La jeune influenceuse Holycamille gagne-t-elle toujours plus en une semaine que ton père PDG en un an ?

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Qui l’eût cru ? Née en 1990 près de Trappes, Camille Farrugia grandit chez ses parents, c’est l’enfance Wanadoo, elle passe ses 2h d’ADSL par jour sur MSN. Puis Skyblog, Myspace, Twitter, et enfin Instagram. Quand elle se fait virer de son dernier job en 2016, “Holycamille” a déjà 15k sur son réseau (15 000 personnes qui la suivent). Aujourd’hui, Camille, 28 ans, est une macro-influenceuse (avec de 100 000 à 1 000 000 de followers, et un taux d’engagement deux fois plus important que celui des Méga qui ont plus d’un million de followers, avec un faible taux d’engagement). 103k et des contrats avec de grandes marques : Nike, Footlocker, Courir, OnePiece, Sarenza… On l’a rencontrée, pour savoir si en 2018, ça vaut toujours le coût d’être influenceuse.

Camille, toi qui a évité le chômage en devenant influenceuse, peux-tu nous expliquer comment faire ?
Holycamille : Je ne suis pas dans la stratégie, je fais une photo et ça s’arrête là. Prends la bouffe par exemple, ça marche tout le temps, je ne sais pas pourquoi. Les gens sont obsédés par le hashtag #food. La plupart du temps je suis photographiée par mes potes, à l’iPhone. “Je me mets là, tu fais ça” et c’est plié. Il n’y a aucune réflexion, aucune stratégie derrière mes posts. Ca pourrait être beaucoup plus chiadé que ça, mais ça ne me ressemble pas.

Tu es évaluée selon le nombre de like, repost ?
Non, aujourd’hui les marques ont bien compris que si elles contactent quelqu’un, c’est surtout pour son univers et son style.

Depuis tes débuts en 2016, tu constates des changements ?
Je n’en vois pas, j’ai toujours fonctionné de la même manière et pour moi rien n’a changé. Mais je sais que maintenant beaucoup plus de marques veulent bosser avec les micro-influenceurs (de 10 000 à 100 000 followers qui ont un taux d’engagement trois fois plus important que celui des Méga). Parce que maintenant, plus on a de followers, plus on demande de l’argent. Pendant des années, ils ont profité du fait qu’il y avait pleins d’influenceurs qui travaillaient pour rien ou peu d’argent et aujourd’hui on a compris le filon, on sait très bien que ça coûte de l’argent. Les marques n’ont pas envie de mettre la main à la poche, aucune envie de dépenser les mêmes sommes qu’elles mettaient dans les campagnes publicitaires fût un temps. 

Les influenceurs font la nouvelle pub ?
Oui absolument, les marques se font une marge énorme en prenant des influenceurs, et on est au plus proche du consommateur.

Tu n’as jamais vu d’évolution dans ce que tu faisais, ce qu’on te demandait ?
Si, par rapport à mes prix. Aujourd’hui les marques préfèreraient que je les mettent en avant en story plutôt qu’en post : que ce soit pour le budget ou le revenu, le rendu. Une story va être vue entre 45 000 et  60 000 fois et un post on est jamais vraiment sûr, il y en a qui peuvent exploser à 8 000, 9 000, 10 000 likes et il y en a qui restent à 4 000, sans explication. Avec les nouveaux algorithmes, on a vu nos likes considérablement baisser. Aujourd’hui, je fais autant de likes que quand j’avais 25k. 

Ça ne marche plus trop sur les réseaux ?
Tout est calculé. Si on poste deux photos sur une journée, il n’y en a qu’une qui va être postée dans le feed. Je pourrais sponsoriser, mais je ne l’ai jamais fait. Aucune envie de payer pour un système qui est censé être naturel. C’est un réseau social, je ne vois pas pourquoi quand je poste ma communauté ne me verrait pas, c’est insensé. 

Tu gagnes combien ?
Je ne peux pas quantifier. Sans compter les marques qui ne payent pas, ou très en retard. Il n’y a que ça. Je suis ne suis payée que 3% du temps, en temps et en heure. Je cours sans arrêt après mon argent.

Albane Chauvac Liao