Doit-on censurer Sausage Party ?

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Le mal est diagnostiqué depuis fort longtemps, il nous a tous incités désormais à détourner le regard dès qu’une prout-comédie vient s’échouer sur un coin de la route. L’improvisation a dévoré tout cru ce paysage-là et n’aura laissé aucun survivant derrière elle. Même le génie de Will Ferrell ne lui aura pas survécu. Précédemment coupable de This Is The End, épitaphe tellement à la ramasse qu’elle n’était même pas consciente de son caractère terminal, la bande de Seth Rogen semblait avoir conçu, dans un drôle sursaut de lucidité, le cartoon Sausage Party pour conjurer le sort. Faire de l’animation, c’est toujours le meilleur moyen de s’éviter l’empilage de vannes minables sur un plateau ciné. Faisant semblant de se trouver un concept (Toy Story dans un supermarché) et un sujet (la foi qui rend con), le film déroule au final une succession de saynètes putrides où un Knacki lubrique essaie d’enfiler pendant 80 minutes une brioche coincée du cul. Jusqu’à sa partouze finale où les diverses sauces pour viandes giclent à chaque coin de l’écran, Sausage Party mise tout sur une quête de grâce libertaire mais ne s’extirpe jamais de la fange. Pas de gags, pas de scènes, pas de personnages, juste de la viandasse vulgos débitée mécaniquement au kilo. Leur goût de l’impro n’était pas le vrai problème, au fond : ces gens-là sont juste devenus de grosses feignasses.

Sausage Party, de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Pas d’étoiles

Actuellement en salle

FRANCOIS GRELET

Paru dans Technikart #207, novembre 2016

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