CHRISTOPHE ROCANCOURT – LA VERITE SI JE MENS

Paru dans le numéro 138 de Technikart – 30/11/2009

Après 43 M$ escroqués et cinq ans de prison, Christophe Rocancourt a-t-il troqué l’action contre la vérité ? Un premier roman pour 2010, un biopic produit par Thomas Langmann, une polémique avec Catherine Breillat: qui pourra stopper la reconversion du dandy de haut vol ?

Traders, convoyeurs de fonds ou patrons véreux ayant volé 50 milliards de billets verts au Nasdaq, l’histoire des imposteurs ambitieux s’écrit souvent sur une page vierge : partir de rien, réussir à tout prix, vivre le grand rêve américain. L’histoire est connue. C’est également celle de Christophe Rocancourt, Butch Cassidy de Honfleur pourtant prédestiné à un futur sans gloire : le père qui fait hic (alcoolique et voyou prolétaire), la mère qui fait crac (prostituée dans la caravane) et le Roc’ à l’assistance publique (à 12 ans). Le roman balzacien est en marche. Une montée à Paris, le métro, les putes, la rencontre avec Gigi, le mystérieux sauveteur qui l’initie aux soirées mondaines du Palace, puis le décollage en 1991 vers Los Angeles, pays des étoiles et des starlettes à (es)croquer.

Tantôt boxeur, producteur de film ou héritier de la famille Rockfeller, Rocancourt multiplie les identités et aligne une brochette de stars arnaquées à faire pâlir les mythomanes. A Polnareff, il fait croire que la suite du Regent Beverly Wilshire est la sienne lorsque le palace est encore en travaux. A Jean-Claude Van Damme, qu’il produira son prochain film. Aux autres (Mickey Rourke, acteur en lose, Charles Glenn, ancien couturier de Bardot), qu’il remboursera vite. A chaque fois, la stratégie est la même : gagner la confiance des victimes, se rendre indispensable et « faire signer des chèques parce que les gens donnent plus qu’en liquide ». La signature Rocancourt. Inimitable.

 

L’AFFRANCHI DES COMBINES
En 2001, après dix ans de bluff et plus de 40 M$ au compteur, le Frenchy en cavale fait désormais la « une » des médias US, se classe dans les dix « most wanted » poursuivis par George Mueller – « L’inspecteur Javert du FBI », ironise Rocancourt – et tombe finalement en Colombie britannique, Canada. La rançon de la gloire ? Cinq ans de prison sans passer par la case départ pour le Vautrin des temps modernes et un début de notoriété digne des blockbusters.
Ses amis (Bruel, Langmann, Sami Naceri et, euh… Felix Gray), ses amours (Sonia Rolland, Dieu, Mozart et Nietzsche), ses emmerdes (la prison, son divorce avec l’ex-miss France), il les monétise désormais dans des livres traduits en plusieurs langues. « Désormais, je suis devenu écrivain à temps plein, nous expliquera-t-il plus tard. Et si je voyage beaucoup, c’est pour la promo de mes bouquins. » Voilà pour la réalité, passons aux choses sérieuses. Cinq ans après sa sortie de zonzon, l’arrogant court toujours. Et plus vite que jamais.

BREITLING ET VIEUX MALFRATS
« Technikart ? Vous tirez à combien ? Qui le lit, votre journal ? C’est quoi, les anciennes couvertures ? Bon, okay pour l’interview, mais envoyez un fax pour confirmer que je fais bien la couv’. Vous savez ce qu’on dit : “Les paroles s’envolent…” » A l’autre bout du fil, la voix est rocailleuse, rayée comme un disque, reconnaissable entre mille à force de l’avoir entendue sur les plateaux américains et français. A trop se concentrer sur les faits réels, on en oublierait presque que chaque phrase semble être tirée d’une réplique de Scarface : « On pourra même discuter avec Patrick, si tu veux. » Patrick qui ? « Bruel, c’est un ami. Il doit jouer mon rôle dans l’adaptation de Thomas Langmann. » Un joueur de poker qui joue le rôle d’un escroc, tout cela sonne très véridique.
Dans les salons de l’hôtel Costes, en cette soirée du 9 novembre, entre Breitling, nouveaux riches et vieux malfrats, le « Roc » est là, à l’heure prévue. Une gueule de boxer au placard, le corps taillé en triangle de ceux qui ont pompé cinq ans au placard pour tromper l’ennui. Celui qui bouleversait jadis Berverly Hills sirote un café tranquille. A ses côtés, Farid Khider, une gueule pas vraiment inconnue, champion du monde de kick boxing, boxe thaïlandaise et française. Chez le Roc, tout est toujours question de catégorie, de tapis et de coups, alors forcément, plus rien ne surprend. Après avoir défrayé la chronique pour ses magouilles, c’est maintenant l’actualité d’autres bad boys qui permet à l’Houdini des chéquiers de parler comme un sage. Lorsqu’on demande au mentor menteur ce qu’il pense des escroqueries de ses nouveaux confrères, tout s’évapore en un soupir prolongé, digne des meilleurs coachs sportifs dans le verdict d’après-match.

DE MUSILIN À MADOFF
Tony Musilin, le convoyeur de fonds qui fait des heures sup’ à 11,6 M€ mais qui se rend finalement à la police ? « Ah… L’histoire est très belle, magnifique, mais elle finit en queue de poisson. La base de l’arnaque, elle est bien : simple vol, pas de violence, financièrement top. Au pire des cas, le mec pouvait enterrer l’argent, trois ans de prison maximum, neuf mois de grâce, il était refait et restait, euh… sympathique. Quel gâchis… »
Jérôme Kerviel, le trader qui paume à l’insu de son plein gré 4,82 milliards de la Société Générale ? « Comme je l’ai déjà dit à Newsweek, le type est inintéressant dans la démarche : couler la Société Générale et pas en tirer un rond, je vois pas l’intérêt. Kerviel, c’est un mensonge. »
Bernard Madoff, l’homme qui a avalé cinquante milliards en moins d’un demi-siècle ? « Madoff, c’est un magicien qui deale des cartes mais qui, à force de croire qu’il pouvait sortir des as, a fini par sortir le pire : l’as de pique. Il a pioché dans la mauvaise caisse. » En plein dérushage, un texto tombe sur le portable : « Jean-Pierre Treiber vient d’être arrêté par la police, après plusieurs semaines de cavale. » Finalement, jouer aux gendarmes et aux voleurs, ce n’est pas réservé qu’aux adultes. Qui sera le prochain bête à abattre ?

FAN DE MICHAEL MANN
La vérité, c’est que dans une société qui joue à la roulette russe sur chaque transaction, Rocancourt semble aujourd’hui bien petit face aux nouveaux maîtres de l’arnaque. Repenti au pays des voleurs, le Roc conserve surtout une affection particulière pour l’ex-ennemi public n°1, Jacques Mesrine, le seul, l’unique : « Il y a souvent des parallèles entre lui et moi. Mecs marginaux, indépendants, pas associés avec le milieu – ce qui est finalement plus couillu que d’appartenir à une famille. Moi, j’ai toujours agi seul, de peur qu’on me trahisse, pour ne jamais avoir à balancer qui que ce soit. »
« Never have anything in your life that you can’t walk out on in thirty seconds flat, if you spot the heat coming around the corner » (pouvoir tout quitter en trente secondes si tu sens que ça devient chaud). La vie des voyous vue par De Niro dans Heat, le superbe film de Michael Mann, Christophe connaît, c’était son quotidien dans la cité des Anges : « Des journées de plus, j’en ai eu des tonnes ! Des tas de journées à dormir à moitié, à me dire que c’était foutu. Quand on arnaque, on vit avec cet instinct d’être chassé comme un animal, on sait que c’est une question de temps, qu’on finira par se faire coffrer. » Surprise, le Roc adore le film de Michael Mann : « C’est drôle que tu cites Heat. Sa fille, Ami, est venue me voir en prison au Canada, elle voulait écrire un scénario sur moi. Moi, je suis au placard, en isolement, et au moment d’arriver dans le parloir pour la rencontrer, quand on me fouille, elle tourne la tête. Ça, c’est la décence. Ça m’a touché. »

MAGICIEN SOLIDE
Après la pudeur, la consécration. Thomas Langmann, producteur de Mesrine, rend plusieurs fois visite au prisonnier Rocancourt puis achète les droits pour 1 M€ . Sa vie, désormais, sera un film. Et Pacino, le parrain fantasmé, déclare « qu’aucun acteur n’aurait pu faire ce que Rocancourt a fait ».
Bigger than fake, stranger than life, l’ex-taulard se survit aujourd’hui à lui-même, ses méfaits, sa réputation, un homme qui garde les coupures de presse américaines mais qui a tourné la page, un malfrat qui reconnaît toutes les fautes mais n’éprouve aucun re mords, quelqu’un qui évolue dix ans sans filet sur la magouille mais qui toujours se relève. Un drôle d’artiste sans autre œuvre que sa propre vie ayant déjà côtoyé Sagan, Pacadis, Sophia Loren, Delon, Brando, Larry King, les juges et les barreaux froids.
Un « artiste », comme on dit dans le milieu, au profond besoin d’exister, devenu presque aussi célèbre que ses victimes : « La base, chez moi, ce fut de sortir d’un milieu, quoi qu’il arrive. Y a qu’une solution pour les gens comme nous : l’esclavage chez Re nault avec les boîtes de conserve à manger en compagnie de bobonne le soir. Moi, je veux être l’esclave, parce que le maître devient toujours soumis, il ne peut plus se passer de son serviteur. L’esclave progresse, le maître stresse et ne progresse plus. L’ego, c’est pareil, c’est régressif. Lorsque je suis arrêté au Canada, c’était même pas une baisse de vigilance, l’histoire était simplement devenue trop grosse et j’avais trop besoin de revoir mon fils, je savais que je partais pour longtemps. »
Le téléphone sonne, la voix du gouailleur s’adoucit (« Ouais. Non. Oui. Je te rappelle après le travail, Nanou ? »). Christophe a raccroché les gants, c’est promis, mais aimerait bien avoir Sarkozy comme sparring partner (« Trente minutes en face à face avec lui, ce serait drôle, il doit beaucoup aimer l’Amérique, non ? »). Tout est calme rue du Faubourg-Saint-Honoré, chaque mot se pèse chez le Rastignac de Honfleur mais l’aurevoir reste très jet-set : « Pour les photos, faut faire ça demain parce qu’après, je pars à Dubaï. » Fin du premier round. Le magicien est solide et son coffre-fort, fermé à double tour.

BREILLAT LESSIVÉE
« Je veux être l’ange bête, celui qui fait descendre les gens de leur piédestal. » En vingt ans de larcins divers, Rocancourt n’a pas arnaqué que des saints, parce que, c’est bien connu : « Quelqu’un qui est forcément honnête, on peut pas lui prendre de l’argent. » La grande comédie humaine, l’exploitation des failles chez le cupide, tout ça, le Roc connaît par cœur ; ce qui l’intéresse, « c’est la virgule, le jeu du miroir, parce que la plus belle proie, c’est le con qui est plus intelligent que toi ». De Charles Glenn, qui accepte de mentir en cautionnant une victoire par KO en échange de 500 $, aux stars déchues, qui prêtent beaucoup dans l’espoir de briller un peu, tous ont su médiatiser les arnaques du Roc en bouquin, procès, cassettes vidéos et autres produits dérivés.
Du café Maurice (le resto branché français de L.A. où le Roc débarque en 1991) à l’hôtel Costes, les mensonges du bad boy en disent parfois plus que tout le reste. L’histoire pourrait s’arrêter là, sur le parvis d’un tribunal qui lui aurait fait payer son besoin de « vivre comme si demain, y avait plus ». Mais en 2005, le Roc rencontre le soufre. La réalisatrice Catherine Breillat (Romance X, Anatomie de l’enfer) le veut pour son prochain film, Bad Love, avec Naomi Campbell. Entre le play-boy et la vieille, l’histoire devient passionnelle, fusionnelle et destructrice. L’amour durera trois ans. Elle cherche un destin froissé pour son long-métrage, il veut la reconnaissance, elle devient hémiplégique à cause d’une hémorragie cérébrale, il est à ses côtés jour et nuit. D’avances en dépannages, les chèques à l’ordre du Roc s’empilent sur la table : 650 000 € prêtés en trois ans pour couvrir son train de vie, ses galères, son cachet d’acteur présumé et l’écriture d’un scénario qui n’avance pas.

«ESCROC SAPIENS»
Pendant ce temps, « le Rauque », comme l’appelle Breillat, monte les marches à Cannes avec Naomi Campbell, et la réalisatrice, appauvrie par tant de générosité, vit au crochet de son nouvel ami, tombe de haut et publie aujourd’hui Abus de faiblesse, un livre brûlot déroulant la bobine d’un film qui finit mal et qui ne se tourne plus. Le réel, désormais, vibre plus fort que la fiction : « L’hémiplégie a fait de moi un cadavre, mais, de toutes les choses qui me sont arrivées, Rocancourt fut la pire. »
Breillat ne mâche plus ses mots (voir encadré), balance tout sur le bad love entre un « escroc sapiens » et une réalisatrice dupée comme une enfant. Porte de Bagnolet, dans la nouvelle maison d’une Breillat désargentée, le linge sèche sur l’étendoir comme les remords sur les talons de chéquiers. En rassemblant toutes les factures, le Roc aurait soutiré près d’1 M€ à Breillat, qui a déposé plainte en avril 2009 auprès de la brigade de répression de la délinquance astucieuse.
Bien évidemment, les preuves manquent encore pour aller au pénal et difficile de distinguer le vrai du faux dans un livre où s’enchevêtrent erreurs de débutant (« J’avais lu ses livres autobiographiques, mais je ne pensais pas que cela se retournerait un jour contre moi », explique Breillat), anecdotes bizness (un puissant groupe industriel qui rachète les parts de Rocancourt dans un restaurant mythique de Deauville, achetées avec l’argent de Breillat) et amour blessé entre fils et mère spirituels. Acclamé par les rappeurs (« C’est un charmeur de serpent, un tchatcheur. Il a l’art de manier les mots et de manipuler les esprits ! (…) Cet Einstein de l’école de la rue est parti de rien, il a fait cauchemarder le rêve américain », dixit le rappeur Seth Gueko) mais décrié par ses victimes (« Tout est faux chez lui, sa seule culture, c’est son nom », crie Breillat), tout converge finalement en pointillé : Rocancourt toujours et tel épris qui croyait prendre.

ATTRAPE-MOI SI TU PEUX
Lundi 16 novembre. Round 2, rue du Faubourg-Saint-Antoine, pour le match retour. Quelques jours plus tôt, Rocancourt nous a baladés lors d’une séance photos où il s’est vu tour à tour refuser l’accès chez Dior (« Appelle Vincent de ma part, c’est un ami », Vincent est vendeur, le service presse refuse) et dans une salle de sport chic, le Ken Club (« C’est dingue, je suis actionnaire ici, pourtant ! »).
Là, dans les fauteuils du Costes, le Roc, semblable à lui-même, est passionnant, drôle, charismatique, antihéros d’une fiction qu’il écrit au quotidien. Mais s’il sort son premier roman chez Flammarion en mars prochain (voir encadré), il semble pour l’instant plus inquiet des retombées de l’affaire Breillat : « Si la police ne m’a pas encore convoqué, c’est qu’il n’y a pas matière à aller au pénal, tout au plus au civil. Breillat use une dernière cartouche pour vendre son bouquin, c’est tout… Mais elle a autant de haine que ça, encore ? »
Bah oui, on a passé l’après-midi de la veille avec elle. Elle est vénère mémère, sur la paille et le fusil chargé : « Si demain je devais recevoir une convocation de la police, je me présenterais. Ce serait une belle pièce de théâtre que de retrouver Breillat et Rocancourt au tribunal ! »

«PAS UN CRIMINEL !»
Quand on lui lâche les chiffres, Rocancourt s’enflamme : « D’une part, il s’agit d’un prêt, d’autre part, d’une avance sur un scénario dans la logique de faire un film avec moi. Bon, c’est vrai que 650 000 € pour une avance sur un film de Breillat, c’est beaucoup, je reconnais. Mais cela ne fait pas de moi un criminel ! » La voix s’éraille, le scénario dérape, entre gentils et méchants, c’est surtout la thin red line qui sépare les nouveaux ennemis : « Breillat, ruinée ? Son mari, c’était [Emmanuel] Schlumberger, un millionnaire qui a vendu sa société, faut arrêter, là ! Elle t’a parlé de l’actrice qui a porté plainte pour viol ? C’est plus grave qu’une histoire de chèques, non ? On surfe sur le coucou, là ! » Selon Breillat, le viol est une scène extraite de Romance, son film avec Caroline Ducey, « une amie qui n’a jamais porté plainte, il confond une scène avec la réalité. » Entre vol et viol, le coucou ne sait plus où donner de la tête.
Dans l’antre du Costes, le Roc et Khider font face sans trop d’angoisse pour le futur : le boxeur, lui aussi, sort un livre en 2010, une bio écrite sans les gants (Ma vie à coups de poings) qui rappelle que les deux sont « toujours collés comme deux bonbons », dixit Breillat. « La prison, t’inquiète pas, on n’ira pas, s’esclaffe le Roc. Celui qui fuit, c’est celui qui a tort. » Ou celui qui n’a pas bien balisé son chemin. « Aujourd’hui, on le balise bien, non ? » Sourires.

«EH, RÉGINE, COMMENT VAS-TU ?»
La vérité, lorsqu’on est bandit, c’est encore le seul luxe qu’on ne puisse s’offrir. Restent les rêves, pour s’évader. « Eh, Régine, comment vas-tu ? » Le Roc se redresse, claque une bise à la femme sans visage puis revient. « Ça fait vingt ans que je la connais, vas-y, demande-lui ! », souffle-t-il comme une confession, parce que la vérité se dit forcément à voix basse.
Dans ces parloirs aux enluminures dorées, tous se ressemblent, finalement. Bandits, notables, bourgeois et escrocs, qui saurait dire la vérité à la lumière des néons blafards ? Lorsque toutes les traces auront été recouvertes, que le soupçon aura été assoupi, Dieu seul sait qui sera le prochain partenaire du Roc. A défaut de tout dire, les héros du monde moderne savent encore courir plus vite que les balles.

ARNAQUES DU ROC, LE TOP 10
Le bad boy français en a tellement dépouillés qu’il fut un temps le «most wanted» du tout-Hollywood. Rappel des faits.
CHARLES GLENN_ Notable de Hollywood, ex-couturier de Brigitte Bardot, Glenn est la première proie californienne du Frenchy expatrié. Tour à tour victime, balance et receleur, Glenn a les glandes: le Roc l’aurait trahi.
BUDDY OCHOA_ Acteur de seconde zone prêt à tout pour s’enrichir, Ochoa prête 20 000 $ à Rocancourt, sûr et certain de décupler la mise. Rocancourt: «Ochoa a refusé que je le rembourse afin de médiatiser son histoire.»
JEAN-CLAUDE VAN DAMME_ Lorsqu’un acteur un peu crédule rencontre un gangster caméléon, ça donne une arnaque classique chez Rocancourt: des mensonges («Je produirai ton prochain film») et un artiste de plus à accrocher sur la cheminée.
MICKEY ROURKE_ Ami et confident de l’escroc pendant de nombreuses années, Rourke espère que Christophe produira son prochain film. Un french kiss plus loin (pour faire la «une» d’un journal gay), et Rocancourt a disparu.
MICHEL POLNAREFF_ Déguisé en Louis XIV pour Halloween, Rocancourt rencontre Polnareff à Los Angeles, «un génie du piano un peu débile qui cherche à percer aux Etats-Unis depuis des années». Dépressif, «Paulo» fait de Chris son meilleur ami. Résultat: 250 000 $ d’escroqueries.
PIA REYES_ Ancien modèle Playboy, la pin-up tombe amoureuse de Christophe. Au même moment, Rocancourt entretient une liaison avec Rhonda Rydell en se prétendant fils de comtesse.
CORINE EELTINK_ Masseuse anonyme, Corinne s’est tout de même bien fait palper: 14 000 $ en moins sur son compte en banque en espérant tripler la mise. Vous connaissez la suite.
GINES SERRAN PAGAN_ Présenté par Corine Elltink, le Roc n’aurait jamais dû rencontrer Gines Pagan, peintre NewYorkais qui ne croit pas aux affabulations du descendant des Rockfeller. Surpris par tant de morgue, il organise un dîner de cons pour celui qui dit être ami avec Bill Clinton. Too bad.
ROBERT BALDOCK_ Riche homme d’affaires canadien, Baldock se fait balader par notre Français de palace en station de ski, dans l’attente d’un gros virement du Roc. Mais moins dupe que les autres, il flaire la magouille: Rocancourt est reconnu, fin de la cavale.
CATHERINE BREILLAT_ «Artiste en fin de carrière qui souffre d’un mal d’exister», dixit Rocancourt, Breillat se serait fait délester de près d’un million d’euros par son futur acteur. Dernière victime supposée du Roc and roll.
T. D.

ESCROC MAIS PLUS TROP ?
Avec son premier roman et un biopic en préparation, Christophe Rocancourt continuerait d’exploiter son propre mythe. Voyons si tout cela est vrai. près deux autobiographies publiées à trois ans d’intervalle, le Roc reviendra dans les bacs en mars 2010 avec, sonnez trompettes, un premier roman publié chez Flammarion. Ecrit comme «un livre à clés qui décrit les origines», le récit présente un anti-héros machiavélique et intelligent qui «chute à la fin mais espère bien se relever». Troublant de similitudes avec sa propre histoire. Rocancourt annonce tout de même quelques prises de liberté avec sa vie réelle. Un minimum, quand on est écrivain, non ?
Après l’adaptation au cinéma d’autres vies de bandits («Sans arme, ni haine, ni violence» sur Spaggiari, «l’Instinct de mort» sur Mesrine) «A.K.A», le biopic du Roc, reste encore une grande Arlésienne. Annoncé depuis 2007, longtemps repoussé puis re-annoncé avec un casting fantôme (Benoît Magimel dans le peau du voleur, Florent-Emilio Seri derrière la caméra, une B.O. avec Rohff, Seth Gueko, Tunisiano et Sefyu), le film produit par Thomas Langmann devrait enfin voir le jour en 2011, si tout va bien: «Oui, le film est toujours d’actualité, le script est en train d’être fini, on tourne en 2010», affirme le producteur d’«Astérix aux jeux olympiques», avant de s’étonner sur la question du casting: «Patrick Bruel dans le rôle principal ? Mais qui vous a dit ça ? Ce sera une production américaine avec un acteur anglos-axon dans le rôle principal !»
Fidèle de longue date, parce qu’il est souvent venu voir le prisonnier dans sa cabane au Canada, Langmann aime l’histoire de Rocancourt. Il l’achète dès 2001, huit ans avant les rebondissements, la sortie de taule et l’affaire Breillat. Au fait, ce nouveau chapitre sera-t-il intégré au scénario ? «A priori, non, sourit le Roc. De toute façon, j’ai un droit de consultant autobiographique, Langmann au moins, il ne m’attaquera pas si je lui prends 1 M€, ah ah ah ! Et il t’a dit qu’on était amis ?»

THOMAS DUCRES