Slip musique ou pop à talons ?

Un quart de siècle après les années « Voguing », la mode cherche toujours qui pourrait la faire chanter… Mais ça, c’était avant que les créateurs de slips et talons aiguilles prennent le micro.

 

De mémoire de showrooms, on n’avait pas vu une telle effervescence dans la pop de créateurs depuis le légendaire « Deep in vogue » de Malcolm McLaren et Willi Ninja, les pères du voguing et des pas de danse imitant la pose des mannequins. D’ici quelques mois, Guillaume Gibault, du Slip Français, le nouveau James Jebbia (co-fondateur de Supreme) des sous-vêtements Made in France, pourrait en effet sortir Slip Français 1la première playlist de sa marque, désormais bien implantée à Hong-Kong et au Japon, avec la collaboration d’Entreprise, le célèbre label français de variétés chics et joliment pâlottes (Moodoïd, Grand Blanc). Mais l’EP de créatrice que tout le monde attend d’ici la prochaine fashion week (le 24 janvier à Paris), c’est celui d’Ines Olympe Mercadal, la néo-Callas des escarpins vintage qui vient  d’enregistrer trois singles d’une élégance toute chaloupée (« Amor y pesetas », « Les Robes d’un jour», « La Belle de Cadix ») avec un chanteur compositeur qu’on n’a pas fini d’entendre sur les podiums : le mélodieux Léonard Lasry. Digne fils spirituel de Frédéric Botton, l’homme qui fit chanter les actrices les plus improbables (Alice Sapritch, Melina Mercouri) et composa quelques génériques d’émissions célèbres (La Grosse Boule, Ce soir ou jamais), ce pianiste est clairement l’un des nouveaux talents de la fashion music. Et l’équivalent en chansons du dessinateur Kiraz (La BD Les Parisiennes).

On lui doit, entre autres, les derniers tours de chant de la styliste Maripol («Instant Magic »), un tube international avec la chanteuse culte des eighties Elisa Point (« L’Amour si chaud »), une ballade très bukowskienne avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus (« La Vie est dure pour les étoiles »), la co-création avec son frère des lunettes de soleil Thierry Lasry (adoptées par Madonna, Rihanna, Dita Von Teese) et la composition pour Ines-Olympe Mercadal de cette nouvelle « pop à talons » qui pourrait avancer à grands pas vers le succès, si l’industrie de la musique n’était pas devenu un vaste terrain vague. Et la mode le dernier moyen de nourrir les artistes.

 

OLIVIER MALNUIT

Léonard Lasry et Ines-Olympe Mercadal, nouvel EP en téléchargement sur 29 Music à partir de janvier 2016


 

Technikart #196

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