Nicolas Duvauchelle ne veut plus parler de ses tatouages

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Le bad-boy de Braquo revient avec l’adaptation ciné du Combat ordinaire de Manu Larcenet. L’occasion pour notre journaliste d’aller le titiller sur le sujet qui lui tenait le plus à cœur. Ses fleurs de bagne.

 

Bonjour Nicolas. Dans ton nouveau film, tes tatouages sont plus présents à l’écran que dans les précédents, non? Est-ce pour cela que tu as accepté ce rôle?
Nicolas Duvauchelle: Ah ouais ? Enfin, j’ai des tee-shirts longs quand même! On ne les voit pas tant que ça, si ?

Ben… Y a la scène du lac quand tu sors de l’eau, celles où tu es chez toi réveillé par la factrice, il y a aussi les autres scènes au lit… Je m’arrête là ?
Mouais… (soupir.) De toute façon, ils sont là, alors il faut faire avec. C’est un truc de jeunesse ces tatouages. Tu vois, j’ai fait le premier à 18 ans, en 1998, pour mon premier rôle dans Le Petit Voleur d’Érick Zonca. C’était à Marseille, chez Maya. Je me suis fait tatouer « Straight Edge » sur le dos, histoire d’arrêter de boire et de fumer. Bon, ça n’a pas trop marché (Rires.) Et après j’en ai fait d’autres, à Paris, ceux sur le bras, mais j’ai arrêté. Le dernier date de 2002.

Et on t’a déjà refusé des rôles à cause de tes tatouages ?
Je ne sais pas, mais j’imagine que oui. Enfin, ils ne me précisaient pas explicitement que c’était la cause principale. C’était fait de manière un peu plus diplomatique.

Mark Wahlberg a effacé les siens, 50 Cent est en train de faire pareil pour son prochain rôle…
Et ? (Il s’agace.) Mais de toute façon, je ne les retirerai pas. Quand tu te fais détatouer au laser, on voit ton ancien tatouage au négatif. En plus, sur mon bras, ce sont des motifs colorés, ce serait encore pire. Bon, on peut parler d’autre chose que de mes tatouages ?

Bon, si ce n’est pas pour les tatouages, c’est pour le personnage que tu as accepté le rôle?
Je l’ai plutôt accepté parce que c’était un rôle beaucoup plus mature que tous mes précédents. Il y avait un vrai travail sur soi, je ne jouais pas simplement le petit caïd. Le personnage est tourmenté, il recherche une paix intérieure, il est angoissé.

Tu es quelqu’un d’angoissé ?
Non, mais tu ne crois pas si bien dire: ce personnage me ressemble un peu quand même. Pas dépressif, mais assez nerveux. J’ai ce côté un peu impulsif aussi qu’on retrouve par moments dans le film. Cela dit, c’était un bon moment ce tournage.

Pourquoi ? Pour l’équipe ? Le lieu ?
Pour tout. Ça changeait des tournages parisiens, un peu bobo, où tout le monde reste de son côté, pas vraiment dedans tout en se prenant la tête sur des problèmes relationnels. Tu vois le genre? On avait une vraiment une bonne équipe  : pas de crise, pas de concurrence… On a passé deux mois tous ensemble, dans le même village, ça crée des liens. Boire des coups ensemble, manger ensemble, prendre son petit-déj… Ça rend un tournage différent de ceux qu’on tourne à Paris.

Mais tu es un Parisien, non?
Non mais attends, je ne critique pas les bobos ou les Parisiens là, mais c’est moins authentique quoi. Je suis né à Paris mais mes parents viennent de province, et j’ai vécu à Amiens pendant six ans. Donc la province, je connais. C’était aussi une des volontés de Laurent Tuel (réalisateur du film, ndlr.) de retrouver ce côté provincial pour mon rôle. Et puis mon oncle travaillait en Normandie aussi, dans des docks, ça m’a rappelé pas mal de souvenirs. Les scènes où Marco va photographier le chantier naval, c’était une vraie belle expérience: les mecs étaient hyper-contents qu’on vienne les filmer, un peu comme dans le scénario du reste.

Et c’est la première fois que tu as le rôle principal d’un film?
Ouais. Quand je pense qu’à la base je ne pensais même pas être acteur, je faisais surtout de la boxe thaï…

D’où les tatouages ?
Non, pas du tout, j’en n’avais même pas à l’époque.

Bon, en fait tu n’aimes pas en parler ?
Ouais, non, ce n’est pas ça (rire gêné.) Mais c’est surtout qu’on me pose tout le temps les mêmes questions du genre « le visage d’ange aux corps tatoué » Mes tatouages, ils sont indélébiles alors faut faire avec. Tu vois les maquilleuses, y en a pas mal qui ont dû me détester pour avoir passé des heures à les masquer. Et les journalistes, encore là-dessus.

 

Le Combat ordinaire de Laurent Tuel, en salles
Entretien Alice Froussard