Mauvaise humeur

Il n’y a plus d’art possible. Tout est devenu art : la publicité, le design, la bouffe, ma chaise, ta femme, la boucherie Sanzot, le télécopieur d’en face, la veste de ma belle-mère, le PAF, la CGT, la SNCF, mon book bidon, l’Europe de 1992, le stagiaire licencié, mon talent, mes chevilles, mon verre vide, qui paie la prochaine tournée, t’as pas cent balles, il fait soif, je suis sans travail et Monsieur je veux bien vous donner 10 francs mais alors je vous accompagne à la boulangerie. La mort de l’art a déjà eu lieu : il a été digéré par la société de consommation et cette salope d’Andy Warhol. A présent, il ne nous reste plus qu’à inventer le non-art, ultime avatar d’un monde en pleine décrépitude et moyen rapide pour s’en mettre plein les fouilles. Le non-art existe, il a sa table au Fouquet’s et il n’a pas de tickets-restaurant. Le non-art est aisément reconnaisable à sa fausse barbe postiche. Le non-art peut représenter des fleurs ou une maison. Le non-art ne regarde pas Twin-Peaks (ou alors il enregistre). Le non-art mange des pommes. Le non-art pose en doudoune. Le non-art ne sert à rien. Le non-art va vous coûter TRES CHER ! Le non-art n’a pas d’amis. Le non-art a des doutes, parfois. Le non-art est né un mardi après-midi aux alentours de 16h32 à Boulogne Billancourt : il affichait 131 kilos à la naissance. Le non-art est un magnanime, il vous laisse une seconde chance. Le non-art pose en doudoune (rappel). Le non-art est irrégulièrement fauché dans la surface de réparation et, incroyable mon cher Jean-Michel !, l’arbitre laisse jouer. Le non-art vote exclusivement pour Louis Le Pensec. Le non-art connaît Jean-Yves Dugommier, 16 rue de la Porte. Le non-art est urgent. Le non-art vous plaint. Le non-art met mal à l’aise. Le non-art s’arrête là.