Magie noire dans la banlieue parisienne

Capture d’écran 2015-06-25 à 18.29.59

Chaque mois, dans une baraque de la banlieue parisienne se tiennent des sabbats (avec orgies et masques) et des rites de sorcellerie organisés par un couple de Wiccans turcs. Notre reporter, parce qu’il ressemble à Raspoutine, y a été invité. Voici son témoignage.

J’ai une imagination ancrée dans le réel. Je n’ai jamais été intéressé par le spirituel à la mode ou tout ce qui est sci-fi ou fantastique – Star Trek et Harry Potter m’ont toujours emmerdé au plus haut point. En gros, j’ai un goût qui me donne parfois l’impression d’être stigmatisé dans une société de plus en plus nerd et fan de teen movies. Mais alors, quand j’ai entendu des histoires de Wiccans, ces adeptes de «l’Ancienne religion », qui ont évolué en prêtres de la magie noire, j’ai tout de suite étiré les fissures de mon esprit pour laisser passer l’occultisme. Je comparerais ce dérivé hardcore du mouvement Wicca au métal : une ambiance noire, avec quelque chose qui terrasse, pétrifie, et qui réveille de vieilles peurs et des fantasmes insondables.

C’était il y a quelques semaines lors d’une soirée chez des amis turcs installés dans le centre de Paris. C’est un couple axé magie, et surtout magie noire – la magie blanche n’existant pas. J’étais en train de vider une bière tout en m’emparant d’un verre rempli de whisky, Duygu, l’organisatrice de la soirée, m’a montré un magazine turc de 1964 qui avait fait un reportage approfondi sur la Wicca et plus particulièrement le xandrianisme, une tradition wiccane fondée par Alex Sanders et sa femme Maxine. La Wicca est un mouvement religieux basé sur la sorcellerie – le terme « wicca » vient de « witchcraft » – créé au milieu du XX ème siècle par Gerald Gardner. Il s’inscrit dans la mouvance européenne du néopaganisme et inclut principalement des éléments de croyances comme le chamanisme et le druidisme. Initialement, les Wiccans prônaient un culte envers la nature et s’adonaient à la magie, mais parallèlement aux structures initiatiques issues de la lignée des Sanders, d’autres mouvances wiccanes ont évolué en dehors de toute initiation formelle. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui leurs croyances et leurs pratiques cérémoniales divergent considérablement suivant les d’individus qui composent le groupe. La taille réelle du mouvement est inconnue parce qu’une part importante des Wiccans pratiquent en secret par crainte des discriminations, et souvent chez eux – un mouvement appelé la « Wicca de salon ». C’est le cas de ceux que j’ai croisés à cette soirée dédiée à leur sabbat. Je déambulais de groupe en groupe, et tout le monde me parlait de leur propre idéologie wiccane. Moi je n’y connaissais rien, mais leurs histoires m’intriguaient. J’étais entouré d’une majorité d’enthousiastes et de quelques réacs qui affirmait que «cette religion , c’était mieux avant » car plus spirituelle et plus naturelle. J’approuvais toujours le discours, qu’il soit positif ou négatif. J’écoutais en hochant la tête en signe d’adhésion au discours. En fait, j’étais seulement venu pour boire un coup, je n’étais pas là pour me lancer dans la politique ou la morale wiccane.

Capture d’écran 2015-06-25 à 18.27.58
En me tendant le magazine, Duygu me disait assez fièrement qu’elle avait participé à des rites comme ceux que je voyais sur la page qu’elle me montrait avec son index : une orgie mêlée à de la magie. Je hôchais la tête encore une fois pour lui montrer que j’approuvais. Elle me disait que ceux qui organisaient ces rites à Paris étaient présents. Il s’agissait d’un couple de Turcs qui avait lancé leur propre version de la Wicca en changeant quelques concepts «trop soft». Elle les avait invités et voulait me les présenter. Ils formaient une sorte de couple prophète du Skyclad parisien – le nom donné à la pratique de rituels nus dans la Wicca, où les rituels sont réalisés avec des participants «vêtus que de ciel». Ils étaient dans la cuisine. J’y suis allé pour écouter les histoires les plus dingues de la soirée. Ils en avaient effectivement quelques unes. Ensuite, on a discuté assez longuement – mais c’était plus des laïus de soirées que des discussions poussées. J’ai enfilé mon verre de whisky et je me suis resservis du rhum – j’avais essayé la plupart des alcools et tout ça sur un estomac vide, et à trois heures du matin j’ai décidé de rentrer.

La suite dans Technikart#192 !
                                                                                                                              Félix Macherez