Rétrospective de Leonardo Cremonini (1925-2010)

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Jusqu’au 23 décembre, la Galerie T&L organise la première rétrospective consacrée au peintre italien Leonardo Cremonini

Le flyer annonce la couleur : l’intérieur d’une chambre, une silhouette de femme qu’on devine nue derrière un mur, le reflet d’un homme affalé sur un lit. Le tableau, aux tons criard et suave, est voyeuriste, moqueur. Avec Les Indiscrétions d’une chambre (1971), on regarde par le trou de la serrure les petits riens du quotidien. Et c’est bien là la démarche de cette oeuvre ultramoderne du peintre italien Leonardo Cremonini (1925-2010). La société consumériste des 70s sous des lignes radicales, colorées, languissantes.

Solitude, station balnéaire et perte des repères, bienvenue dans le monde cruel du peintre italien.   La Route des Îles, 1981, huile sur toile

Alors c’est qui Cremonini ?
Leonardo Cremonini naît à Bologne. Il attrape le virus du pinceau dès l’enfance, une passion transmise grâce à son père. Vers 11 ans, il suit le paternel, direction la région de Calabre. Avec ses couchers de soleil, ses paysages brûlants et pittoresques, le Sud influencera sa vision artistique du monde : une vision à la fois solaire et sombre, réaliste et rêvée.
Après les Beaux-Arts à Bologne, un passage à Milan et un coup d’oeil de Peggy Guggenheim à Venise, le peintre en herbe s’envole bourse en poche en 1951 à Paris. La capitale devient son port d’attache. L’artiste marquera la seconde moitié du XXème siècle de son pinceau flashy et mélancolique. Aux paysages paisibles de la mer, des plages, se croisent les banalités du quotidien comme la salle de bains, les transats, les cafés. Les hommes sont dépeints de façon difformes, et semblent ne pas trouver leur place dans cette société de plus en plus agressive. 
Un style à la croisée du XXème siècle, où l’on retrouve une lointaine accointance avec la mélancolie urbaine d’un Edward Hopper et le figuralisme cynique d’un Lucian Freud.

Original et inclassable. On peut néanmoins rapprocher Cremonini de la Figuration Narrative, mouvance prônant un réalisme subjectif, voir contestataire de la société contemporaine (on se remet dans le contexte : les années 60, la Guerre Froide, les atrocités des guerres d’Algérie, Vietnam..). Avec Cremonini, son réalisme incendiaire se mêle à une poésie virulente. Une virulence contre cette société de consommation déshumanisante et chimérique, ou encore contre les horreurs des guerres d’Algérie (évoquées avec l’oeuvre La Torture, ci-dessous)

La Torture, 1961, huile sur toile

Discret et incontournable, Cremonini c’est aussi l’électron libre qui a aimanté les écrivains et philosophes de son temps comme Umberto Eco, Alberto Moravia, Paul Delvaux, Michel Butor … Aujourd’hui on dirait de Cremonini qu’il fut une sorte de peintre underground, observateur cynique et poétique de son époque. Mort en 2010, il laisse une importante collection de tableaux, aquarelles et dessins.

Ceux qui dépoussièrent l’oeuvre pour la première fois à Paris, c’est la Galerie T&L (Tancrède & Léopold, aux idées aussi affutées que leur slim). Deux jeunes galeristes passionnés d’art après-guerre qui investissent pour cette première rétrospective l’espace du 24 Beaubourg, face au Centre Pompidou. L’exposition, qui s’accompagne d’une préface de Jean-Jacques Aillagon, permettra de (re)découvrir ce peintre encore méconnu.

Exposition Leonardo Cremonini (1925 – 2010)
Du 30 novembre au 23 décembre
Galerie T&L, 24 Beaubourg, 75003 Paris  
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Les oeuvres de Leonardo Cremonini exposées à la Galerie 24Beaubourg (75003)