NICOLAS SARKOZY – Les derniers jours de Sarkozy ?

La peur de ne plus être aimé, les absences de Carla, le mai des étudiants, les grands médias qui le lâchent, François Fillon qui se présente, Jean-Luc Mélenchon qui le sauve… La route qui mènera Nicolas Sarkozy au dernier week-end avant l’élection de 2012 est semée d’embûches. On a tout imaginé pour lui.

Septembre 2010
«SARKOZY M’A DIT: “J’AI PEUR DE MOI-MÊME”»
Sept. 201 Avec «le Pouvoir et la Peur», Marie-Eve Malouines, journaliste politique à France Info, signe l’un des meilleurs livres sur le président. «Si Nicolas Sarkozy veut aller toujours plus haut, c’est parce qu’il a peur», nous dit-elle. Ah… Mais encore ?
MARIE-EVE MALOUINES, QUELLES SONT LES PEURS QUE LE POUVOIR N’A PAS RÉUSSI À APAISER CHEZ LE PRÉSIDENT ?
D’abord, la sienne. Il voulait le pouvoir pour se rassurer, ne plus avoir peur de rien, être le premier en France, celui qui ne craint personne. Et comme c’est arrivé au moment où son couple avec Cécilia s’est effondré, ça ne l’a pas rassuré du tout. Le pouvoir lui-même ne l’a pas mis en confiance. Mais c’est peut-être un peu en train de changer. On ne va pas tarder à savoir s’il compte exercer vraiment le pouvoir ou s’en servir comme une compensation.
DE QUOI AURAIT-IL TOUJOURS PEUR AUJOURD’HUI ?
De la trahison.
PARCE QUE C’EST UN EXPERT EN LA MATIÈRE ?
Un peu, parce que lui-même l’a pratiquée. Mais ça se pratique beaucoup en politique et ça finit par donner ce système où il ne fait confiance à personne et ne délègue rien. Il a peur aussi du changement. On le voit avec le remaniement ministériel qu’on attend depuis déjà… neuf mois ! On sent bien qu’à chaque fois, ça ne vient pas parce qu’il ne veut pas changer.
IL Y A UNE CITATION EXTRAORDINAIRE DE SARKOZY DANS VOTRE LIVRE: «J’AI PEUR DE MOI-MÊME»…
C’est ce qu’il m’a confirmé en personne. Le pouvoir est une addiction dont il est très conscient. Il a sincèrement limité le quinquennat à deux mandats pour s’en prémunir, lui et les autres. Et c’est ça qui est passionnant chez lui: sa lucidité sur sa propre personne. Même si, dans les faits, ça ne change pas grand-chose à sa façon d’agir.
VA-T-IL SE REPRÉSENTER POUR TROMPER SA PEUR ?
Oui. Si Sarkozy est candidat, ce sera par peur d’être déconsidéré, qu’on dise de lui qu’il a peur et que sa peur se voie. J’ai même la conviction personnelle qu’il se représentera, parce qu’il ne veut pas qu’on puisse penser qu’il ne se représente pas par peur d’être battu. Et puis, il se sent bien dans le combat: c’est là qu’il n’a plus peur.
A-T-IL PEUR D’ÊTRE ABANDONNÉ PAR SES PROCHES: LE PREMIER CERCLE, SON ÉPOUSE ?
Je pense qu’il se méfie de ses fidèles comme eux se méfient de lui. D’abord, parce qu’il a déjà été abandonné par celle qu’il avait de plus cher, Cécilia. Ensuite, parce qu’il a exilé tous ses proches à un moment ou à une autre à cause de Cécilia. Eux ont senti le vent du boulet comme lui connaît la blessure de l’abandon. A commencer par celle du père. Quant à son couple, c’est une image médiatique totalement maîtrisée : personne ne peut prétendre connaître la réalité de leur vie privée, à part ceux qui n’en parleront jamais.
A-T-IL PEUR DES FRANÇAIS ?
Un peu. On ne le voit jamais vraiment au contact des gens, on sent qu’il aime bien avoir des gardes du corps autour de lui. Et quand il sert des mains, c’est mécanique. Il n’aime pas la foule. Il aime séduire et convaincre, d’accord, mais dans son bureau, pas au salon de l’agriculture.
VOUS UTILISEZ UNE IMAGE TERRIBLE POUR ILLUSTRER SA PEUR DE L’ABANDON: CELLE DU FUTUR PRÉSIDENT, ALORS ENFANT, ATTENDANT JUSQU’À PAS D’HEURE SA MÈRE EN HAUT D’UN ESCALIER…
Mais c’est terrible parce que ça touche l’enfant qu’on est tous. Imaginez, par exemple, le niveau de souffrance de sa relation avec son père. Enfin président, il tutoie les grands de ce monde. Et tout ça pourquoi ? Pour que son père publie un livre pour raconter que sa mère n’était pas vierge ! Il y a des types qu’on ne souhaite à personne comme papa.
PEUT-IL ÊTRE RÉÉLU PARCE QU’IL A PEUR ?
Chez lui, il y a deux moteurs : la peur et ce que lui apprend sa mère pour dominer sa peur. Et il n’est heureux que dans la bataille et la conquête du pouvoir, peut-être encore plus que Chirac. Dans son entourage, vu les difficultés de la réforme des retraites, on commence vraiment à se dire : « Bon, vivement la campagne ! Et là, il gagnera. »
«LE POUVOIR ET LA PEUR» (STOCK. 240 PAGES. 18,50 €).
ENTRETIEN OLIVIER MALNUIT

Décembre 2010
UN RÉVEILLON SANS CARLA
Le réveillon, c’est l’enfer. Mais encore plus quand on vous déteste et que ceux qu’on aime sont aux abonnés absents. La preuve ce 31 décembre 2010.
Ce matin, Nicolas Sarkozy ne s’est pas rasé. Et depuis qu’il est arrivé au Bistrot de la Muette, il n’a pas desserré les dents, ni touché à son plat. Il est rivé à son iPhone 4. Il est bientôt minuit. Carla n’est pas venue alors que c’était son idée: fêter le nouvel an « à côté de la maison » avec « les vrais amis ».
Autour de la table, Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre, Claude Guéant, Henri Guaino, Frank Louvrier et Christian Estrosi. Eric Woerth n’a pas été invité. Xavier Bertrand a eu un empêchement. Plus qu’une poignée de minutes avant 2011. Et ce réveillon tourne au désastre. Il faut dire que le cœur n’est pas à la fête. Le Monde a donné le signal de la curée médiatique après la déposition à la barre de Claire Thibout, l’ex-comptable des Bettencourt. C’est un Sarkozy atone qui préside le G20. On n’y entend qu’Obama. Résultat : la cote de popularité du président est encore plus basse qu’en octobre 2010. Le dernier baromètre Ifop-JDD le crédite de 21% d’opinions favorables. Un point de moins que Mitterrand à son étiage.
COMME CHIRAC ?
Le PS est en ordre de marche. Face au candidat socialiste, quel qu’il soit, Nicolas Sarkozy est donné perdant. Il ne l’emporterait au second tour que face à Ségolène Royal. Pire: c’est au sein de sa propre majorité qu’il est le plus contesté. Fillon, Villepin et Copé sont en contact – les services l’ont confirmé. Xavier Bertrand, lui-même, se fait sibyllin : « L’UMP investira le meilleur candidat de la droite. Il reviendra aux militants de choisir. » Ironie de l’histoire : Sarkozy s’apprête à subir ce qu’il a fait endurer à Chirac. Mais ce soir, il n’y pense pas. Il n’a pas vu Carla de la journée. Envolée.
Elle a fini par lui envoyer un texto à 22h00 : « Mon amoureux, j’avais besoin de NY, soif d’horizon, amuse-toi bien, je reviens très vite. Ton amoureuse qui t’a trouvé si beau à la télévision. » Depuis, il la bombarde de messages. « Bonne année ! » Frédéric Lefebvre s’est dressé, un verre à la main. Il est minuit. « A 2012 ! », ajoute-t-il. « Ta gueule, Frédéric ! » Ce sont les premiers mots prononcés par le président en 2011.
ANTOINE BUÉNO

Mai 2011
LES ÉTUDIANTS REPARTENT POUR UN TOUR
Les jeunes sont in the road again. Leur grief ? Une énième réforme de l’université et les départ de profs non remplacés. Notre envoyé sur place.
En ce joli après-midi de mai 2011, la place de la Bastille est noire de jeunes. De ces mêmes jeunes que le gouvernement accusait huit mois plus tôt d’être manipulés par le PS. Le son des tam-tams résonnent, les slogans claquent dans l’air, les banderoles flottent au vent: «Non à la réforme des universités» «Pas d’université au rabais !» «Chaque poste de profs supprimé est un crime contre la pensée.» On se croirait revenu en mai 2009, lors des manifs contre la précédente tentative de réformes des universités. Ou lors d’un de ces nombreux mois de mai qui virent descendre la jeunesse de France dans la rue.
Les grands syndicats étudiants sont là, bien sûr: SUD étudiant, UNEF, FSE, FIDL… Mais aussi l’Union nationale lycéenne (UNL) avec, à sa tête, Victor Colombani, son président de 16 ans qui s’était fait connaître lors de la contestation d’octobre 2010 contre la réforme des retraites. Car la grande nouvelle de la journée, c’est que les lycéens ont rallié le mouvement. Elève en 1ère ES au prestigieux lycée Henri-IV, Victor a été contraint de sécher un contrôle de français ce matin, quelque chose qu’il ne fait normalement jamais car le pacte avec ses parents était clair: l’engagement ok, s’il n’a aucune incidence sur son travail. Mais il veut à tout prix lancer la lutte dans de bonnes conditions. Il sait que le sentiment générationnel né lors de la contestation de la réforme des retraites va ici trouver un prolongement et que, cette fois, les jeunes ne se contenteront pas de simples concessions.
Les élèves d’université ont déjà bloqué les facs, empêchant le déroulement normal des partielles. Estimant qu’on leur interdisait un accès au savoir dans des conditions favorables, certains groupements ont aussi décidé d’interdire ponctuellement l’accès à des lieux touristiques et culturels (la tour Eiffel, Orsay, le Louvre). Avec le ralliement des lycéens et même de quelques collégiens, le bras de fer contre le gouvernement s’annonce musclé en ce joli mois de mai.
SÉBASTIEN BARDOS

Octobre 2011
LES MÉDIAS LÂCHENT «LE PRÈZ»
Longtemps soutenu par les médias de ses amis Bouygues, Lagardère et Dassault, Nicolas Sarkozy a fini par agacer tout le monde. Et si tout ce beau linge finissait par jouer contre son camp ?
Automne 2011. La discrète redistribution des cartes en coulisses met le feu aux poudres. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, tombe en dépression, ne supportant plus d’avoir à affronter des journalistes de plus en plus hargneux à son égard. Son cauchemar n°1 ? Nicolas Demorand, qui vient de rempiler pour une année supplémentaire à Europe 1, s’installant même aux commandes de la matinale de la radio Lagardère.
La décision vient d’Alexandre Bompard, le boss de la station, candidat malheureux à la présidence de France Télévisions et désormais à fond derrière Jean-François Copé qui se prépare, entre deux crises d’hypocondrie, pour les présidentielles de 2017.
MINC CHEZ MARTINE
Bompard n’est autre que le chouchou d’Alain Minc, l’ex-super conseiller du président, détesté depuis toujours par Claude Guéant et désormais en disgrâce à l’Elysée depuis l’épisode de la privatisation de la régie publicitaire de France Télévisions. Mis sur la touche par le team présidentiel, Minc s’est rapproché de son ancienne camarade de promo à l’ENA, Martine Aubry. Déjà, en septembre 2010, le super conseiller assistait à Lille à l’anniversaire de Martine…
A droite, Copé peut désormais faire fructifier son amitié avec le banquier d’affaires Grégoire Chertok, associé-gérant de Rothschild & Cie, qui ne cesse d’étendre son influence après avoir conquis la confiance de grands patrons comme Martin Bouygues. Comment en est-on arrivé là ?
BOUYGUES ET L’AMOUR DÉÇU
Retour au présent. Bouygues, justement, a de plus en plus de mal à supporter Nicolas Sarkozy. Après avoir bétonné la France, le leader du BTP, propriétaire de TF1, souhaitait s’engager dès 2007 dans le nucléaire. Et, même si la presse française s’est abstenue de toute enquête sur le sujet, l’Elysée ne semble pas avoir répondu à toutes ses attentes.
Un indice, pourtant, a filtré lors d’une rencontre organisée à HEC le 28 janvier 2010. Devant les étudiants de l’école de commerce, Bouygues a laissé filer ses regrets, rappelant qu’en deux ans et demi de quinquennat, son ami Nicolas Sarkozy n’avait toujours pas privatisé Areva, avait bradé une licence téléphonique et gratifié TF1 d’une nouvelle taxe. «Cette relation avec Nicolas Sarkozy est plus un handicap qu’un avantage», confiait-il à l’époque, presque la larme à l’œil.
TF1 À FOND SUR WOERTH
Pour mieux comprendre les dommages de cet amour déçu, il faut remonter au 16 juin 2010, quand Eric Woerth présente à Bercy sa réforme des retraites. Au même moment, le site d’info Mediapart dévoile le premier enregistrement clandestin où Liliane Bettencourt se confie un peu trop. Immédiatement, la chaîne info LCI relaie avec force la nouvelle pendant toute la journée.
Quelques jours plus tard, c’est Laurent Mauduit, l’un des patrons de Mediapart, qui est carrément invité sur le plateau de LCI… Certains journalistes de la chaîne expliquent alors: «C’est normal, notre ancien patron, Jean-Claude Dassier, sarkozyste convaincu, est parti à l’OM.» Oui mais voilà, durant la même période, sur TF1, Laurence Ferrari lance systématiquement son 20 heures sur le début des mobilisations sociales et interviewe régulièrement et gentiment Martine Aubry en duplex.
ET SI LAGARDÈRE VENAIT À DSK ?
Le 27 juin, c’est carrément «le Journal du dimanche», propriété d’Arnaud Lagardère, qui entre dans la danse de l’affaire Woerth-Bettencourt: il y est dévoilé qu’un dîner a eu lieu entre l’ancien ministre du Budget et l’héritier Peugeot, Robert, craignant «une enquête fiscale sur ses lingots», selon le journal. Ça fait beaucoup pour l’autoproclamé «frère» de Sarko. Un début de disgrâce ? En tout cas, c’est comme si, depuis les rumeurs du printemps 2010 autour de Carla Bruni, parties d’un commentaire d’un internaute sur le site du «JDD», le charme entre Arnaud et Nicolas était rompu…
Durant toute l’année, l’héritier Lagardère a fait fructifier ses contacts à gauche. Ainsi, l’un des conseillers de Dominique Strauss-Kahn est aussi l’un des plus proches collaborateurs d’Arnaud: à 39 ans, Ramzy Khiroun, porte-parole du groupe, pourrait très bien réussir à convaincre son patron qu’il faut soutenir la candidature de DSK aux primaires socialistes. Mais s’il n’y avait que ça…
MÊME DASSAULT…
Serge Dassault, propriétaire du «Figaro» et proche soutien de Sarkozy, serait exaspéré des gesticulations présidentielles à l’étranger: le pauvre avionneur n’a toujours pas réussi à vendre son Rafale aux Brésiliens. Lui qui était si prompt à aider son ami Nicolas, hésite désormais à racheter «le Parisien», quand Etienne Mougeotte, le directeur du «Figaro», se met, lui, à critiquer ouvertement le locataire de l’Elysée.
Interrogé sur la nouvelle loi audiovisuelle, l’ex-vice président de TF1 a estimé que «ce n’est pas une bonne idée de faire nommer le président de France Télévisions par le président de la République». Et si, à l’automne 2011, Nicolas Sarkozy n’avait plus que le service public pour pouvoir se défendre contre ses anciens amis du Fouquet’s ?
MARC ENDEWELD

Janvier 2012
FRANÇOIS FILLON CANDIDAT !
Jean-François Probst est l’ancien conseiller de Chirac, Juppé, Pasqua, Tiberi, auteur du best seller «Chirac et Dépendances» et aujourd’hui consultant politique international. Il a vu débuter Sarkozy au RPR en 1974 à l’âge de 19 ans. Il le verrait bien se prendre une candidature surprise de François Fillon dans la figure en 2012.
JEAN-FRANÇOIS PROBST, QUELLES PEUVENT ÊTRE LES CONSÉQUENCES À DROITE DE TOUT CE BORDEL CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES ET SARKOZY ?
Vous avez trois attitudes en ce moment à l’UMP : ceux qui se cachent sous le tapis, même quand ils sont ministres ; ceux qui tentent de sauver leur peau en jouant les porte-voix de Kaiser Sarko – en général, les moins futés comme Nadine Morano ou Christian Estrosi ; et ceux qui essaient de tirer leur épingle du jeu en se positionnant à moyen terme comme Jean-Louis Borloo, Bruno Le Maire et Jean-François Copé. Dans tous les cas, c’est le signe qu’une partie de la droite est déjà en train de lâcher le président.
COMMENT ÇA ?
Jamais un président n’est tombé aussi bas. Pour beaucoup, ce n’est plus la réforme des retraites le problème, c’est Sarkozy. Il est comme un hanneton dans un abat-jour. Et au lieu de former rapidement un gouvernement de rassemblement, il fait le fier à bras et fonce dans la mêlée.
QUI À L’UMP PEUT AVOIR INTÉRÊT À FAIRE PERDRE LE PRÉSIDENT EN 2012 ?
Sans hésitation, François Fillon. Il a déjà loué des bureaux rue de Bourgogne près de l’assemblée nationale. Tout le monde pense qu’il convoite le perchoir. Mais je connais François depuis longtemps, c’est un malin…
POURQUOI N’A-T-IL PAS CLAQUÉ LA PORTE QUAND IL EN ÉTAIT ENCORE TEMPS ?
Parce que c’est un prudent. Il a fait ses premières armes auprès de Joël Le Theule – qui était déjà un homme très prudent – lorsqu’il était ministre de la Défense et député de la Sarthe. Il a essuyé toutes les colères de Philippe Séguin. Mais Fillon n’est pas une grande gueule comme Roger Karoutchi ou Henri Guaino (deux autres séguinistes historiques NDLR). C’est pour ça que les Français l’aiment bien : son calme, son courage et sa capacité à avaler toutes les couleuvres.
QUELLE EST SA MARGE DE MANŒUVRE POUR 2012 ?
D’abord, il va prendre la 5e , 6e et 7e circonscriptions de Paris aux élections sénatoriales en septembre 2011 en passant un accord avec Jean Tiberi. Ensuite, il va continuer d’annoncer qu’il est candidat à la mairie de Paris pour 2014. A partir de ce moment-là, il ne parlera plus de rien d’autre. On le verra voyager, montrer sa femme et ses enfants à la télé, etc.
D’ACCORD. MAIS ÇA N’EN FAIT PAS UN DANGER POUR SARKOZY…
Je pense au contraire que le prochain handicap de Nicolas Sarkozy, c’est François Fillon. D’abord, parce qu’il est durablement populaire à droite. Ensuite, parce qu’il a la sympathie des journalistes. Enfin, parce qu’il n’a pas de casseroles : on ne lui connaît pas d’histoires à la Woerth ou Balkany. Plus fort : quand il s’est désolidarisé de la politique sur les Roms, il a réussi à le faire sans passer pour un anti-Sarko. Je ne sais pas si sa tête de gendre idéal y est pour beaucoup, mais il a une remarquable aptitude à passer entre les gouttes.
CONCRÈTEMENT, ÇA VA SE PASSER COMMENT ?
Jusqu’à fin 2011, son intérêt sera d’apparaître le meilleur allié de Sarkozy. Il prendra rapidement du poids au sein du parti, ralliera à lui ceux qu’on appelle « les trente glands du chêne » (les trente députés du club Le Chêne de Michèle Alliot-Marie NDLR) et d’autres, plus nombreux et influents. Puis début 2012, surprise : on verra Fillon tenter sa chance hors de l’UMP et expliquer au président que s’il est candidat, c’est pour mieux l’aider au second tour.
PEUT-IL ALLER JUSQU’À FAIRE VOTER POUR LA GAUCHE EN SOUS-MAIN ?
Non, parce que comme tous les séguinistes, c’est un boxeur aux petits poings. Il n’ira pas jusqu’au bout de la trahison, ce n’est pas non plus Chirac (en 1981, Chirac avait fait voter en secret les militants de RPR pour Mitterrand au second tour contre Giscard NDLR). Mais il peut rassembler sur son nom toute une partie de la droite qui n’en peut plus du patron. Bien plus que Villepin, qui fatigue tout le monde avec ses appels du 18 juin à répétition.
ENTRETIEN OLIVIER MALNUIT

Mars 2012
«LE PS DOIT ME DIRE CE QU’IL FERA SI JE SUIS AU SECOND TOUR»
Mars 201 Jean-Luc Mélenchon, député européen et fondateur du parti de gauche, cartonne avec son livre «Qu’ils s’en aillent tous !» Et lui, il se voit où dans moins de deux ans ? Réponse dans les locaux pas bling bling de son parti.
JEAN-LUC MÉLENCHON, C’EST QUOI VOTRE OBJECTIF AVEC LE PARTI DE GAUCHE POUR 2012 ?
La conquête du pouvoir.
ET VOUS COMPTEZ Y ARRIVER COMMENT ?
Vous savez, on ne sort pas de l’œuf. On a essayé beaucoup de choses à gauche. Et en particulier dans «l’autre gauche». Moi, je suis un ancien socialiste, je viens d’un parti où on s’évanouit quand on fait moins de 20%. Là, vous avez affaire à des gens pour qui, souvent, le résultat électoral ne les intéresse même pas. Déjà, c’est une ambiance un peu spéciale. Il y a beaucoup de compétition, beaucoup d’aigreur, un niveau d’exigence extraordinairement élevé à la virgule, à l’adjectif près.
ÇA DOIT ÊTRE UN ENFER.
C’est pour ça que la seule méthode, c’est de créer une dynamique telle que – boum ! –, ça emporte tout. C’est ce qu’on essaie de faire avec le parti de gauche. Quant à nos alliés communistes, c’est très différent: ce sont des partenaires avec une longue histoire et un parti très structuré.
ET ALORS ?
Alors, on doit trouver un candidat. En réalité, on ne doit pas en trouver un, mais 600 pour les élections législatives et 1 900 pour les cantonales. Donc, on sait qu’un seul parti ne peut pas avoir tout. Parce que sinon, ce n’est plus un front mais un parti. On sait aussi que les communistes vont avoir l’essentiel des candidatures aux cantonales et aux législatives. Alors, si on commence à désigner notre candidat à la présidentielle en faisant voter tout le monde, on va arriver à un résultat aberrant : un front où les plus nombreux auront toujours le dernier mot. Donc, je pense qu’il faut qu’on assume nos responsabilités et qu’on dise aux gens: «On a discuté et on vous propose celui-ci ou celui-là.»
ET CELUI-LÀ, CE SERA JEAN-LUC MÉLENCHON ?
Je n’en sais rien. Mais je pense que c’est la méthode la plus efficace. D’ailleurs, vous verrez que les socialistes vont se mordre les doigts avec leur histoire de primaires et les gens de l’extérieur qui votent. C’est une compétition d’avantscène. On n’est pas aux Etats-Unis.
VOUS NE TROUVEZ PAS QUE ÇA PEUT CRÉER LES CONDITIONS D’UN VASTE DÉBAT D’IDÉES QUI VA FOCALISER L’ATTENTION DU PUBLIC ?
Sauf qu’ils vont avoir un invité-surprise dans leur débat. C’est nos idées ! Eh oui ! Comme la gauche ne peut pas gagner sans nous, ils ne peuvent pas désigner un candidat dont nous, on ne veut pas.
CE QUE VOUS VOULEZ DIRE, C’EST QU’ILS NE PEUVENT PAS DÉSIGNER STRAUSS-KAHN ?
Ils font ce qu’ils veulent. Mais d’abord, ils vont commencer par me répondre. Parce qu’à chaque fois, on vient me casser les pieds en me demandant si je vais me désister pour le PS au deuxième tour… Mais je connais la méthode, je l’ai pratiqué pendant des années: transformer tout le monde en bagage accompagné du parti socialiste. Ils ne vont pas me la faire à moi ! S’ils veulent que je dise ce que je ferai au second tour, il faut d’abord qu’ils me disent ce qu’ils vont faire eux, si c’est moi qui suis au second tour.
PENSEZ VOUS VRAIMENT QUE LE PS VA VOUS SOUTENIR S’IL ÉTAIT ABSENT DU SECOND TOUR ?
On parle là d’une hypothèse ou le champ politique serait totalement soufflé. Mais vous savez, le PS croit qu’il a construit des cathédrales éternelles. C’est faux. Au Venezuela, l’alternance entre la droite et la social-démocratie a été balayée en un mois.
SI CELA ARRIVAIT EN FRANCE, COMMENT FEREZVOUS POUR QUE MARTINE AUBRY NE VOUS DONNE LE BAISER DE LA MORT ENTRE LES DEUX TOURS ?
Il n’y a qu’une seule chose qui compte: la vox populi. Mais honnêtement, je n’en suis pas encore là. Sauf si le président va au tapis plus tôt que prévu.
VOUS NE CRAIGNEZ PAS DE CONTRIBUER JUSTEMENT À SA RÉÉLECTION EN DIVISANT LA GAUCHE ?
Décidément, aucune bassesse ne me sera épargnée !
«LE CANARD ENCHAÎNÉ» DIT QUE SARKOZY VOUS AIME BIEN PARCE QUE VOUS FAITES DE LA CONCURRENCE AU PS.
Tout ça est organisé par une poignée de gens qui sont très malins et mettent en circulation dans les médias des argumentaires. Je sais d’où ça vient au parti socialiste. Ce sont les mêmes qui ont lancé l’idée que j’allais faire une OPA sur le parti communiste. Comme si le PC était à vendre et que j’étais acheteur… Après, on va me dire que j’en fais trop ? Mais attendez, je n’ai rien demandé, moi ! Ce n’est pas moi qui ai lancé l’affaire Pujadas. Ce n’est pas moi qui ai lancé l’affaire du «petit connard» ! J’ai rien fait !
IL N’Y A DONC AUCUN CALCUL MÉDIATIQUE QUAND VOUS INSULTEZ CET ÉTUDIANT EN JOURNALISME ENTRE LES DEUX TOURS DES RÉGIONALES ?
Mais au contraire ! Qui a envie de se faire filmer en gros plan à 59 ans après une nuit de meeting pour répondre à une question débile sur la réouverture des maisons closes ?
VOUS, VISIBLEMENT. ET VOUS NE POUVIEZ PAS IGNORER LA FORCE DE CIRCULATION DE CES IMAGES SUR LE NET, SI J’EN JUGE PAR VOTRE TÉLÉPHONE PORTABLE…
Mais vous vous faites des idées. Vous ne vous rendez pas compte de la vie d’un mec comme moi. Je passe d’un truc à un autre sans cesse. Et maintenant, j’ai des nuées de mouches qui viennent me provoquer, me poser des questions insultantes pour que je les envoie chier. Juste pour qu’ils puissent dire: «Il m’a insulté moi aussi.» J’ai même un mec qui me poursuit depuis des mois avec une caméra et un éclair au chocolat. Et un autre de France 5 qui m’a fait ouvrir un sac avec à l’intérieur un buste de Lénine ! Vous voyez le niveau ?
UN RÉCENT SONDAGE VOUS CRÉDITE DE 6% AU PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE, MAIS SURTOUT DE PRÈS DE 70% D’OPINIONS FAVORABLES À L’EXTRÊME-GAUCHE…
On ne s’est pas trop mal débrouillés avec une ou deux balles bien renvoyées, trois bouts de laine et quatre bouts de ficelle… Vous avez vu la gueule des locaux de notre parti ?
ÇA, C’EST VRAI QU’ON NE PEUT PAS VOUS SOUPÇONNER D’ÊTRE FINANCÉ PAR L’ARGENT DE L’ÉTRANGER.
Bah voilà ! Maintenant, qu’est-ce qui peut faire que ça marche ? On peut être écrasé bien avant par nos bêtises, une erreur de tir…
VOUS ÊTES CONSCIENT DE ÇA ?
Evidemment. Mais je suis comme je suis et je n’ai pas l’intention de changer. Comme dit le proverbe: la chance ne sourit pas à ceux qui lui font la gueule. Moi, je ne fais la gueule à la chance que j’ai d’avoir des adversaires aussi débiles.
ÇA VOUS BLESSE QU’ON VOUS APPELLE LE LE PEN DE GAUCHE ?
C’est comme une boule qui me remonte jusqu’aux amygdales.
«QU’ILS S’EN AILLENT TOUS !» (FLAMMARION). 142 PAGES. 10 €.
ENTRETIEN OLIVIER MALNUIT

Mai 2012
LE DERNIER WEEK-END
Alors que tout semblait couler de source, les dernières semaines de campagne voient les positions se resserrer. Fast forward: vendredi 4 mai 2012, dernier jour de la campagne officielle avant le second tour de l’élection présidentielle.
VENDREDI 4 MAI 2012, 8H45 : Arnaud Montebourg sort d’Europe 1 dépité. Le successeur d’ Elkabbach, Fabien Namias, ne lui a parlé que des mauvais sondages de la candidate socialiste. Le porte-parole de la campagne de Martine Aubry – le même poste qu’en 2007 – mesure le chemin parcouru en cinq ans : nul.
9H12 : Le portable de Manuel Valls vibre : « Manuel, c’est Nicolas. Dis, tu vas en repren dre pour cinq ans. Je te l’avais dit en 2007, que nous étions en 1958. Te voilà en 63. Tu veux rester dans l’opposition avec ces cons jusqu’en 2030 ? Quel âge tu auras, Manuel, en 2030 ? Tu veux être le Defferre d’Hamon ? » Valls est embêté. Il a pourtant fait ce qu’il fallait : une campagne des primaires, 6% des voix, le ralliement à Aubry, un poste de porte-parole pendant la présidentielle, une promesse de ministère… Et, à l’arrivée, « Nicolas » qui le rappelle, comme en 2007, pour lui dire que s’il ne change pas de camp, sa carrière est fichue. Que faire ?
10H15 : Ségolène Royal arrive dans ses bureaux parisiens. Ce soir à Toulouse, bonne joueuse jusqu’au bout, elle sera aux côtés de Martine Aubry, pour le dernier meeting de la campagne. « Sortez-moi le discours de Mitterrand en 88 à Toulouse ! » Objectif : se poser en prochain leader naturel du PS. Surtout, ne pas commettre l’erreur de 2007. Se placer ce soir, se déclarer dimanche, quand Martine sera battue. Quelle mauvaise campagne ! Et Ségolène de s’imaginer, en 2017, devant tous les socialistes, saluant Martine et tous les autres – François, Laurent, Dominique –, comme Mitterrand avait salué Mauroy, Fabius, Bérégovoy, Rocard, en 1988… En présidente.
11H12 : Dans son bureau de Première secrétaire, qui fut celui de Mitterrand, Martine Aubry peste. Contre TF1. Contre Sarkozy. Contre Royal. Contre le PS. Face à elle, son directeur de campagne, François Lamy. Elle accuse : « Je vais perdre, mais j’ai toujours su que je ne pouvais pas gagner. La vérité, c’est que les Français ne sont pas prêts à élire une femme. » François Lamy soupire. Il pensait qu’elle pouvait devenir la Angela Merkel française. De la simplicité, de la rigueur, de l’austérité, de l’anti-bling-bling. Echec. Lamy se demande si, dans sa fidélité à l’héritage de Jospin, Martine n’en a pas fait un peu trop.
MIDI : François Hollande se prépare aussi à partir à Toulouse. Dans son bureau de l’assemblée, il reçoit quelques journalistes, comme il l’a fait tout au long de la campagne. Principale cible : Aubry. « Je vous l’avais dit, Martine est comme son père. En pire. Lui n’avait pas voulu être candidat en 1995, parce qu’il pensait que le PS et les Français ne le méritaient pas. Martine pense la même chose, sauf qu’elle a voulu être candidate pour éviter qu’un autre ne le soit. Mais dans le fond, elle n’a jamais voulu gagner. Elle a fait une campagne en vantant sans arrêt le projet que personne n’a lu, l’équipe dont tout le monde se fout. Surtout, elle n’a rien compris à la présidentielle. Elle n’a pas raconté une histoire que les Français avaient envie d’entendre. C’est dramatique ! »
12H30 : Jean-Michel Aphatie prépare sa chronique pour le Grand Journal. Thème : « Si Aubry perd dimanche, c’est la mort du PS. » Il attend ça depuis 1988.
13H06 : Dominique Strauss-Kahn se réveille à Washington. Il a bien mangé. Il a bien dormi. Et d’un seul coup, il se dit : « Tiens, c’est dimanche, le vote… » Puis il pense à son petit déjeuner.
14H00 : Sarkozy a réuni ses collaborateurs dans son bureau du rez-de-chaussée de l’Elysée, pas celui des anciens, là-haut, qu’il n’a jamais aimé. On visionne encore l’échange-clé du débat télé contre Aubry. Sarkozy rejoue la scène : « Là, elle va m’attaquer sur le score de Villepin et ses 8%. Et là, je vais lui répondre qu’elle n’a fait que le double, comme Jospin en 2002 et que c’est parce que j’ai fait barrage à Marine Le Pen qu’elle est là. Et que je m’en réjouis. Car moi, je protège la démocratie mise en danger par la faiblesse du PS. » Henri Guaino, Claude Guéant, Pierre Charon et les autres applaudissent.
15H15 : Dominique de Villepin se promène au parc Monceau. Quelle ambition pour un géant comme lui dans un pays qui se donne à un nain politique ? Il revoit encore son grand meeting du VIIe arrondissement de Paris, quand les sondages de mars le donnaient à 14%, à cinq petits points de l’autre. Ils étaient bien mille, ce soir-là. Aux journalistes présents, le candidat de La France debout avait déclaré : « Je vais accomplir ce que Chirac n’a pas pu faire en 1981 : battre un président usé et fatigué de la même majorité que moi. Je monte dans les sondages à mesure que la France se relève. Et quand elle sera debout, la France, je l’enlèverai, je la prendrai comme Napoléon et de Gaulle avant moi ! » Les journalistes se sont regardés sans oser rien dire. Puis les sondages ont décroché. Et le candidat de La France debout s’est retrouvé par terre. Comme Bayrou. Comme Barre. Comme Chevènement.
16H03 : A la gare Montparnasse, Arnaud Montebourg retrouve Pierre Moscovici et Benoît Hamon. Ils prennent un café avant de partir pour Toulouse. Montebourg se lance : « Maintenant, y en a marre ! Il faut qu’on se rassemble. C’est une question de génération. On n’a que 50 ans. Il faut qu’on prenne le pouvoir ensemble, sinon, c’est foutu. » Moscovici approuve et nuance : « Moi, je veux bien, Arnaud, mais tu m’avais déjà dit ça en 2007 et tu m’as lâché au dernier moment ! » Sourire d’Hamon. « Arnaud a raison. Si on ne fait rien, on va se repayer Ségolène ou, pire, Hollande. Ou alors, ça sera comme d’hab’ : tout le monde dira que Martine a été nulle, et tout le monde voudra la garder parce que ça empêche les autres de prendre le parti. »
17H25 : Jean-Michel Aphatie répète ses effets de style : « Dimanche, le parti socialiste risque de mourir ! »
17H39 : Lionel Jospin arrive au parc des expositions de Toulouse. Personne ne l’applaudit. Personne ne le siffle. En fait, tout le monde s’en fout. Il hausse les épaules en cherchant sa place dans le carré des VIP. Il l’avait bien dit à Martine. Mais elle n’a pas écouté. De toute façon, ce parti est mort le 21 avril 2002 et il n’y est pour rien.
17H41 : Laurent Fabius arrive à son tour dans la salle du meeting. Le premier président socialiste du Sénat est heureux. Qui sait ? Martine va perdre, et alors ? Elle noiera son chagrin comme elle veut. Lui n’a que 64 ans et, en prenant le Sénat à la droite, il est le seul à avoir offert au PS un succès national. De Gaulle est bien revenu au pouvoir suprême à 69 ans. Ne jamais renoncer.
18H12 : Brice Teinturier réunit son équipe au siège de l’IFOP. Le dernier sondage sorti, qui restera secret : Sarkozy 52%, Aubry 48%. Teinturier commente : « Aubry et son équipe ont perdu parce qu’ils n’ont jamais compris la dimension personnelle de l’élection présidentielle. Dès le mois de novembre dernier, elle était en danger. Malgré les déboires de Sarkozy, toutes les enquêtes démontraient qu’elle n’incarnait pas les dimensions régaliennes de la fonction. Elle n’a jamais fait présidente aux yeux des Français. La gauche ne devait pas, ne pouvait pas perdre cette élection. » 18H35 : Martine et Ségolène se retrouvent dans les coulisses du meeting, pas loin du bar : « Comment vas-tu ? » « Tu es venue comment ? » On parle de tout et de rien pour ne pas parler de l’essentiel. Ségolène ne sera pas Premier ministre et, finalement, ça ne la dérange pas plus que ça. Premier ministre, c’est être esclave. Et l’idée de faire tandem comme Defferre et Mendès en 1969, c’était idiot.
19H10 : Sur Canal+, Jean-Michel Aphatie se lance : « Dimanche soir, si Martine Aubry perd, ce qui est probable, le parti socialiste risque de mourir ! »
19H15 : Après un verre de rouge pour se donner du cœur à l’ouvrage, Martine Aubry fait son entrée dans la salle toulousaine. Le MJS fait la claque mais le cœur n’y est pas. Laurent Fabius applaudit machinalement et pense à ce que lui avait dit Mitterrand, un jour : « Il faudra une ou deux générations pour que ce qui s’est passé avec moi puisse se reproduire. »
BRUNO ROGER-PETIT


 

Technikart #147

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