Mais qui sont tous ces gens ?

Depuis six ans, Eric Dahan tient la barre de « Nuits Blanches », la chronique mondaine trash de « Libération ». Revue de troupe de la vraie jet-set.

… Eric Dahan 
Analyste incontournable de la jet-set, c’est lui qui décide ou non d’immortaliser une soirée en la mentionnant dans sa chronique «Nuits blanches», de «Libération». Depuis 1994, il a repris le créneau resté orphelin après la mort du génial Alain Pacadis. Eric, lui, est hétéro et ne prend pas d’héro. Il fréquente pourtant les milieux gays et parle volontiers de la sexualité déviante de ses amis/personnages. C’est la dernière caution libertaire libertine du quotidien de Serge July.

… Emmanuel S
Ex-percussionniste aux soirées d’Homero, DJ et organisateur de soirées, Emmanuel S s’est fait remarquer en rouvrant le Royal Mondétour aux Halles. L’ancien rendez-vous branché des 80’s ainsi devenu celui de la hype house le temps d’une saison. Il a ensuite lancé les soirées «Plaza Club» aux Bains, que l’on retrouvera chez Maxim’s à la rentrée. Cet ami de Dahan n’échangerait pour rien au monde sa présence dans les «Nuits blanches» et vit à fond son idéal de délire dans la distinction, de chic destroy et de gay antighetto.

… Marc Lamour
Signe particulier une bite 22 x 16 et un style de drague un peu traumatisant: «La queue, n’oublie pas la queue !», lance-t-il à la ronde en plein St Germain des folles (la rue des Archives). Gay libéré, il raconte par le menu ses ébats amoureux, mélangeant le côté fleur bleue et le trash crade. Gamin de Neuilly adepte du bois de Boulogne, cet ancien mannequin est devenu booker chez Elite après un tour chez Versace. Entre la mode et les virées, Marc recherche l’amant idéal, son « Chevalier Blanc ».

… Le Serpent
Personnage le plus présent en ce moment. Maigre, voire neurasthénique, cet ancien mannequin de PH One s’est lancé dans les jeux vidéo. Dahan l’a surnommé «le Serpent» d’après son année de naissance dans le calendrier chinois, 1977, mais aussi parce que, chez lui, tout est reptilien. Même sa voiture, une Romeo 1750 dont le logo représente un serpent dévorant un infidèle. Caractéristiques: il aime les belles choses, les filles, les garçons, les villas avec piscine et les dîners en ville.

… Aurore
Fille de notables belges, Aurore était l’ex-fiancée de Charles Shillings avant de plonger dans les bras d’Ivan Smagghe, le pape de la branchitude parisienne. Propulsée sur le devant de la scène par la chronique et les photos de Dahan, elle est devenue une véritable figure de la nui. Bras droit du couturier Pierre Balmain, elle adopte elle même un style androgyne néohippy, un peu comme ses grandes copines Fred Sathal et Vigo. Le reste du temps, elle se met aux platines et mixe un son house funky et joyeux.

… Le Casanova des blocs opératoires
Chirurgien esthétique de profession, le Casanova est un des rares hétéros de la chronique, obsédé par Rainer Maria Rilke, Michel Tournier, la musique classique et l’anus des femmes. Jouisseur invétéré, il est l’inventeur du concept de sodomie baroque. Libertin façon XVIIIe siècle, malgré un penchant matérialiste sadien, le Casanova s’est rangé depuis qu’il a rencontré Sabine d’Autriche. Il est donc mort et enterré pour la chronique mais rebaptisé «Bras droit d’Abraxas», d’après Herman Hesse.

… Homéro
Au coeur de la jet-set pure et dure, Homéro est l’un des mondains les plus importants de Paris. Découvert au Brésil par Ursula Anders, il s’est spécialisé dans les fêtes underground pour têtes couronnées. Il est à l’origine du bal du jeudi chez Ledoyen, le restaurant très chic avec parc et jets d’eau qui sert justement de décor au film «Jet Set». Dans «Nuits blanches», cet homme de grande classe est le lien entre les aristos et les branchés d’autant qu’il se montre intarissable sur tous les potins du milieu.

… Emmanuel de Brantes 
Chroniqueur mondain du magazine «Vogue» mais surtout co-auteur du film «Jet Set» dans lequel Lambert Wilson tient son rôle. Issu de la famille des Giscard d’Estaing, bon pote d’Ira de Furstemberg et de Rose de Ganay il était la personne indiquée pour écrire sur ce sujet. Malgré s excellentes fréquentations, il a viré peu à peu dans le trash façon John Waters. Pour preuve, la mise à sac d’une suite du Martinez à Cannes après l’avoir transformée en salle de réception avec… Eric Dahan.

… Fabou
Dans «Nuits blanches», Fabou est une des dernières créatures apparues, devenue peu à peu l’égérie de la bande de potes de Dahan. Femme de séduction totalement libérée, elle a passé quelques années dans les peep shows, avant de déshabiller son corps de rêve pour les stripteases endiablés des soirées «White Beach». «Fabou est généreuse, positive, et extrêmement attachante», témoigne Dahan, qui ne peut s’empêcher de rappeler le jour où il lui a présenté Mick Jagger, dont elle n’avait jamais.., entendu parler.

… Beverly
Américaine de Boston à la beauté inaccessible et sophistiquée qui a fait fondre littéralement Dahan alors qu’elle sortait avec Dolph Lundgren de … «Rocky IV» (!). Fasciné, Eric parvient à ses fins et s’en trouve aujourd’hui très heureux. «C’est mon idéal de femme, un peu comme Faye Dunaway dans China Town», explique-t-il. Elle intervient parfois dans la chronique, comme quand elle juge «Glamorama» «tout juste bon pour les lectrices du «National Inquirer», avec son cocktail de gore et de célébrités».

… Funky Julien
Le petit Julien, grapheur de son état, est devenu la coqueluche du Royal Mondétour, une sorte de Jean-Michel Basquiat blanc de la bande à Dahan. A partir de son surnom, il a lancé les «punky teeshirts», vendus 900 FF chez Colette. Avec ses jeans serrés, ses colliers de chien et son style néokepon, il s’est imposé comme arbitre de l’élégance masculine. Maqué avec Fred Sathal, ils ont tous les deux quitté Paris pour s’installer à Venice Beach (Californie).

… Bitchy José
C’est lui qui a réussi à transformer le Gibus punk en club house-techno branché. Avec les fêtes «Nuit blanche», du nom de la chronique, il a lancé un style de soirées qui se barraient en couille dans une ambiance de décadence grandiose baignée de champagne. Claude Montana, Elodie Bouchez ou encore Thierry Mugler, accouraient à la «meilleure fête de ces cinq dernières années», selon Dahan. José transporte aujourd’hui son concept en province avec une armée de drag queens extrêmes pour des soirées « White Beach» torrides.

Par Alexandre Lazerges