ALAN MOORE – LE LÉGENDAIRE GENTLEMAN

Paru dans le Hors Série Geek de Technikart – 14/10/2009

Ses «Watchmen» ont fait passer les comics à l’âge adulte. Lui-même n’étant pas retombé en enfance depuis, il contemple avec désolation l’état actuel d’une pop culture qu’il juge incapable de se renouveler. Déception, coup de gueule, exclu !

Jamais là ou on l’attend, Alan Moore est à la fois un gentleman affable et un homme fatigué par tout le cirque médiatique autour des Watchmen, les siens et ceux que vient de filmer Zack Snyder. A l’heure où là geek culture s’est infiltrée partout, nous sommes allés interroger celui qu’on accuse parfois d’avoir ouvert la boite de Pandore avec lesdits WatchmenMagicien au look de Raspoutine et adepte de l’occultisme, Moore n’en est pas moins très lucide sur son époque. Alan Moore a encore de nombreuses surprises dans son sac. Et non ! il ne vous signera pas ce dvd des Watchmen Babies in V for Vacation, pas la peine d’insister.

ALAN MOORE, QU’EST CE QUI A CHANGÉ EN VINGT ANS DE CULTURE GEEK ?
Il y a vingt-cinq ans, Watchmen paraissait et nous recevions beaucoup d’attention des médias. L’idée principale qui se dégageait alors était : « Les comics ne sont plus pour les enfants. » A l’époque, nous voulions désespérément y croire. Dans les années 80, l’acceptation des Watchmen comme de la littérature a permis à beaucoup de gens de se « lâcher ». Des lecteurs qui n’en avaient que pour Batman, Spider-man, les X-Men et Green Lantern. Les Watchmen leur ont permis de se laisser aller à leurs pulsions de nostalgie. Ils pouvaient dire : « Je ne suis pas un cas de débilité légère qui lit des comics mais un amateur de romans graphiques. » Voilà, je pense que c’est ce qui à permis à la culture geek actuelle de prendre le contrôle.

EN S’AMÉLIORANT, LES COMICS ONT PERMIS D’ÉLEVER LEUR LECTORAT ?
Je ne pense pas que ce soit les comics qui ont gagné en maturité, c’est plutôt la société qui a régressé en s’infantilisant. Je ne dis pas que la culture geek n’a pas de formes d’expression et des personnalités intéressantes. Quand j’ai commencé à écrire au début des années 80, mon lectorat devait avoir entre 7 et 12 ans. J’ai pensé qu’on devait pouvoir toucher des lecteurs plus âgés. Puis j’ai eu des lecteurs entre 12 et 18 ans. Aujourd’hui, le lecteur moyen de comics a la petite quarantaine. Les comics ne sont plus pour les gosses mais pour ceux qui refusent de grandir.

IL NE S’AGIRAIT DONC QUE DE NOSTALGIE ?
C’est difficile de ne pas voir cet attachement au passé comme une sorte de retraite vis-à-vis de la complexité du monde moderne. Je n’ai jamais été en faveur de fictions purement divertissantes, je n’ai jamais voulu remonter le moral des gens en leur faisant croire que les situations négatives n’existaient pas. C’est pour cette raison que j’ai divorcé des comics. Je ne me considère plus comme un auteur ni un lecteur de comics. Il y a des travaux que j’apprécie mais je ne vois rien qui fait avancer les choses. Le mainstream est à l’unisson du reste de la culture américaine.

POURTANT, LE CINÉMA, LES JEUX VIDÉO ET LA TÉLÉVISION SE SONT ABONDAMMENT NOURRIS DES COMICS…
Justement : comme un moyen de faire des bénéfices. Aujourd’hui, personne ne veut plus faire de comics en tant que tels. Tout doit servir à développer des plateformes multimédias. Vous savez, je n’ai vu aucun des films consacrés aux superhéros. L’idée me paraît ridicule et infantile. Je suis un adulte, pourquoi voudrais-je voir des fantaisies adolescentes telles que Batman ? Au niveau créatif, c’est pire. Prenons la misérable adaptation du Spirit par Frank Miller qui est en train de mourir au box-office : dès que j’ai entendu parler du projet, j’étais incrédule. Ces gens ont-ils seulement compris le sens du Spirit ? Ce n’est pas une série sur un ennemi du crime qui se bat dans un monde noir et graveleux. Ce qui compte, c’est la disposition des cases sur une page. Will Eisner changeait le support et le langage des comics, il jouait avec le logo du Spirit sur un immeuble délabré. C’était juste un comic-book avec cette histoire de base : un type qu’on croit mort vit dans un cimetière et combat le crime.

ET ?
Et il n’y a rien à en tirer. On est passé à côté de toute la fantaisie d’Eisner, de toutes les merveilleuses petites histoires, comme Adolf Hitler errant dans le Bronx en se demandant pourquoi personne ne l’aime. Ou encore l’histoire du cafard qui parle et celle du type qui pouvait voler – sauf que personne ne l’a jamais su. Voilà ce dont on devrait se souvenir à propos d’Eisner, et rien n’est plus éloigné du Sin City de Frank Miller. C’est très opportuniste et grossier d’avoir fait ça pour de l’argent vis-à-vis du travail vénérable d’un auteur. J’ai le plus grand mépris pour toute cette culture qui s’inspire des comics.

DANS UN ÉPISODE DES «SIMPSONS», VOUS ÉTIEZ REPRÉSENTÉ AVEC ART SPIEGELMAN ET DAN CLOWES. VOTRE AVATAR LANÇAIT QUELQUES PIQUES SUR LA GEEK CULTURE…
Oui, cet épisode des Simpsons (un comic-shop alternatif et son propriétaire, avec la voix de Jack Black, concurrence le magasin de superhéros mainstream de Springfield tenu par un gros nerd NDLR) contient ma harangue. J’ai trouvé ça bien. Nous avons reçu une carte de Noël de Matt Selman (scénariste de l’épisode NDLR) qui nous disait que la plaisanterie qu’il avait lancée à propos des Watchmen Babies dans V pour vacances semblait devenir horriblement vraie, avec ce film minable et toutes les saloperies qui lui sont associées.

FINALEMENT, L’IDÉE QUI EN RESSORT, C’EST QUE VOUS ÊTES PLUS PROCHE D’ART SPIEGELMAN OU DE DAN CLOWES QUE DE GENS QU’ON PRÉSENTE COMME VOS FILS SPIRITUELS, LES GRANT MORRISSON, WARREN ELLIS, MARK MILLAR…
Oui, mais pour être honnête, si je respecte le travail de Dan Clowes, je suis moins fan d’Art Spiegelman. Je n’ai rien vu de bien passionnant dans son A l’ombre des deux tours mortes, si ce n’est un livre trop grand et trop cher livrant une série de jérémiades autour du désastre des tours jumelles, le tout agrémenté de dessins appartenant au domaine public. En ce qui concerne Dan Clowes, lui au moins continue d’essayer de faire avancer la manière de raconter des histoires.

ET POUR LES AUTRES ?
Ma prise de distance avec les comics ne concerne pas que les superhéros ou les trucs de Grant Morrisson. C’est le marché dans son ensemble qui me déçoit. A part Jim Woodring (Frank), la plupart des comics « indépendants » sont très stylés, mais ils rabachent tous la même idée de la vacuité de la vie moderne dans la classe moyenne américaine. On ne peut qu’être d’accord avec eux, bien sûr, mais il y a des problèmes nettement plus importants dans le reste du monde. L’Amérique est un pays qui se sert avec disproportion des ressources mondiales. Ceux qui sont bien installés dans cette société pourraient faire mieux avec leur art. Nous sommes dans un siècle plutôt sérieux, des choses vont nous arriver et il va falloir que l’on s’en charge. Je ne pense pas qu’il soit très bon ni de se retirer au sein d’une fantaisie superhéroïque, ni dans une esthétique qui met en avant l’horreur des choses. Mais c’est juste mon opinion.

IL VOUS ARRIVE DE LIRE QUAND MÊME DES COMICS ?
Les seuls que je lise aujourd’hui datent d’il y a très longtemps, comme Herbie (un gamin obèse qui parodie les superhéros), que l’éditeur Dark Horse a réédité, ou bien Rory Hayes (publié par Fantagraphics), un primitif undergound très dérangeant. J’aimerais toujours travailler dans le monde des comics, je continue d’ailleurs la Ligue des gentlemen extraordinaires et il y aura quelques parties sous forme de comics dans mon Book of Magics. Mais je me définis désormais plutôt comme un écrivain et un magicien.

OÙ EN ÊTES-VOUS DE VOTRE ROMAN JÉRUSALEM ?
Aux trois quarts. Je vais approcher un demi million de mots. Pour le moment, je commence à peine à comprendre la portée de ce livre. Tout est centré autour du quartier où j’ai grandi à Northampton. C’est l’un des endroits les plus déshérités et négligés de la Grande-Bretagne et de l’Europe en général. J’utilise de grandes références historiques dans le récit. Au XIVe siècle, Northampton était une petite ville prospère. Ce petit quartier à connu le premier parlement du monde occidental vers 1200, les Croisades sont également parties de cet endroit sous l’égide du roi Jean, le frère de Richard Cœur de Lion. La Guerre des roses et la guerre civile, elles, se sont quasiment finies là. Et Charlie Chaplin y a donné son premier spectacle à l’âge de 8 ans. J’explore tout cela dans la lignée de la tradition littéraire britannique de ces époques – je pense à des auteurs comme William Blake.

Y AURA-T-IL UN CHAPITRE ILLISIBLE, COMME DANS «VOICE OF THE FIRE», VOTRE ROMAN PRÉCÉDENT ?
Quand les gens me le demandent, je leur réponds que non, ce sera très accessible. En fait, je leur mens, car le chapitre que j’écris en ce moment est basé sur la folie et l’histoire de la folie à Northampton. Le personnage central de ce chapitre vingt-six est Lucia Joyce, la fille de James Joyce, qui a été balayée de l’histoire officielle. Elle a passé les dernières quarante années de sa vie dans un hôpital de Northampton. J’écris tout cela dans un langage inspiré de celui de James Joyce, où tous les mots sont inventés. Ce sera très difficile à traduire. Je pense qu’il me faudra encore une année pour en venir à bout.

VOUS N’EN AVEZ PAS MARRE QU’ON VOUS PARLE DES «WATCHMEN» ALORS QUE VOUS ÊTES EN PLEIN DANS L’UNIVERS DE JOYCE ?
C’est une très bonne réflexion. Je ne sais même pas si j’ai un exemplaire de Watchmen à la maison, je ne peux plus regarder cet album, il y a trop de mauvais souvenirs associés à cela. Les Watchmen, pour moi, c’était il y a vingt-cinq ans. C’était la culture des années 80, nous sommes en 2009… Ça en dit long sur la pauvreté de la culture populaire actuelle. J’espérais que Watchmen allait ouvrir les portes et encourager les créateurs à concevoir des idées et des manières originales de raconter. C’est l’inverse qui s’est produit.

LE COMBLE, C’EST QUE BEAUCOUP D’AUTEURS QUI SONT D’ANCIENS GEEKS SE RÉCLAMENT DE VOUS…
Je suis toujours déprimé d’entendre des scénaristes de séries télé me citer en tant qu’influence majeure. Ça me dégoûterait presque de mon propre travail. Ces séries américaines sont pour la plupart vraiment très mal écrites. Il semble qu’ils ne retiennent que les éléments les plus superficiels de ce que je fais. Parfois, j’écris des choses que j’espère étranges, mais leur bizarrerie a un rapport avec l’histoire. Eux n’essaient pas de développer un point de vue, ils se contentent de montrer des choses qui ont un lointain rapport avec ce que j’ai écrit il y a dix ou vingt ans. Ça me fait penser que la culture occidentale n’a pas eu de nouvelles idées depuis plusieurs décennies. Ce soi-disant postmodernisme ne produit pas de nouvelles approches énergiques des choses. L’industrie musicale recycle le passé des dernières quarante années de la culture pop. Cette année, tout le monde va s’inspirer des groupes des 60’s, l’année prochaine, ce sera David Bowie ou Roxy Music, ensuite ce sera le tour du punk, puis tout le monde reviendra de nouveau vers les 60’s ! Les gens d’aujourd’hui méritent une culture qui leur est propre. Le fait qu’on ne leur donne pas cela prouve l’inertie de nos artistes.

QUELLE EN EST LA CAUSE ?
Avec le nombre d’informations dont nous disposons maintenant et la communauté globale qu’Internet a créée, les gens sont dans un état de choc créatif. Ils restent interdits devant l’immensité du monde qui les entoure, alors ils se retournent vers des choses qui ont déjà été dites par d’autres. Si on regarde la réponse de l’industrie des comics aux attaques du 11 septembre, il n’y a rien de plus emblématique. Cet événement change le monde et on nous montre une image de Captain America qui pleure. Pendant les sept ans de la « guerre contre la terreur » de George Bush, on a constaté une vraie couardise de l’industrie des comics. C’était difficile d’avoir une conversation avec des Américains sans avoir l’impression que leur téléphone était sur écoute et qu’ils avaient peur de dire des choses qui leur auraient apporté des ennuis. L’industrie des comics – qui s’était à juste titre moquée de Nixon puis de Ronald Reagan – ne voulait plus rien dire de mal sur le président.

VOUS AVEZ DES EXEMPLES CONCRETS ?
Oui, tous les éléments les plus anti-Bush que je mettais dans ma série Tomorrow’s Stories étaient supprimés, sans mon accord, avant publication. Autre exemple : Kevin O’Neill (le dessinateur avec lequel Alan Moore travaille NDLR) a été invité à dîner avec un personnage important de l’industrie des comics à Londres. Au milieu du repas, ce type, d’ordinaire très respecté dans la communauté des artistes, lui a dit : « Un bon conseil, ne chie pas là ou tu manges. » Cette attitude est présente dans toute l’industrie des comics. J’en suis venu à la conclusion que si les superhéros ont tellement bien marché aux Etats-Unis, c’est parce que ce pays a très peur d’entrer dans un conflit s’il n’est pas sûr d’avoir une très grande supériorité tactique. Tous les superhéros ne sont pas ainsi, mais nombreux sont ceux qui font du mal aux autres sans risquer de se blesser, tout en portant un costume fantaisiste et une cape.

ALEJANDRO JODOROWSKY A SOUVENT EXPRIMÉ, LUI AUSSI, SON DÉGOÛT DES SUPERHÉROS…
C’est très bien ! DeZ Vylenz qui a réalisé un documentaire sur moi (The Mindscape of Alan Moore) a rencontré Jodorowsky et lui a parlé de moi. Il lui a répondu en silence avec un pouce levé. J’aime ce compliment. Je ressens une certaine solidarité avec ce fou, mystique, ce « bâtard lecteur de tarot ». Qu’on lui donne plus de pouvoir !

IL PARAIT QUE LE PROCHAIN VOLUME DE «LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES» SERA UNE «COMÉDIE MUSICALE». IL Y AURA UN DISQUE AVEC LE COMIC-BOOK ?
Le premier volume de la première partie du volume 3, intitulé 1910, est une comédie musicale qui ne sera présente que sous forme de comics. Mais on parle, une fois que le volume 3 sera présenté en un seul album, d’enregistrer les chansons qui seront apparues tout le long. Comme toujours avec la Ligue, nous nous sommes tournés vers le passé et avons fait des recherches sur cette période. Il nous est apparu que l’Opéra de quat’sous de Kurt Weil et Bertold Brecht prenait place à ce moment-là, pendant le couronnement du roi Georges, en 1910. Il y a beaucoup de personnages intéressants dans l’Opéra de quat’sous : Mackie le surineur s’inspire du capitaine Macheath du Beggar’s Opera de Jonh Gay (1728). Kurt Weil était également très influencé par Jack l’éventreur dans sa conception de Mackie. Mackie et Jack l’éventreur ne font peut-être qu’un. On a amené d’autres éléments de l’époque comme Loulou, le film de Pabts avec Louise Brooks qui semble se passer en 1910 et où la prostituée découvre que son client n’est autre que Jack l’éventreur.

BRECHT EST TRÈS POLITIQUE. CE NOUVEAU VOLUME DE «LA LIGUE» LE SERA-T-IL AUSSI ?
On ne peut s’inspirer de Brecht et occulter cet aspect, ce profond sentiment d’injustice sociale. Les chansons de ce premier volume condamnent la classe qui dirige le monde sans égards pour ceux qui n’ont rien. Dans le volume 2, 1969, on aura une version punk rock de la Ballade de l’asservissement sexuel, il y aura aussi des chansons contre la guerre dans le volume 3. Je ne pense pas que la politique gène la narration. Je dois dire que quand Kevin et moi concevions ces chapitres, nous étions au summum de nos problèmes juridiques avec DC comics. Nous étions tous les deux très en colère. Une part de cette colère s’est retrouvée dans notre travail. Le résultat est proprement terrifiant, incandescent. C’est une joyeuse coïncidence, mais cette ardeur rejoint celle de Brecht vis-à-vis du pouvoir.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR «THE MINDSCAPE OF ALAN MOORE», LE DOCU QUI LUI EST CONSACRÉ: WWW.SHADOWSNAKE.COM
ENTRETIEN JEAN-EMMANUEL DELUXE

ALAN MOORE
1953_ Naissance à Northampton.
1970_ Exclu de son lycée pour avoir vendu du LSD.
1983_ Premier succès public avec «Swamp Thing» pour DC Comics. 1986_«Watchmen», la consécration.
1991-1998_ Publication de «From Hell» en fascicules.
2005_ «Watchmen» est cité parmi les cent meilleurs romans anglosaxons depuis 1923 dans «Time Magazine».
2009_ Premier chapitre du troisième volume de «la Ligue des gentlemen extraordinaires». «Watchmen» adapté au cinéma.

MOORE INCONNU
Alan Moore est une superstar de l’écriture. Moins connus, ses dessins et son… groupe de musique. On a fouillé au fond de sa cave.
Décembre 1974 _ Dans «Anon» («The Alternative Newspaper of Northampton», n°1 à 5), Moore narre les aventures d’une souris avec un strip réalisé sous le pseudo de Curt Vile (hommage à Kurt Weil, déjà).
Février 1978 _ «The Back Street Bugle Magazine» (n°16 à 23), un magazine alternatif, recueille ses aventures du St. Pancras Panda.
Mars 1979 _ «Dark Star», du n°19 à 25. Un fanzine qui publie ses strips («The Avenging Hunchback», «Kultural Krime Komix») toujours sous le nom de Curt Vile.
Août 1979 _ Dans le mensuel «The Northants Post», Alan Moore, sous le pseudo de Jill de Ray, écrit et dessine les facéties de Maxwell The Magic Cat. Moore aurait bien continué la série si le journal n’avait pas publié un article qu’il considérait comme homophobe. Les fouineurs retrouveront peut-être les albums 1 à 4 de «Maxwell».
Octobre 1979 _ Dans «Frantic Winter Special», Moore publie deux pages de gags silencieux sur le père Noël.
Novembre 1981 _ Eh oui, Alan Moore a écrit des histoires de Star Wars ! («Star Wars: The Empire Strikes Back Monthly», n°151, 154-156, 159).
1981 _ La première BD dessinée par Moore, «ThreeEyes McGurk And his Death Planet Commandos», est publiée aux Etats-Unis par Rip Off Press, l’éditeur des Freak Brothers de Gilbert Shelton.
Mars 1983 _ Dans «2000 A.D.» (n°308 à 330), la série Skizz avec Jim Baikie. Skizz est un gentil E.T. qui se retrouve confronté à des militaires.
1983 _ The Sinister Ducks, le groupe d’Alan Moore, sort un 45 tours du même nom (Face A: «March of the Sinister Ducks», face B: «Old Gangsters Never Die»). A l’intérieur, un comic-book de huit pages. Pour ce projet, Alan Moore s’était rebaptisé Translucia Baboon (le babouin translucide). Etonnant non ?
J.-E. D.

WHO WATCHES THE WATCHMEN ?
Plus séminal, tu fais pas. Près de vingt-cinq ans après sa sortie, «Watchmen» continue d’exercer une influence constante sur la pop culture, sous toutes ses formes. La preuve par cinq.
«LES INDESTRUCTIBLES» Plus qu’un remake non-avoué, le film de Brad Bird se présente comme une relecture familiale, drôlissime et extrêmement fidèle du comic-book de Gibbons et Moore (lui piquant même au passage le fameux gag de la cape). On dit souvent qu’il n’existe pas de bonnes adaptations ciné de l’œuvre d’Alan Moore. Faux: il y a «les Indestructibles».
«PLANETARY» Grosse tambouille de fiction geek enveloppée dans un mystère conspirationniste, le comics de Warren Ellis et John Cassaday se réclame de l’héritage «Watchmen» avec un style qui lui est propre.
«LOST» Les flashbacks, l’île déserte secrète, les voyages dans le temps, le comic-book qui renvoie à la situation vécue: «Lost» et «Watchmen» partagent beaucoup, peut-être trop. Néanmoins, on n’oubliera pas de si tôt le coup de force insensé réalisé par les showrunners Cuse/Lindelof: «Flashes Before your Eyes», remake presque «planche par planche» du chapitre 2 de la BD, reste à ce jour l’un des meilleurs épisodes de la série, toutes saisons confondues. Merci qui ?
«SOUTHLAND TALES» L’espace d’un film, le jeune Richard Kelly s’est rêvé en Alan Moore de la pelloche. Avec «Southland Tales», il emprunte à son mentor la constante des références littéraires, la démultiplication des points de vue et des personnages principaux, la mélancolie d’un monde prêt à imploser et un hermétisme qui fera fuir les moins persévérants. Histoire d’enfoncer le clou, Kelly s’est même chargé de scénariser le prequel de son film sous forme de comics…
DARREN ARONOFSKY C’est lui qui aurait du signer le film «Watchmen» si, comme souvent, le projet ne lui avait pas glissé entre les mains. Il se console comme il peut en réalisant «The Fountain», où il tente de plaquer quelques-une des obsessions mooriennes (le temps qui passe, les hommes qui changent, le vertige de la mise en abyme) sur une love story SF mal dégrossie. Son dernier, «The Wrestler», entretient de troublantes analogies avec le chapitre 1 («The Comedian») du comics. Obsession ?
FRANÇOIS GRELET