Le meilleur festoche d’Europe est tchèque et c’est Colours of Ostrava

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Lancé en 2001, le plus grand festival de République Tchèque est en passe de s’imposer sur la carte des plus chouettes raouts musicaux d’Europe.

tile-vitkovice-(1)Cet été, deux choix s’offrent à vous. Vous rendre à l’un des grands festivals hexagonaux. Payer votre pass une blinde. Et vos bières deux yeux. Pour vous retrouver encerclé par un ramassis de punks à furets et de dreadeuses gluten free en train d’applaudir, mollement, Mickey 3D. Ou bien, vous les prendre à deux mains et mettre le cap à l’est, histoire de siffler des mousses à un roro en compagnie de slaves hipster ayant fait péter le mini-short. Choisis ton camp camarade. J’entends déjà ceux qui, préférant étrangement la seconde option, répondront d’un ton blasé : « Mais oui, on connaît, le Sziget à Budapest ». Et ben non. Ça vous apprendra à vous la péter tiens. Surpeuplé, surfait, le Sziget. Over. Les Hongrois n’en peuvent plus des hordes d’alcooliques en tongs qui viennent ravager leur capitale. Ils préfèrent encore les migrants. Non, le festival qui monte, celui où vous devriez vous rendre fissa avant qu’il ne soit victime de son succès et finisse par inviter Yannick Noah, a lieu à Ostrava, en République Tchèque. Interlude histoire-géo : située à 350 kilomètres de Prague et à une dizaine de kilomètres de la Pologne, Ostrava a longtemps été surnommée le « cœur d’acier » du pays. De la fin du XVIIème siècle jusqu’au début des années 2000, l’industrie métallurgique régnait en effet en maître ici. Mais, acculée par la crise du secteur, la ville s’est vu contrainte d’entreprendre une spectaculaire reconversion, dont Colours est le fer de lance (jeu de mot).

FOTKY-CZT-YOUNG-4x3-SDolni Vitkovice, l’immense site sidérurgique désaffecté situé à quelques kilomètres du centre offre un cadre rétro-futuriste incroyable au festival. Un puzzle de tours, de tubes et d’escaliers, à mi-chemin entre Jules Verne, Tarkovski et Total Recall, et dont le soleil magnifie les teintes ocres tout au long de la journée. La nuit tombée, des éclairages très étudiés, les Colours éponymes, prennent le relais, plongeant le site dans une atmosphère plus fantastique encore. Un « beton » à la main, mélange de Becherovka, sorte de Suze local, et de tonic, on contemple la jeunesse européenne se trémousser désinvoltement et à moitié nu là où tant d’hommes, des vrais, ont trimé à mort. Littéralement. La fumée des pétards et des fumigènes a remplacé celle des hauts-fourneaux. Le boum boum de l’electro celui des marteaux… Le second beton éclusé, on finit par se dire qu’il est sans doute préférable de ne pas lire Philippe Murray avant de sortir.

Prix modique (pass 4 jours à 100 euros), site hallucinant, tout cela ne serait rien sans une programmation à la hauteur. Et celle du Colours l’est, n’ayant rien à envier au plus gros festival européen. Pas moins de 300 concerts répartis sur une dizaine de scènes. Les dernières éditions ont ainsi vu défiler Bobby McFerrin, les Flaming Lips, les XX, MGMT, Robert Plant, Bjork, Iggy Pop… et le cru 2016 comptera entre autres Tame Impala, Boys Noize et Erol Alkan.

Au delà du programme cependant, c’est vraiment l’ambiance qui y règne qui fait le charme de Colours. Bon enfant, zen, positive, sans prise de tête. A mille lieux des embrouilles de bourrachos et de l’enthousiasme forcé de certains festivals. (Peut-être parce que la jeunesse d’ici n’est pas encore totalement rongée par l’affreux capitalisme décadent ?) On s’y baigne, on y joue au ping pong, on y sieste, on y prend des cours de danse ou de yoga, on s’y fait tatouer, on y parle avec des gens qui croient aux elfes, peinards. Et sans jamais être pressuré par la foule. Niveau bouffe aussi, on est loin des vilains sandwichs souvent proposés en festival et obtenus après une heure de queue. Une centaine de stands proposent des plats délicieux et roboratifs (cuisine tchèque oblige) pour presque rien. Et si Colours ne vous a pas rassasié, sur les coups de deux heures, la rue Stodolni, l’artère la plus chaude de la ville réputée être la plus fêtarde de Tchéquie, ses dizaines de bars et de clubs, sera toujours là pour finir le boulot !

foto-2Colours of Ostrava : du 14 au 17 juillet 2016
http://www.colours.cz/

Y aller : avec Smartwings. A/R à partir de 160 euros
http://www.smartwings.com/fr/

Préparer son voyage avec l’Office National Tchèque de Tourisme
http://www.czechtourism.com/fr/home/
01 53 73 00 32

 

SEBASTIEN BARDOS