Aladdin Charni – L’homme aux 1001 squats

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Le génie d’Aladdin peut-il sauver la fête à Paris ? Ne dites pas à sa banquière qu’Aladdin Charni ouvre des squats, elle le croit « créateur d’hétérotopies ». Il nous a ouvert les portes du dernier.

« Pour pénétrer ici, j’ai contacté un pote qui a crocheté la serrure. Pendant plusieurs semaines, ça n’a été que du ménage, du rangement, et puis
le jour où on a été prêts, on a lancé nos afters » raconte Aladdin Charni, 32 ans, en me faisant faire le tour du non-propriétaire du Péripate, immense espace logé dans un pylône en béton armé qui soutient le périph’, porte de la Villette.

« C’est fort émotionnellement quand tu vois la piste pleine et les gens se foutrent à poil parce qu’ils se sentent à l’aise. » Pédé, fils d’immigrés, freegan,
squatteur, ce Lyonnais à l’enthousiasme communicatif est devenu, depuis sa première soirée organisée au 13 rue d’Enghien en 2010, une icône du Paris souterrain. Un statut légitime car il est désormais le seul à organiser, avec ses différents collectifs, des teufs en squat à Paris : hier au Mont-C, au Poney Club (ancien abattoir chevalin dans le 15ème) ou au Pipi Caca (chiottes publiques désaffectées à Bonne Nouvelle), aujourd’hui dans cet immense Péripate, dont le matériel vient d’être confisqué (signez la pétition Sauvons le Péripate). Propulsé mère supérieure d’un milieu aussi fraternel que dingue, Aladdin, malgré les épreuves, continue coûte que coûte à vouloir «créer des hétérotopies» (concept forgé par Foucault décrivant une localisation physique de l’utopie) en proposant aux fêtards désabusés des soirées « sans barrières sociales ni droits d’entrée».

« Ces lieux que tu squattes, ils ne sont pas à toi. Tu dois les partager, les faire vivre, et si tu peux en faire une bulle de liberté, c’est parfait. »

PAR MICHAEL PECOT-KLEINER