Expérience extrême : comment j’ai adhéré au Parti Socialiste ?

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Des adhésions en chute libre et des militants au bord de l’insurrection Pour le camarade Olivier Malnuit, c’est le moment ou jamais de postuler auprès du Parti qui voulait changer la vie.

La dernière aventure moderne ? Adhérer au Parti socialiste ! La seule formation politique où même les militants ne peuvent plus encadrer les dirigeants et les bonnes meufs sont partis faire du shopping depuis longtemps, a certes un peu de plomb dans l’aile mais un joli projet : « Le renouveau des têtes et dans les têtes ». Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti. De la part d’un type qui ressemble à Don Corleone dans une pub pour les chips, et a passé quinze ans chez les Lambertistes à planifier la confiscation du capital par les comités ouvriers, forcément c’est du sérieux! Et peu importe s’il a fallu faire voter les élus et le petit personnel pour le reconduire à la tête du Parti et le mettre à la botte de l’Élysée. Tout ça – « Nous ne voulons plus être hors sol, nous allons mettre une nouvelle génération à la tête du Parti, transformer les fédérations en Maisons de la gauche, etc.» – partait d’un tel bon sentiment que j’ai bravé la pluie un samedi matin pour rencontrer mes nouveaux « camarades » dans une permanence de quartier avec des tracts pendus sur une corde à linge :
« Bonjour, c’est Olivier Malnuit du Magazine Technikart!»
– Oui, c’est pour quoi ?
– Je viens d’adhérer au PS sur Internet et j’aimerais vous faire part de quelques idées – un peu à droite, pardon ! – pour réduire le chômage. Que pensez vous, par exemple, de réformer la justice prud’homale qui fonctionne comme une roulette russe pour les employeurs, freine l’embauche sur la durée, et transforme ainsi toutes perspectives de CDI en filets de merlu pour Lucas Brasi, hein ? Vous voyez ce que je veux dire ?
– Bah vous tombez mal, c’est qu’on est en pleine préparation du Congrès de Poitiers !
– Ah bon ? Et de quoi allez-vous parler dans la Vienne ? Des blocages à l’embauche ? De la précarité des CDD qu’on force tous les six mois à prendre des congés aux frais des Assedic pour éviter de les régulariser ?
– Vous n’avez pas entendu le premier secrétaire ? On va se RENOUVELER POUR REUSSIR », éclatent soudain de rire deux rombières en bigoudis verts à peine plus âgées que Madeleine Chapsal quand elle faisait du catch dans la boue avec Françoise Giroud. « Jeune homme, ajoutent les dames patronnesses, vous voyez ces tracts pour un Pass Navigo à 60 euros ? Rendez vous utile, allez les distribuer. »
– Sauf votre respect camaradesses, pourquoi vous soucier autant des transports Franciliens ? La dernière fois que vous avez pris le RER, ça devait être pour une figuration dans Buet froid, non ?
– Mais parce que c’est aussi ça être socialiste mon ami ! Ne jamais laisser personne sur le bord du chemin »
Et c’est à ce moment précis que j’ai compris que le Parti de Jaurès était devenu aussi chaud bouillant qu’une réunion de copropriété quand il s’agit de voter le ravalement de la façade. Comme le dit ma copine Juliette Méadel, la porte-parole du Parti qui court les micros avant son petit boulot dans la grande administration : « Il faut dynamiter le PS, le sens de l’histoire c’est l’ouverture ». Mais dans quel sens ? Celui qui kidnappe la primaire pour faire réélire un Président à 15 % ? Plus tard, l’un des (derniers) militants me confiera : « Faire des copier-coller entre les diérentes motions, tellement tout est bidon. » Sur la coque de son iPhone aux couleurs du PS, il y avait les mots « changement en cours ». Visiblement, ce n’est pas pour tout de suite.

                                                                                                                  Olivier Malnuit