Jeanne Balibar: «Je sens que vous ramez un peu, là»

De passage à Cannes pour défendre le tordant «Panique au village» dans lequel elle interprète la girlfriend de Cheval, Jeanne Balibar a répondu aux questions de Technikart. A moins qu’on ait répondu aux siennes.

jeanne-balibarDésolé, je finis d’envoyer ce texto. J’ai l’air un peu las comme ça, mais c’est parce que j’ai passé une des pires soirées de ma vie hier soir.

Ici ?
Non, non, à Paris j’étais à un concert et c’était tout simplement atroce.

C’était quel groupe ?
Vous plaisantez, je ne vais pas vous dire le nom quand même. Mais, après ca, on s’est dit, avec mon petit ami, qu’on allait finalement changer de métier. Vous n’avez pas envie de changer de métier, vous ?

Euh…
Vous n’avez pas encore vraiment de métier, peut être.

Voilà. Vous étiez fan de «Panique au village» avant de participer à son adaptation ciné ?
Ouais

Et c’est Patar et Aubier qui sont venus vous chercher ?

Ouais, ouais c’est eux… Et évidemment j’étais très flattée. Puisque je regardais les épisodes en boucle avec mes enfants.

Ils comprennent quelque chose à cet humour les enfants ?
Mais oui, évidemment. Ce n’est pas parce que tout repose sur le non-sens qu’ils vont être largués. Au contraire, ils ont un rapport à l’absurde qui est beaucoup plus évident que le nôtre.

Ce qui est frappant dans le film, c’est de constater combien votre voix dégage de sensualité…
Je ne vois pas ce qu’il y a d’étonnant la dedans, c’est tout ce qu’il y a plus de naturel. Intéressez-vous un peu plus à moi à «Technikart», vous verrez. Dites, je sens que vous ramez un peu pour vos questions, là. Je ne vous intimide pas quand même ?

Ah non, juste que je n’étais même pas au courant de votre présence et encore moins du fait que j’allais vous interviewer. La fatigue aidant, j’ai un peu de mal à improviser.
Ce n’est pas grave, parlons d’autre chose que le film alors. Tiens, vous n’avez pas répondu à ma question: quel métier auriez vous rêvé de faire ?

Euh, cinéaste probablement…
Oh non, j’espérais une réponse un peu plus inventive quand même. Du style «explorer des fonds marins».

Les films que vous avez vus ici, alors ?
Vous ne seriez pas un peu toujours bloqué sur la même obsession ? En fait, je n’ai rien vu puisque je suis arrivée ce matin. Mais j’avais fait un passage éclair vendredi pour venir présenter «Ne change rien» de Pedro Costa. Très beau film… Et je vois à votre regard que vous n’en avez absolument pas entendu parler. Vous voyez que vous ne faites pas attention à moi dans votre journal.

Jeanne, je n’ai rien contre vous. C’est juste que j’oublie d’aller voir les films français en salle, et du coup…
Vous savez que Pedro Costa est portugais, n’est-ce pas ?

Euh… Non, oui. En fait, ce que je voulais dire…
Je vous taquine, ça n’a aucune importance. Sinon, y a encore des films qui font envie à ce stade ?

Le Gaspar Noé…
Ah non, pas ça !

«Panique au village»: sortie en octobre.
Entretien François Grelet