2015 sera (encore plus) queer

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La créatrice new-yorkaise Julia Shapiro a travaillé pour Jeremy Scott, Hood by air, Mara Hoffman, ONLY NY, Married to the mob, et Basta Surf. Sa marque JShap est rapidement devenue la plus buzzée – et queer – de la ville. Interview express.

 

Pour qui créez vous ? 

Julia Shapiro : Quasiment tous les Queers ont eu à surmonter des difficultés pour être ce qu’ils sont. Quand tu gagnes en confiance et que tu sais qui tu es, tu t’exprimes plus librement : que ce soit aussi bien par la musique, la performance, la mode, l’art. Mes habits sont une sorte de catalyseur de changements : en portant un truc spécial, on expérimente les réactions des gens et leurs comportements face à nous. Mes vêtements sont fait pour tous. Si si, je vous assure !

Dans une interview donnée au Huffingpost, vous dites « rejeter le marché de la mode » et vouloir « pousser les gens au-delà de leurs limites ». Les créateurs ne le font pas déjà ?
Je pense qu’à New-York particulièrement, la mode est devenue très basique, très « correcte ». Il ne faut pas mal le prendre, évidemment qu’il y a là-bas des designers exceptionnels mais je pense que la mondialisation a homogénéisé et dilué l’industrie. Beaucoup de designers sont focalisés sur les ventes et ce qui ressort des défilés est un mix de prévisions, de statistiques. Ce n’est pas de la mode, c’est les bénéfices potentiels qui dictent la mode. Quand je dis vouloir « pousser les gens au delà de leurs limites », je veux rappeler ce qu’est réellement la mode : des idées menées à bout, plus de risques, plus d’expression personnelle. Elle doit davantage nous faire tourner la tête. Créer un look fait qu’on s’échappe vers un autre monde, qu’on incarne plusieurs attitudes. Mon but est de promouvoir cette exploration des autres.

Pensez-vous que les modes queer – déjà très buzzées ces dernières saisons – le seront encore plus cette année ?
Je l’espère vraiment. Dans une certaine mesure, 2015 sera (encore) plus queer. Nous avons déjà vu pas mal de renouvellement dans la perception des genres dans les créations : les robes unisexes sont un truc génial à voir portées dans la rue ! En terme de remaniement total de l’industrie de la mode, en revanche, je pense que ça prendra du temps. La consommation ne va nulle part et les grandes maisons de couture et les designers, pompent ce que j’aime définir comme le « conservatisme chic ». C’est un cercle vicieux et cela prendra du temps avant que ça fasse « tilt ». C’est une question immense mais j’essaye de faire en sorte que ça marche !

Vous rêvez d’une mode « unisexe » ?
Oui, ma pensée est entièrement Unisexe !  Je travaille avec des Drags Queens et avec d’autres formes de travesti(e)s et je pense que n’importe qui peut mettre n’importe quel habit… Eh merde ! Il faut se débarrasser de tous ces noms de genres arbitraires qu’on nous donne !

Photo : défilé sauvage de JShap, New York 2015. (Site : www.jshapworld.com

Entretien Luciana Richard