C’est un peu la surprise du chef : le dernier thriller de l’auteur des Rivières pourpres compte parmi les romans mainstream les plus jouissifs de la rentrée. A la fois enquête autour d’un copycat d’un serial killer africain, tragédie familiale et chronique économico-politique sur la Françafrique, l’ambitieux Lontano est un vrai bon page turner haletant qui nous réserve, au passage, quelques scènes bien crades, qui pourraient même inspirer ce diable d’Eli Roth. Entretien.
Depuis quelques années, on a l’impression que le roman noir et le thriller se rapprochent du cinéma d’horreur à tendance gore. Comment l’expliquez-vous ?
Je pense qu’il y a eu un virage dans les années 80 avec les livres de Thomas Harris et de James Ellroy : les tueurs y étaient d’une telle violence qu’ils rejoignaient l’univers des slasher movies. À ce propos, les romans sur les serial-killers sont toujours des livres d’épouvante dans le sens où il s’agit de décrypter la folie du meurtrier à travers les sévices et mutilations qu’il inflige à ses victimes.
Je pense qu’il y a eu un virage dans les années 80 avec les livres de Thomas Harris et de James Ellroy : les tueurs y étaient d’une telle violence qu’ils rejoignaient l’univers des slasher movies. À ce propos, les romans sur les serial-killers sont toujours des livres d’épouvante dans le sens où il s’agit de décrypter la folie du meurtrier à travers les sévices et mutilations qu’il inflige à ses victimes.
Franchement, est-ce qu’il y a quelque chose de jubilatoire à écrire des scènes atroces ?
L’écriture est une catharsis : on écrit toujours sur ce qui nous fait mal. Depuis que je suis enfant, je n’ai jamais pu accepter l’idée du Mal. Je me souviens par exemple de mon choc quand j’ai découvert Nuit et brouillard… Lorsqu’une réalité vous est intolérable, vous êtes tenté de la transformer en objet esthétique, de la « déréaliser », paradoxalement, en source de plaisir.
L’écriture est une catharsis : on écrit toujours sur ce qui nous fait mal. Depuis que je suis enfant, je n’ai jamais pu accepter l’idée du Mal. Je me souviens par exemple de mon choc quand j’ai découvert Nuit et brouillard… Lorsqu’une réalité vous est intolérable, vous êtes tenté de la transformer en objet esthétique, de la « déréaliser », paradoxalement, en source de plaisir.
Dans Lontano, vous nous offrez l’un des tueurs les plus glauques de la littérature française récente, « L’Homme Clou ». Comment l’avez-vous imaginez ?
En découvrant les statues africaines des Yombé, un peuple vivant à l’extrême ouest du Congo. Une exposition était organisée il y a quelques années au musée Branly – j’habite à côté – sur la statuaire du fleuve Congo. Quand j’ai vu ces statues si inquiétantes, j’ai tout de suite eu l’idée d’un homme qui aurait été initié par les féticheurs de là-bas et qui aurait substitué aux statues de bois des vraies femmes.
En découvrant les statues africaines des Yombé, un peuple vivant à l’extrême ouest du Congo. Une exposition était organisée il y a quelques années au musée Branly – j’habite à côté – sur la statuaire du fleuve Congo. Quand j’ai vu ces statues si inquiétantes, j’ai tout de suite eu l’idée d’un homme qui aurait été initié par les féticheurs de là-bas et qui aurait substitué aux statues de bois des vraies femmes.
Entretien Baptiste Liger
Lontano (Albin Michel)
Lontano (Albin Michel)