ParisSketchCulture, Atome et Combo : « Tu as 10 minutes pour coller ton affiche »

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ParisSketchCulture alias Raphael Federici, Atome et Combo forment un regroupement d’artistes actif dans les rues de Paris. Nous les avons retrouvé en terrasse, non loin d’une affiche de Combo placardée sur un mur du Forum des Halles.

Comment doit-on vous définir ? Vous êtes un groupe, un collectif ?
Nous ne sommes rien de tout ça, on aime se définir comme un crew. La notion de collectif ou de groupe nous restreint, dans le sens où les gens vont penser que l’on se cantonne à une seule chose.

Alors que la richesse et l’intérêt de notre crew tient du fait que l’on a chacun notre univers. Dans mon cas – Combo -, je préfère porter un discours engagé dans mes œuvres. ParisSketchCulture quant à lui sera plus dans un travail symbolique, iconique et Atome aura plus d’attrait pour le sensible, l’humain.

S’exprimer en dehors des galeries, c’est essentiel pour vous ?
Le street art est vital pour nous, d’autant plus que cette forme d’expression commence à être reconnu. Notre génération n’a pas vécu le Rock comme celle de nos parents : ils ont le Rock, on a le Street Art. Il est nécessaire pour nous de transmettre un message et de pouvoir nous exprimer librement. Pour que les gens soient réceptif à notre travail, on se sert de la culture populaire : des références comprises par tous, mais toujours avec un message en fond.

Comment travaillez-vous ?
Lorsque l’on s’apprête à coller une de nos affiches dans la rue, on s’organise au préalable. Il ne faut rien laisser au hasard, on le prend comme une véritable mission et l’adrénaline est à son maximum.

Vous faîtes ça pour l’adrénaline ?!
Non pas du tout ! On ne colle pas une affiche juste pour marquer son territoire ou pour transgresser les interdits. Nous somme avant tout dans une démarche artistique. L’une des raisons pour lesquelles la préparation est importante, au-delà le côté artistique, c’est la présence de la police dans les rues. La plupart du temps, on estime que tu as environ 10 minutes pour coller ton affiche. Au-delà de ce délai, tu risques fort de leur tomber dessus.

Et si la police vous surprend, comment ça se passe ?
La plupart du temps, on arrive à s’en sortir… Mais on a une règle : aucun de nous ne doit prendre la fuite, on essaie de bluffer en leur faisant croire que l’on a le droit de faire ça et pour le moment cette technique fonctionne plutôt bien (rires). Dans les faits, si tu colles une affiche ou si tu peins, c’est moins grave que l’utilisation d’une bombe de peinture. Lorsqu’un policier te voit avec une bombe à la main, c’est comme si tu avais une arme sur toi. Ce n’est pas un hasard si la plupart du temps, les policiers nous laissent tranquille. On instaure un dialogue avec eux, on est dans l’échange et non la confrontation. On leur parle et on leur explique qu’il s’agit d’un discours artistique. Par contre, dans certains quartiers, les policiers te mettent un chassé et un coup de tête s’ils te prennent sur le fait. Dans le Marais, les policiers sont souvent en civiles et, même s’ils ne sont pas là pour nous, la Police nationale à pour ordre de ne pas nous laisser faire.

Y a-t-il des rivalités entre vous et d’autres street-artistes ?
On est loin des années 80-90-2000 où il existait une vraie guerre des crew et des grapheurs. Il y en a toujours qui se prennent pour les rois de tel ou tel arrondissement…

Interview Saïd Belhamsali

Atome : http://www.artist-atome.com
Combo : http://www.combo-streetart.com
ParisSketchCulture : http://www.parissketchculture.com

CRÉDIT PHOTO by Sully Sefil (Rock The Street)