« JAUJA » DE LISANDRO ALONSO

Jauja

Viggo Mortensen et les chevaux, c’est une passion bien connue, c’est aussi devenu une sorte de petit sous-genre attachant. Il y a eu le versant heroic fantasy (les Lord of the Rings, où on lui avait rajouté un cheval absent des bouquins, rien que pour lui), le versant western (Appaloosa), le versant film d’aventures romantique (la course de 5000km dans Hidalgo). Il y a désormais le film de Viggo à cheval art et essai, situé dans un Danemark mystique et primitif, aux confins du rêve, là où passé et futur se mêlent et où les capitaines de cavalerie nordiques se font capitaines de cavalerie nordistes, avec tuniques bleues, peaux rouges et cadres carrés aux coins arrondis, parce que Lisandro Alonso est autant un « installateur » qu’un cinéaste. Pour le metteur en scène argentin, Jauja est un film limite mainstream, qui raconte même une histoire (le Capitaine part à la recherche de sa fille Ingeborg, enlevée par des soldats). Pour Viggo, en revanche, c’est une plongée inattendue dans ce qu’on appelle le cinéma « de recherche. » Pour le spectateur, c’est une forme d’ennui étrange, pas désagréable, presque entêtant, comme des effluves de drogue douce. On en sort avec des images qui restent en tête, des postures splendides et Viggo, là, errant lentement sur son cheval. Dans son élément.

Léonard Haddad

Jauja, de Lisandro Alonso (sortie le 22 avril)