Quand la Chine explose

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.19.22

Septembre 1979 : la décrispation chinoise commence à peine. À Pékin, dans un petit parc à l’extérieur de la Galerie Nationale d’Art, un groupe appelé Xing Xing (l) (Etoile Etoile) organise la première exposition d’avant-garde. Sacrilèges face au travail officiel du réalisme socialiste, les artistes déclarent: « Nous voulons observer le monde avec nos propres pinceaux et burins. Les expressions dans nos peintures sont riches et vivantes. Nos oeuvres expriment d’elles-mêmes leurs idéaux ».

 

Capture d’écran 2015-11-02 à 12.27.38

Xing Xing (l)

Leur premier slogan: « L’expression du soi ».
Plusieurs années de préparations délibératoires suivront.
En 1985, le New Wave Art (Xinchao Meishu), plus radical, prend forme avec pour objectif « La libération de l’humanité ». Les artistes visent à la formation d’une identité moderne de la culture chinoise dans son ensemble. Ils l’envisagent à travers des expérimentations artistiques et la réalisation d’une nouvelle image de la Chine.

Les années 80 sont la période la plus ouverte culturellement dans l’histoire de la République Populaire.

 

Capture d’écran 2015-11-02 à 12.30.26

Gu Wenda (2)

C’est l’époque de la redécouverte du patrimoine, interdite pendant la révolution culturelle. Parallèlement, philosophie, art moderne et contemporain, théories scientifiques et économiques sont systématiquement introduites en Chine. Ces références au monde occidental permettent aux artistes de partir sur de nouvelles bases. Ils expriment enfin leur expérience directe des aspects tragiques et dépressifs de la vie humaine.
Concernés par l’aliénation de leurs contemporains, ils plaident avec enthousiasme pour la liberté de pensée et d’action, revendiquant les libertés personnelles et fustigeant les tabous politiques, moraux et sexuels.

 

L’un de leurs principaux objectifs : réformer les structures culturelles. En 1985, un débat acharné sur la peinture traditionnelle oppose, dans tout le pays, critiques d’art et historiens. Nombre d’artistes avaient déjà réinterprété l’art traditionnel au travers de leurs expériences pratiques, innovant par la forme comme par le contenu.
Gu Wenda (2), l’un des artistes les plus originaux et radicaux, voit l’art comme processus « d’expression de la vérité intérieure de l’artiste » qui concourt à défier les valeurs sociales existantes.

Capture d’écran 2015-11-02 à 12.26.49

Concept 21 (5)

Capture d’écran 2015-11-03 à 16.59.39

Wu Shanzhuan (15)

Ses gigantesques installations de peintures à l’encre introduisent des images et des mots vulgaires, voire obscènes. Les canons traditionnels de la peinture explosent, un espace s’ouvre. Chacun peut questionner et défier cette réalité culturelle contradictoire. Gu Wenda détruit la structure des caractères de l’écriture chinoise. ll efface la différence entre bons et mauvais mots, entre le « moral » et l »‘immoral ». Le recours à la performance renforce l’effet extravagant et dramatique de ses installations.

Le langage, matérialisation de l’histoire et de la réalité d’une société, est, pour beaucoup d’artistes, une cible. Ils visent à combattre le discours dominant et l’idéologie officielle. Wu Shanzhuan (15) travaille avec un groupe d’artistes sous le drapeau de l’ « humour rouge ». Le thème central de son oeuvre est la critique des effets de la révolution culturelle sur la vie politique, culturelle et privée dans la Chine d’aujourd’hui. ll s’approprie le langage de masse – insignes publicitaires, slogans, propagande, terminologie académique, vocabulaire des médias, presse officielle- et le transforme en installations et performances à l’atmosphère ironique et chaotique (voir encadré).

Capture d’écran 2015-11-02 à 13.22.31

Le groupe Xiamen Dada, et spécialement son leader Huang Yong Ping, n’hésite pas à brûler tous ses travaux immédiatement après l’exposition (3)

Quelques artistes adoptent une attitude anti-traditionnelle, voire anti-sociale, d’autres vont jusqu’à afficher leur identité nouvelle par des positions anti-artistiques. Cet « anti-art » s’imprègne d’une fonction socialement subversive. Le groupe Xiamen Dada, et spécialement son leader Huang Yong Ping, n’hésite pas à brûler tous ses travaux immédiatement après l’exposition (3). Ils écrivent sur le sol: « La vie ne peut jamais être tranquille, Capture d’écran 2015-11-02 à 13.20.53autrement elle » et « Dada est mort ». Huang Yong Ping tente de combiner la limitations de la logique et du langage chère à Wittgenstein avec l’attitude détachée et transcendante typiquement zen. Selon lui, nous devrions constamment laver et sécher l’art et ses implications culturelles, les transformer en fin de cycle en un « signifiant complètement vide ». « A concise history of Modern painting » d’Herbert Read et « Une histoire de la peinture chinoise » de Wang Bomin, changés en un bloc de pâte à papier compacte  une machine à laver est une de ses œuvres les plus connues (4).

 

Les années 90: maturité et invention

Depuis 1989, sur fond de spectaculaire boom économique, le progrès social en Chine connaît une nouvelle étape. Des changements profonds s’opèrent dans la vie quotidienne et culturelle. La nouvelle culture de masse est ouvertement encouragée par les autorités politiques comme par le développement de la société de consommation. Mais la machine idéologique officielle et -phénomène nouveau- l’économie de marché écrasent les idéaux de reconstruction culturelle et de liberté. Les artistes qui répètent avec insistance leurs expériences d’avant-garde, se confrontent à des changements du contexte social radicaux.

La lutte contre l’oppression idéologique et économique et la quête de la liberté de pensée et d’expression ont été les sujets principaux de certains artistes avant-gardiste. Mais, les vraies avant-gardes ne sont elles pas celles qui s’expriment très clairement quant à la nécessité de rénover le langage artistique ? ll s’agit de donner forme à une idée, à une compréhension de la vie totalement différente des discours officiels et proposer des modèles de modernisation indépendants de toute propagande idéologique.

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.13.23

Zhang Huan (6)

La performance, en tant qu’implication du corps humain et exploration de l’organisme, est certainement le moyen le plus efficace pour révéler la vérité de la vie dans une société aliénante. Ainsi, les artistes qui considèrent leur travail comme une lutte pour la liberté y ont souvent recours. Dès 1986, les performances se comptaient par dizaines. Dans des endroits symboliques tels que l’Université de Pékin ou la Grande Muraille, le groupe Concept 21 (Zhao Jian Hai, Xi Jian Jun, Sheng 0i, Zhen Yu Ke et Kang Mu) (5) performait d’une façon théâtrale afin de forger une critique de la vision historique et artistique dominante. A présent, les artistes font face à une nouvelle pression idéologique. Elle tente d’ôter tout sens à la liberté intellectuelle et artistique. Elle fait la promotion des valeurs capitalistes et du kitsch nationaliste. Quelques artistes résistent par de nouvelles performances qui comportent souvent une violence explicite, voire des actions agressives. Les artistes utilisent leur propre corps comme objet de mutilation physique ou psychologique pour réveiller la conscience de la dignité humaine du public. Ma Liu Ming se transforme en un « tiers sexe », être masculin de corps et féminin de visage. Zhu Fadong vend son corps dans les rues pour stigmatiser l’omniprésente décadence des relations humaines à l’heure où le « capitalisme sauvage » s’unit au cynisme totalitariste. Zhang Huan (6) révèle la condition absurde de la vie humaine en faisant de surprenantes interventions dans des lieux ordinaires de la vie quotidienne. Dans des toilettes publiques immondes, il s’enduit le corps de miel et d’huile de poisson et reste assis, immobile, pendant des heures, jusqu’à ce que sa peau soit recouverte de centaines de mouches.

 

L’installation en tant que langage

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.08.28

Lin Yi Lin (7)

L’installation, tant appréciée des artistes lorsqu’elle permet de créer un espace, se mêle à la réalité et c’est pourquoi les avant-gardistes chinois l’ont utilisé dans leur travail depuis dix ans déjà. Dans les années 90, les artistes ont pris conscience des différentes possibilités de l’installation en tant que langage. Elle permet de dénoncer la société actuelle et laisse une grande marge aux innovations du langage.
Le groupe basé à Canton, Big Tail Elephants (dont les membres sont Lin Yi Lin, Chen Shao Xiong, Liang Ju Hui et Xu Tan), expose fréquemment ses travaux d’installation dans des lieux en perpétuel mouvement, dans lesquels les artistes sont en contact direct avec la réalité sociale. Au nom de l’ « habitat standard », Lin Yi Lin construit des murs en briques et des structures architecturales. Loin d’être des projets utopiques, ce sont de vraies constructions d’espace-temps dans lesquelles il est facile de connaître les modes de vie de chaque artiste à travers le « travail du corps » (7).

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.11.55

Liu Xiang Dong (9)

Liang Ju Hui et Chen Shao Xiong partagent la même envie d’ouvrir des espaces d’expérimentation directe de la réalité. En créant des structures et des situations spécifiques, chacun peut témoi- gner et mesurer sa vision de l’existence.

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.07.25

Xu Tan (8)

Xu Tan collectionne des objets, des images et des textes de la vie quotidienne, des médias comme des espaces privés, pour construire des installations illustrant une réalité chaotique et générant des débats sur les relations entre êtres humains. Ainsi, le thème principal de son travail est une sorte de témoignage, une quête de la naissance d’une culture du tiers monde et de ses fonctions, dans un contexte post-colonialiste et p0st-guerre froide (8). Un autre artiste et poète, Liu Xiang Dong, s’est également intéressé aux relations entre l’homme et son environnement qu’il a symbolisé par des images de boutons et de vêtements. Dans ses travaux récents, il propose de réévaluer les relations internationales dans le monde de l’après-guerre froide qui, conformément à la vision de Xu Tan, amèneront inévitablement à une fin « entropique » (9).

 

Le quotidien contre l’idéologie

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.09.31

(19)

Les changements sociaux, économiques et culturels de la Chine d’aujourd’hui ont, sans doute, touché très profondément la vie quotidienne de chaque individu. Le quotidien est devenu un domaine très attrayant pour les artistes qui peuvent ainsi se confronter à la réalité et imaginer de nouvelles possibilités de travail et de vie. Par ailleurs, la recherche du sublime, en tant que dernière cristallisation de l’antagonisme idéologique, semble perdre sa propre signification. Ce sont les explorations du quotidien qui deviennent l’instrument le plus réaliste et profond de dépassement du complexe de l’idéologie. Beaucoup d’artistes changent leurs positions en repensant et en restructurant leur propre espace vital. Cela n’est pas seulement une préoccupation individuelle mais aussi, un moyen efficace d’observation des principaux changements de la société elle-même. D’autre part, travailler sur des thèmes privés confère aussi à chaque artiste la possibilité de renouveler leur identité.

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.20.33

Wang Youshen (10)

Wang Youshen est un artiste original et l’un des plus actifs organisateurs d’événements artistiques à Pékin. Son travail est intimement lié à l’omniprésence des médias puisqu’il est aussi journaliste. ll a, entre autres, réalisé un projet de « terrain nutritif » chez lui en couvrant le sol de son appartement de terre noire de façon à « améliorer » les conditions écologiques de sa vie (10). En changeant la condition « naturelle » de sa vie, l’artiste affronte véritablement la question d’une demande croissante d’une meilleure qualité de vie. ll prend aussi position à l’égard du développement d’une certaine mentalité kitsch. Evidemment, beaucoup d’artistes, comme Wang Youshen, essaient de rendre visibles leurs observations et analyses de la réalité sociale à travers leurs interventions dans le quotidien. Geng Jianyi, dans ses projets conceptuels, recourt souvent à des méthodes sociologiques pour organiser des quizz sur des questions du quotidien, comme la connaissance des lois matrimoniales, ou des droits de l’individu. Dans son récent projet « la relation raisonnable », il signe un contrat avec une personne en vertu duquel le partenaire doit aller à Shanghai pour témoigner des changement de la ville. ll finance le voyage d’une journée à condition que les personnes puissent démontrer qu’ils se sont bien rendus à Shanghai (11).

 

Le déclic Nouvelle Mesure

Le mouvement d’avant-garde de ces dix dernières années se développe donc le long d’un axe d’antagonisme idéologique qui perd cependant de son importance au regard des exigences de toute société post-industrielle : seule une nouvelle structure intellectuelle pourrait garantir la liberté de pensée, contrairement aux débats idéologiques antagonistes. Au début de l’année 1989, quelques artistes et critiques avaient déjà remarqué la signification d’une telle évolution structurelle du savoir et de la culture.

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.17.12

Shi Yong, Qiang Weikang et Yin Jun (12)

Tout de suite après l’exposition « Chine/Avant-garde », quelques voix favorables à l’effacement « de l’enthousiasme pour I’humanisme » et à une « recherche ontologique de l’art » furent enfin entendues. Le groupe Nouvelle Mesure (Chen Shaoping, Gu Dexin et Wang Luyan) a été l’un des premiers à prédire la nécessité d’un changement si décisif. Les participants de ce groupe sont persuadés que le futur de la culture chinoise devrait être repensé rationnellement pour combler le retard de développement d’une société post-industrielle, en termes d’information et  de démocratie. Le recours au langage mathématique redéfinit la classique analyse mathématique entre objets et établit un nouveau système de règles afin d’approcher la culture contemporaine. En nommant leurs œuvres « Séries analytiques », ils ont développé tout un système de signes, de règles, de mesures, de calculs, de diagrammes, d’enregistrements… En même temps, ils soulignent l’importance de « l’effacement » de l’individu dans le concept et le processus du travail en considérant que c’est la seule façon de dépasser les contraintes de l’anxiété idéologique et « sentimentale ». Au fur et à mesure que le travail du groupe évoluait, le langage devenait de plus en plus inventif et se situait sur un point précis entre les recherches conventionnelles de logique, mathématique, sciences humaines, linguistique et d’art. Avec leur manière rationnelle de percevoir le monde, Nouvelle Mesure est devenue une force particulièrement influente dans le monde de l’art. Beaucoup d’artistes, comme Wang Jian Wei, se sont inspirés de leurs idées et de leurs manières de travailler. Shi Yong, Qiang Weikang et Yin Jun sont aussi remarquables dans ce sens. Ils utilisent des matériaux et des techniques typiquement post-industrielles pour révéler leur attitude vis-à-vis du monde matériel. Leurs travaux d’installation, dérivés de la recherche physique contemporaine, créent des espaces pour des expériences physiques avec des objets très spécifiques comme les matériels optiques. Le processus d’observation et les résultats des expériences reflètent systématiquement l’évolution nécessaire de leur attitude à l’égard d’une société qui change (12).

 

La diaspora chinoise

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.15.56

Yan Pei Ming (14)

Capture d’écran 2015-11-03 à 17.19.22

David Diao (13)

L avant-garde chinoise est le résultat d’échanges d’influences entre les cultures chinoises et occidentales. Pendant les cinq dernières années, de plus en plus d’artistes chinois, y compris les artistes majeurs, ont eu la possibilité d’exposer et d’émigrer vers l’Occident. Aujourd’hui, on peut parler de véritable diaspora avant-gardiste partout dans le monde. Presque naturellement, la question de l’identité culturelle est devenu le thème récurrent de toute leur réflexion.
« Immigrés » en Occident, et confrontés à son style, les artistes chinois se retrouvent indubitablement dans la position de « l’autre ». Leur vie de tous les jours et leur vie culturelle sont confrontées à la pression de la « différence » de la culture de masse. Cependant, ils reconnaissent que, aujourd’hui, l’identité d’un artiste, comme celle d’une culture, ne doit pas être étiquetée « nationale ».
En enracinant leurs idées et travaux dans la réalité contemporaine internationale, les artistes chinois ont inventé et développé des stratégies diverses afin d’éliminer une telle résistance. D’abord, il s’agit de résister à toutes sortes de points de vues « exotiques » ainsi qu’à des interprétations de leurs travaux. David Diao, un peintre qui a grandi et développé son oeuvre aux Etats-Unis, a formulé la question d’une façon très claire, presque de façon radicale. Dans une peinture qui résulte d’une rencontre avec un fameux commissaire d’exposition occidental qui regrettait que son travail ne fût pas assez « chinois », il écrivit: « Pardon me, your Chinoiserie is showing » (13). Yan Pei Ming, connu comme « le Chinois » dans le monde français artistique, pratique actuellement une stratégie d’attaques contre les « Chinoiseries » en peignant des « anti-portraits » qui représentent des visages d’anonymes, Mao et ses relations. En d’autres mots, le passé et le présent, le réel et l’imaginaire, se retrouvent chacun afin d’annihiler la fonction habituelle d’identification du portrait.(14).

Capture d’écran 2015-11-03 à 16.50.30

Shen Yuan (17)

Capture d’écran 2015-11-03 à 16.52.36

Cai Guo 0iang (18)

Capture d’écran 2015-11-03 à 16.53.21

Wu Shanzhuan (16)

Avec pour but de donner à leurs oeuvres une réelle contribution à la création internationale multi-culturelle, les artistes chinois ne se sont jamais retournés sur leur propre culture. Afin de contrer une culture occidentale dominante, ils ont souvent fait référence à leur propre culture issue d’un héritage chinois et de leurs propres expériences. Si le travail de Huang Yong Ping (voir interview p. 32), centré sur sa résistance à la domination culturelle est plus ou moins une critique de l’idéologie occidentale, de son discours historique, de son système institutionnel et de son pouvoir, les autres artistes apportent leurs défis déconstructifs dans d’autres domaines de la vie sociale. Wu Shanzhuan pose nu en érection avec sa petite amie islandaise dans un supermarché allemand (16). Ghen Zhen interroge la crise générale du capitalisme tardif, l’entropie futur de la société de consommation, en proposant des projets de guérison dérivés de l’idée chinoise de la relation entre l’homme et la nature. Face au développement excessif de la civilisation industrielle et post- industrielle produisant une artificielle « seconde nature », il imagine un cycle de marchandises contemporaines afin de leur rendre une seconde vie. Gu Wenda et Yang Jiechang, par différentes approches, utilisent des interventions violentes sur le corps humain pour provoquer des polémiques à propos des tabous occidentaux et des valeurs sociales et morales afin de révéler leur essence hypocrite. Alors que Wang Du parodie le prétendu mécanisme des médias démocratiques contemporains et son immoralité. Particulièrement intéressante, Shen Yuan (17) exprime fortement sa conscience de sa double altérité en Occident comme femme et comme étrangère. Son travail crée de subtils engagements à la fois métaphoriques et physiques dans la bataille pour la reconnaissance du droit à une telle double altérité au sein de la vie culturelle internationale contemporaine.
Pour finir, Cai Guo 0iang (18) est une figure emblématique qui s’efforce d’imaginer les perspectives du monde futur : héritées des philosophies de l’Est et de l’échange éthique établi entre l’homme et la nature, inspiré par la cosmologie contemporaine (et spécialement la théorie du Big Bang), il a inventé un nouveau langage : explosion avec de la poudre à fusil (une fameuse invention chinoise). Avec un tel langage, il essaye de lier le passé, le présent et l’avenir au travers d’une vraie communication entre l’Est et l’Ouest. ll considère même, avec romantisme et courage, que son but réel est de nous montrer la nouvelle dimension culturelle de demain: la communication avec les extraterrestres.

 

Hou Han Ru


Capture d’écran 2015-11-03 à 17.33.20

 
Technikart #18

Juin / Juillet 1995