disques «Music» et «American Life». « On est toujours en contact ».
Avenir_ Y.A.S. va être le premier projet en langue arabe à envahir le sommet des charts anglo-saxons. Electro the casbah !
B. S.
CORRECTO
Nationalité_ Ecossaise (Glasgow).
Membres_ Danny Saunders au chant, Patrick Doyle (des Royal WE) à la basse, Richard Wright à la guitare, et Paul Thomson (Franz Ferdinand) à la batterie.
Titre de l’album à venir_ «Correcto», sortie le 25 février.
Label_ Domino, comme Television Personalities, Franz Ferdinand, Silver Jews, Arctic Monkeys, The Pastels… et White Williams.
Références_ Buzzcocks, Television Personalities, Ray Davies, Sex Pistols, The Smiths.
Ce qu’ils disent_ Danny: « À Glasgow, on a toujours fait de la pop music. Ici, la pop, c’est la folk, c’est-à-dire que c’est la musique que tout le monde écoute, au pub, après une semaine difficile. » Paul: « C’est reposant de bosser sur ce projet, il n’y a pas la pression et l’obligation de perfectionnisme que je ressens avec Franz Ferdinand. Correcto, c’est plus déglingué, et plus cool. »
Avenir_ Enregistrera à la fin de l’année avec Dan Treacy une reprise des Pogues, «Thousands Are Sailing», qui détrônera Franz Ferdinand en haut des charts.
B. S.
MIDNIGHT JUGGERNAUTS
Naissance_ 2004.
Nationalité_ Australienne (Melbourne).
Membres_ Au départ, un duo, Vincent «Vendetta» Juggernaut (synthés et voix), Andy «Streetcrimes» Juggernaut (guitare et voix), rejoints par un batteur, Daniel «Strictmachine» Thunderfist.
Antécédents_ Depuis 2005, ils ont déjà sorti cinq singles, dont «Secrets of the Universe», «45 And Rising» et «Into the Galaxy».
Titre de l’album à venir_ «Dystopia». Le disque est sorti l’été dernier, mais ne sera distribué en France qu’en mars.
Références_ Un mix entre Electric Light Orchestra et Daft Punk, Visage et Patrick Cowley, Gary Numan et Of Montreal, 10cc et Tiga: plus space pop que Justice, plus lourd que les Klaxons. Ils citent ELO, mais aussi les Goblin et le premier Frank Black.
Mais encore_ Justice a élu «Into The Galaxy» meilleur morceau 2007. Les deux groupes viennent de tourner ensemble aux Etats-Unis. « Dans toutes leurs inteviews, Justice nous citent : merci pour la super pub ! »
Avenir_ Va jouer dans des stades l’opéra dance-rock «Electric Light Jean-Michel Jarre».
B. S.
WHITE WILLIAMS
Naissance_ 2005
Nationalité_ Américaine.
Membres_ Le gourou Joe Williams et ses copains Sophia Lamar, Hayes O. Crypt et Antonio Velotta.
Le label_ Tigerbeat6, maison qui abrite Kid606, Dat Politics, Black Dice et les fantastiques Gold Chains.
L’album_«Smoke», déjà disponible en import.
Références qu’il cite_ «Thomas Mapfumo. Arthur Russell. Talking Heads, la chanson “The Heat Goes on”. La Düsseldorf. Laurie Anderson. My Bloody Valentine, “All I Need”. Throbbing Gristle. Kraftwerk. Durutti Column.»
Celles qu’on entend_ Le single «New Violence» mélange chanson pop et rythmique à la Neu ! Le reste de l’album renvoie à d’autres grands artistes : Brian Eno, David Byrne, Ric Ocasek, Was (Not Was) et les meilleurs krautrockers.
Lu dans les médias_« Derrière le maniérisme, on trouve un gars timide, trop timide pour imposer sa volonté : il se contente de rester dans les marges, d’où il observe et commente… Dans ses paroles, Williams a une approche qui rappelle les observations des premiers Roxy Music, une façon très caustique de décrire le glamour de la vie. » («Pitchfork»)
Il l’a dit_« J’ai une passion pour les synthés. Et pour la série de Larry David, “Curb your Enthusiasm” ! »
Avenir_ Joe Williams est un bon camarade de Dan Deacon, la nouvelle vedette électro-cinglée. Mais Joe vient plutôt du rock. Dès 1999, à 15 ans, il jouait en première partie de Black Dice. Il tourne aujourd’hui avec Battles. Issu de cette scène freak folk underground, mais beaucoup plus pop, White Williams peut toucher un public plus large. Il est le rejeton américain de Brian Eno et de Klaus Dinger. Qu’il prenne vite la place de Beck !
L.-H. L. R ET B. S.
I WAS A CUBSCOUT
Naissance_ 2006.
Nationalité_ Anglaise.
Membres_ Duo d’ados de 17 ans, Todd Marriott et William Bowerman (batterie).
Antécédents_ Quatre singles dont «Pink Squares», le meilleur.
Titre de l’album à venir_ « I Want you to Know that There Is Always Hope », en février.
Références_ Leurs singles annoncent un album des Smiths en synthpop 2008. Todd: « On n’était même pas nés lors de l’âge d’or de l’indie pop. Mais on écoute les Smiths. On aime la sensibilité 80’s. »
Avenir_ Traduction de «I Was a Cub Scout» ? J’ai été louveteau. Merde, avec la nouvelle année, Todd espère-t-il hisser des drapeaux toute la sainte journée, passer chef scout et écouter des chorales à la gloire de Baden-Powell ? Il préfère nous conseiller ses groupes préférés. « On a écouté énormément de musique cette année, mais rien de la mode fluo, qui ne nous intéresse pas. Les meilleurs groupes du moment: Pictures, This Town Needs Guns, Lovvers, Lights Action !, Rolo Tomassi, Data Select Party. »
L.-H. L. R.
ZOMBIE ZOMBIE
Naissance_ Après une rétrospective Dario Argento.
Nationalité_ Française.
Membres_ Etienne Jaumet des trop sous-estimés Married Monk (synthés) et Neman de Herman Düne (batterie).
Antécédents_ Un maxi en 2006 et le single « Driving this Road Until Death Sets you Free » remixé par Joakim.
Titre de l’album à venir_ «A Land for Renegades», en mars.
Références_ Silver Apples, Carpenter, Goblin, Suicide mais aussi Iggy Pop dont ils reprennent «Nightclubbing» sur leur album.
Ce qu’il faut savoir sur eux_ Etienne Jaumet a aussi un morceau sur la compilation «Voyage», qui sort sur le label de Turzi. Ils tourneront ensemble en Angleterre en février-mars prochain.
Avenir_ Après Turzi, Zombie Zombie. Place à une grande vague psyché-kraut française ? Etienne : « Je sens effectivement un regain d’intérêt pour la musique psychédélique. Ce serait marrant de voir la France la populariser à nouveau à l’échelle mondiale… Et ce serait un soulagement de voir le style raggamuffin disparaître de la surface de la Terre. »
L.-H. L. R
THE TEENAGERS
Naissance_ 2006. Un soir de beuverie à base de vodka, ils enregistrent «Homecoming». Début septembre, le buzz est lancé. Les maisons de disques s’excitent. Dorian: « En deux semaines, tout s’est emballé, puis on a enchaîné plus d’une soixantaine de concerts. »
Nationalité_ Française. Tous les trois Parisiens d’origine, Dorian et Quentin ont rejoint cette année Michael, expatrié à Londres depuis deux ans.
Membres_ Michael Szpiner (voix), Dorian Dumont (guitare, voix) et Quentin Delafon (basse).
Antécédents_ Trois singles: «Homecoming», «Starlet Johansson», «Fuck Nicole» chez Merok et une flopée de remix pour Air, Au Revoir Simone ou Simian Mobile Disco.
Titre de l’album à venir_ «Reality Check», un disque « au son pop, rock, dance, quelque part entre les Strokes et Kylie Minogue », première production de Lexxx, génial assistant de Spike Stent. Sortie en mars chez XL Recordings.
Références_ M83, Nirvana, Kylie Minogue, The Smashing Pumkins.
Ce qu’il faut savoir sur eux_ Leur single «Starlet Johansson» a été classé septième des charts indie UK et c’est la très hype Kinga Burza, réalisatrice des clips de Kate Nash, qui s’est chargée de mettre en images la narration salace de «Homecoming». La presse british, qui bande fort à l’écoute de leurs textes hédonistes trash, voient en eux des descendants fun de Gainsbourg: « Ils nous appellent le Gallic Sleazy Trio. »
Leur devise_ « Jeunes, on était des geeks pas vraiment populaires. À 25 ans, on est en train de vivre une seconde adolescence, donc on rattrape tout ce qu’on n’a pas vécu. Notre devise ? “Rester ado toute sa vie”. »
Avenir_ Une tournée en 2008 où ils passeront par l’Europe, les States, le Mexique, l’Australie et le Japon. Peut-être la preuve qu’entre les bébés requins et les trentenaires avachis, il existe une autre garde. Ouf.
VINCENT COQUEBERT
THROW ME THE STATUE
Nationalité_ Américaine (Seattle).
Membre_ Scott Reitherman, leader, accompagné de Will Cone, Aaron Goldman, Joe Syverson, Jarred Grimes.
Titre de l’album à venir_ «Moonbeams», sortie le 18 février. Treize chansons produites par Casey Foubert, qui a bossé avec Sufjan Stevens.
Label_ Secretly Canadian, maison qui accueille I Love You But I’ve Chosen Darkness, Jens Lekman, Antony & the Johnsons, The Earlies…
Références_ Comparable à Clap Your Hands Say Yeah, Animal Collective, Arcade Fire, The Shins, Magnetic Fields, et, surtout, au grand Neutral Milk Hotel. Il y a des mélodies, des guitares, des machines, des déraillements et une très belle voix.
Lu dans les médias_ « Des beats électroniques hip et secouants, un arrangement vocal dynamique: Throw Me The Statue est un must pour les fans d’indie » («Filter Magazine»).
Avenir_ Va vendre quarante disques en France mais devenir culte, atterrissant dans des rubrique comme «Quel est le disque ignoré que vous adorez» ?
B. S.
JAKOBÍNARÍNA
Naissance_ 2004.
Nationalité_ Islandais (de Hafnarfjör_ur, ville portuaire réputée pour son festival Viking annuel).
Membres_ Les ados Ágúst Fannar Ásgeirsson (synthés), Björgvin Ingi Pétursson (basse), Gunnar Bergmann (voix), Hallberg Da_i Hallbergsson (guitare), Heimir Gestur Valdimarsson (guitare) et Sigur_ur Möller Sívertsen (batterie).
Titre de l’album à venir_«The First Crusade», déjà dispo en import, sort ce mois-ci.
Références_ S’ils ont des noms imprononçables, leur musique est très identifiable. Ils viennent d’Islande, mais semblent avoir grandi à Manchester: on dirait du Smiths joué vite et fort par les Buzzcocks. Ou même, plus bourrin, par Sham 69, les keupons qui beuglaient «If the Kids are United». « On est obsédé par la pop, mais on écoute aussi beaucoup de musique obscure. »
Ce qu’on cherche dans la musique_ « L’honnêteté et la pureté. »
Avenir_ Mieux qu’un groupe de baby-rockers de plus : ici, c’est plus lourd, plus gras, plus bourré. On pensait tenir le meilleur groupe post-Arctic Monkeys avec The Wombats. Ces derniers risquent de se faire griller par Jakobínarína, the Viking of pop. En Islande, Keupon’s not dead !
L.-H. L. R.