FREDERIC MITTERAND – «JE NE SERAI PAS LE MINISTRE DE L’ART COMPTANT POUR RIEN !»

Paru dans le Hors-Série Art de Technikart – Automne 2009

Frédéric Mitterrand sort à peine du maelström de «la Mauvaise Vie» qu’une autre tuile se présente: «Technikart» vient l’interviewer dans son bureau ! Grogne des galeristes, budget rikiki, salles des ventes, art à l’école: le ministre de la Culture n’élude rien et nous répond debout.

Pour Jean Philippe Domecq, « la confusion de l’intertainment et de la culture accomplit ce qu’ont accompli les dictatures : le nivellement par applaudissements. » Il dénonce : « l’épaisse légèreté » de certains artistes contemporains devenus icônes sans oeuvres, une idée de la création se mesurant en « monnaie de notoriété », des institutions et une critique reléguées au rang de « mouches à mode ». Apparemment, il n’est pas d’accord avec Jean-Jacques Aillagon sur la valeur et le choix de Jeff Koons à Versailles. Pour l’ex ministre, l’exposition est une proposition radicale et non une simple célébration ou un coup de pub. Polémique au château.

 

MONSIEUR LE MINISTRE, BONJOUR. COMMENT ALLEZ-VOUS ?
Ça va plutôt bien. Voire très bien, vu les circonstances. Je suis un peu fatigué, j’ai tendance parfois à mélanger les noms, mais ça devrait passer.

ON PUBLIE UN NUMÉRO SPÉCIAL ART CONTEMPORAIN. ÇA NE VOUS ENNUIE PAS QU’ON PARLE D’AUTRE CHOSE QUE DE VOS ÉCRITS DANS «LA MAUVAISE VIE» ?
Je n’ai aucun problème avec ça. Mais on en parle déjà beaucoup, vous savez. Si vous voulez revenir là-dessus, vous devriez changer de journal. Avec Technikart, je préfèrerais plutôt parler d’art contemporain…

JUSTEMENT, IL VA Y AVOIR LA FIAC DANS QUELQUES JOURS À PARIS ET VOUS VENEZ DE PRÉSENTER UN BUDGET DE LA CULTURE AVEC UN TRÈS GROS EFFORT POUR L’ENTRETIEN DES MONUMENTS HISTORIQUES (+80%)…
Et aussi pour les arts plastiques ! Avec un budget en hausse de 5%. Ce n’est pas gigantesque, bien sûr (2,4% du budget total – NDLR). Mais mon problème, cette année, c’était d’abord d’obtenir que le budget ne soit pas en diminution, alors que c’est le cas dans certains ministères. Moi, j’ai obtenu une augmentation significative à un moment où il y a un plan d’urgence pour la presse. Et franchement, la maison brûle…

ENTRE LA PRESSE ET L’ART, IL FALLAIT CHOISIR ?
Il fallait pondérer, trouver le moyen qu’il y ait quand même un peu plus pour les arts plastiques, mais qu’on vienne au secours de la presse (+ 51% d’aides) qui a un vrai problème. Et je suis très ferme avec les gens de la presse en leur disant : « Aide-toi, le ciel t’aidera. » Parce qu’il est évident qu’on ne fera pas cet effort constamment.

UN PROJET DE LOI ACTUELLEMENT EN DISCUSSION AU SÉNAT VISE À AUTORISER LES SALLES DE VENTES À PRATIQUER DES VENTES PRIVÉES POUR LES COLLECTIONNEURS. C’EST-À-DIRE À FAIRE UN PEU LE TRAVAIL DES GALERISTES. C’EST UNE IDÉE QUE VOUS SOUTENEZ ?
Bien sûr que je la soutiens, mais avec quelques garanties données aux galeristes et aux artistes. C’est une loi qui va permettre d’aligner le marché de l’art français sur les critères de Bruxelles. Et franchement, ce n’est pas rien.

POURTANT, VOUS SAVEZ COMBIEN FAIRE DÉCOUVRIR UN ARTISTE COÛTE CHER. COMMENT VOULEZ-VOUS QUE LES GALERISTES PUISSENT RÉVÉLER DE NOUVEAUX TALENTS SI LES VENTES DU SECOND MARCHÉ LEUR ÉCHAPPENT AU PROFIT DE SOTHEBY’S ET CHRISTIE’S ?
Mais j’en sais quelque chose ! Mon frère est galeriste et nous parlons de ces problèmes fréquemment. On va déjà faire passer la loi. Et puis, s’il y a des modalités d’ajustement à appliquer pour rassurer les galeristes, on y veillera. En tout cas, je vais les recevoir au plus vite pour en parler.

UNE AUTRE LOI SEMBLE NE PAS BIEN FONCTIONNER, C’EST LA LOI MUSÉE 2003 QUI OBLIGE LES ENTREPRISES À EXPOSER AU PUBLIC LEURS ŒUVRES D’ART POUR BÉNÉFICIER DE DÉDUCTIONS FISCALES. SOUHAITEZ-VOUS MODIFIER L’ESPRIT DE LA LOI OU, POUR VOUS, L’ART DOIT-IL TOUJOURS ÊTRE EXPOSÉ AU PUBLIC ?
Je trouve que les entreprises doivent montrer ce qu’elles achètent. Et si ça ne marche pas très bien, il faut leur dire de le faire quand même. D’ailleurs les Japonais, quand ils achètent des tableaux de Van Gogh, ils les mettent dans leur siège social. Donc, je ne songe pas à revenir sur cette loi. En revanche, je souhaite fédérer le mécénat. C’est-à-dire essayer de faire sentir aux mécènes et à ceux qui ont recours au mécénat que ce n’est pas une relation cynique mais constructive. Quand une société achète une œuvre et donne à ses employés la possibilité de la voir, vous ne pouvez pas savoir comme les gens sont fiers. Ils n’ont pas l’impression que c’est le patron ou la femme du patron qui s’est fait plaisir mais, au contraire, que c’est l’image de leur société qui rayonne. Pour moi, le mécénat, c’est un gisement. Et pas seulement un gisement d’argent…

C’EST SOUVENT LA PREMIÈRE MOTIVATION, NON ?
Oui, bien sûr. Comme la première des difficultés, c’est de trouver de l’argent quand on a un projet. Mais en fait, c’est pas ça. La première difficulté, c’est d’avoir un projet. Apportez-moi un bon projet, je vous trouverai l’argent. Ça, je vous le dis. Ça a l’air vague mais c’est très précis. En France, il y a par exemple dix mille héros obscurs qui sont des propriétaires de châteaux : la veuve du colonel qui n’a pas d’argent et qui hérite de sa bâtisse monstrueuse, par exemple… Eh bien, tous arrivent à tenir leurs demeures d’une manière absolument admirable. Ils font un vrai boulot. Ils savent qu’il y a une subvention de ceci, une subvention de cela. Mais, en contrepartie, ce sont les gardiens du patrimoine.

ON DIT DANS CERTAINS VERNISSAGES QUE VOUS ÊTES FOLLEMENT SYMPATHIQUE COMME MINISTRE DE LA CULTURE, MAIS…
Oui, c’est vrai qu’en général, il y a un mais…

… MAIS QUE VOUS AVEZ UNE APPROCHE BEAUCOUP PLUS «PATRIMONIALE» QUE MODERNE DE L’ART CONTEMPORAIN, QUE VOUS SEREZ LE «MINISTRE DE L’ART COMPTANT POUR RIEN»… QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Je trouve ça assez drôle comme formule… Non, je ne serai pas le ministre de l’Art comptant pour rien, plutôt le ministre de l’Art comptant pour tout. Je croyais pourtant m’être bien expliqué sur le sujet. Je dois avoir un défaut de communication… Pour moi, le patrimoine, ça va des grottes de Lascaux aux jeux vidéo, c’est une chose vivante. Regardez mon bureau qui, paraît-il, était celui de Malraux, vous avez des chaises de Philippe Starck, une sculpture de Giacometti, cette horloge incroyablement kitsch qui m’a été donnée par la ministre de Hongrie et que je trouve très bien… Et des fauteuils Louis XVI qui n’ont pas encore été recouverts. Donc, voilà ce que je suis. Je pense que l’une des grandes erreurs de la création contemporaine, c’est de vouloir faire table rase. Et moi, je veux tout. Alors, dire que je ne vais m’occuper que des vieilles pierres, c’est assez réducteur.

POUR DYNAMISER LE MARCHÉ DE L’ART, VOUS SOUHAITEZ INSTAURER UN PRÊT À TAUX ZÉRO POUR L’ACHAT D’ŒUVRES D’ARTISTES VIVANTS PEU CONNUS…
Ça a très très bien marché en Angleterre. Est-ce que ça marchera en France ? On verra.

PENSEZ-VOUS Y ARRIVER MALGRÉ LA CRISE ?
Je n’en ai pas encore parlé à Eric Woerth. Mais je pense que c’est le genre de choses qu’il peut admettre.

NE CRAIGNEZ-VOUS PAS DE CRÉER UN NOUVEAU MARCHÉ DE L’ART SUBVENTIONNÉ QUI POURRAIT AU CONTRAIRE «ENDORMIR» LA CRÉATION ?
Je ne sais pas. Les effets pervers, on ne les découvre qu’après. Et puis, qu’est-ce que ça veut dire le « marché de l’art subventionné » ? Les colonnes de Buren, elles sont subventionnées.

BAH, JUSTEMENT… PENDANT DES ANNÉES, LE MINISTÈRE DE LA CULTURE DISPOSAIT DE 1% DU BUDGET NATIONAL. L’ETAT COMMANDAIT DES ŒUVRES À LA PELLE. ET ON A ASSISTÉ À UN PHÉNOMÈNE DE COUR QUI N’A PAS VRAIMENT FAVORISÉ L’EXPORTATION DE L’ART FRANÇAIS À L’ÉTRANGER…
Je pense beaucoup de mal de cette manière de présenter les choses. Nous sommes dans un pays de tradition régalienne ou le soutien de l’Etat aux artistes a donné l’incroyable patrimoine que nous avons. Et je pense que ça doit continuer. Refaire les colonnes de Buren vingt-cinq ans après, c’est peut-être un peu tôt. C’est peut-être parce qu’on ne s’en est pas suffisamment occupé. Mais, en tout cas, c’est important qu’on le fasse.

AVEZ LE RECUL, VOUS PENSEZ QUOI DES ANNÉES LANG ?
J’ai un mot de Jack Lang sur mon bureau qui me dit qu’il a le sentiment que toute cette période est entrée dans une phase d’exploration critique. Mais c’est une idée à laquelle je ne m’associe absolument pas. C’était une période de floraison fantastique. Alors qu’ensuite, nous n’ayons pas su trouver les bons critères de vente, de communication et de promotion, aux Etats-Unis par exemple, c’est très possible. Mais on ne peut absolument pas le reprocher à Jack Lang. Pour le coup, je trouve ça complètement fou.

PENSEZ-VOUS QUE L’ART FRANÇAIS EST EN DÉCLIN ?
Relatif déclin… En tout cas, en tant que valeur marchande. Je vois bien que la France n’est pas représentée comme elle l’aurait été dans les années 30, par exemple. Mais faire le procès de l’Etat pour dire qu’il intervient trop… Et puis faire le procès de l’Etat pour dire qu’il n’intervient pas assez… Ça me semble très court comme analyse. Quant à en conclure que la société française serait artistiquement épuisée, c’est faux. Quand je vois ce que font Boltanski, Buren, Soulages… Bon, il a 90 ans, mais quand même.

VOUS SOUHAITEZ ÉGALEMENT QUE L’ART ET LA CULTURE SOIENT ENSEIGNÉS DÈS LA PETITE ÉCOLE…
Oui, je souhaite que l’histoire de l’art ou l’histoire des arts soit enseignée dès les petites classes. Mais je n’ai pas encore résolu le problème sémantique. Est-ce que c’est « histoire de l’art » ou « histoire des arts » ? Mon sentiment intime, c’est « histoire de l’art ». Parce que « histoire des arts », on va se retrouver avec la cuisine.

COMMENT ALLEZ-VOUS FAIRE POUR QUE CETTE BONNE IDÉE NE SE TRANSFORME PAS EN MATIÈRE BOUCHE-TROU ?
Je souhaite que cette matière obtienne une agrégation, c’est-à-dire qu’elle soit enseignée tout au long du cursus comme une matière à part entière avec toute la légitimité qu’elle mérite. Et pour ça, je m’appuie mordicus sur le soutien du président, les très bonnes relations que j’entretiens avec le ministre de l’Education et la poursuite d’une agitation d’idées courtoise mais ferme dans l’Education nationale. Bref, le combat continue. Ça va prendre encore un peu de temps, mais on va y arriver.

PENSEZ-VOUS QUE L’ART CONTEMPORAIN DÈS LE PRIMAIRE PUISSE AIDER CONTRE L’ÉCHEC SCOLAIRE DANS DES CLASSES OÙ IL N’Y A DÉJÀ PLUS LES MOYENS D’UN ENSEIGNEMENT ÉQUITABLE ?
Peut-être. Tout dépend de la manière dont ce sera fait. Vous savez, même le grec ancien peut être une arme contre l’échec scolaire, si c’est bien enseigné. Prenez Jacqueline de Remilly, 98 ans et aveugle, vous l’amenez à Saint-Denis, je peux vous dire qu’elle tient sa classe. Elle leur raconte Achille et tout ça… Ils suivent !

VU VOTRE IMPLICATION SUR LE SUJET, NE SERAIT-IL PAS PLUS LOGIQUE QUE VOUS DIRIGIEZ UN MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE L’EDUCATION ?
Ah, mais moi, je veux bien être ministre de l’Education, ministre de tout ce que vous voulez…

VOUS ÊTES À LA TÊTE D’UN MINISTÈRE QUI COMPREND LA CULTURE ET LA COMMUNICATION. PENSEZ-VOUS QU’UN TEL MINISTÈRE ÉLARGI SOIT UNE BONNE IDÉE POUR GARANTIR L’INDÉPENDANCE DES MÉDIAS ?
Ecoutez, si j’en juge par la manière dont la presse me traite actuellement, je peux vous confirmer que ça fonctionne. Quand on voit les trucs que j’ai signés il n’y a encore pas longtemps, pour envoyer des rustines partout pour que la presse continue à fonctionner… Personne ne peut imaginer que ce ministère de la Culture et de la Communication soit une entrave à la liberté et l’indépendance de la presse. Mais vraiment personne ! Vous êtes la première personne à me poser une question pareille.

L’ART CONTEMPORAIN A BEAUCOUP DE SUCCÈS. ET POURTANT, IL N’Y A TOUJOURS PAS DE GRANDE ÉMISSION D’ART SUR LE SERVICE PUBLIC… A VOTRE AVIS, C’EST DÛ À QUOI ?
Mais demandez au service public ! Je trouve, par exemple, que Guillaume Durand devrait retrouver le créneau nécessaire pour faire une grande émission d’art contemporain (voir encadré). Mais je ne vais pas commencer à téléphoner à Patrick de Carolis en lui disant : « Vous devriez faire ça… » C’est pas comme ça que ça marche. Par contre, j’ai quand même sur ce domaine-là, un certain pouvoir d’inflexion…

AH, QUAND MÊME !
Mais qui vous dit que je ne l’ai pas déjà fait (passer des coups de fils – NDLR) ?

RÉCEMMENT, LORS D’UNE INTERVIEW OÙ VOUS ÉTIEZ CERNÉS PAR LES JOURNALISTES, VOUS AVEZ DIT EN VOUS RENDANT AUX FRANCOFOLIES: «JE NE SUIS PAS LE PROPHÈTE, JE SUIS JUSTE UN PAUVRE TYPE QUI VA ÉCOUTER DE LA MUSIQUE.» AUJOURD’HUI, ÊTES-VOUS UN PAUVRE TYPE QUI ESSAIE DE FAIRE SON TRAVAIL DE MINISTRE OU UN HOMME D’ETAT ?
C’est un aveu de modestie délirante qui est assez étranger à mon caractère… J’aimerais être un type bien qui fait son boulot. Voilà ma réponse.

IL FAUT BEAUCOUP D’EGO ET D’AMOUR DE SOI POUR FAIRE DE LA POLITIQUE. MAIS ON VOUS SENT PARFOIS TRÈS FRAGILE…
Je suis assez coriace, vous savez. Je n’ai pas un très grand ego, c’est vrai. En tous cas je ne suis pas vaniteux. J’ai assez de fragilité en moi pour qu’il y ait un questionnement permanent. Mais aussi suffisamment de force pour que ça donne des résultats.

ENTRETIEN OLIVIER MALNUIT

GUILLAUME DURAND, TÊTE DE L’ART ?
Son ami le ministre de la Culture propulserait volontiers Guillaume Durand animateur d’une grande émission consacrée à l’art. Celui qui en a longtemps rêvé adore l’idée, mais ne se fait pas trop d’illusions.
Frédéric Mitterrand a déjà assez d’emmerdes pour ne pas provoquer une énième polémique en imposant une décision au président de France Télévisions. Pourtant, il se dit très tenté (voir notre interview) d’user de son «pouvoir d’inflexion» sur Patrick de Carolis pour qu’il confie à Guillaume Durand une grande émission sur l’art contemporain. Bien sûr, l’idée ne sort pas de nulle part. D’abord, l’ex-animateur de «Campus» admet sa proximité avec l’actuel ministre de la Culture: «Sans être intimes, on se connaît très bien. Depuis qu’il a été nommé ministre, je ne l’ai vu qu’une fois, on a parlé de Garouste et de son livre formidable.»
Ensuite, Guillaume Durand, fils de Lucien Durand, grand marchand d’art de Saint-Germain-des-Prés, n’est pas un homme de télévision comme les autres. Dans un milieu où l’on ne sait même pas prononcer les mots «prime time» avec l’accent british, il bénéficie d’un capital culturel avantageux. Sauf que: «Depuis des années, je cherche à convaincre les chaînes publiques de faire une telle émission, mais personne n’en veut.» Ou presque. «Quand j’étais sur La Cinq, on parlait d’art pendant quelques minutes tous les vendredis soirs à la fin de mon JT.»
Et à part ça ? Une fois, «grâce à De Greef», il réussit à fourguer à Canal une rétrospective sur l’art contemporain des années 80. Puis, il y aura «trois versions de “l’exposition impossible” pour France 2», qui réunissent des œuvres jamais présentées ensemble par la magie de la télévision. En 2002, Durand crée un concept au dispositif très télégénique: «Un décor de salle des ventes, où l’on présente des œuvres dont parleraient plusieurs intervenants tour à tour.» Refusé.
Toujours pas découragé, il tente encore sa chance avec Stéphane Simon (producteur historique d’Ardisson sur Paris Première) quelques années plus tard, en vain. Pour Durand, l’art contemporain à la télé, «on ne peut pas dire que ça n’a jamais existé, mais c’est très minoré. Seul Taddéï arrive à en faire un petit peu avec “D’art d’art”.» Et cette éblouissante absence est «un drame» très français. Outre-Manche, Damien Hirst est aussi connu que Noel Gallagher. Alors, Guillaume est-il tout excité par le soutien inattendu de son ami Frédéric ? «Si un jour, on peut faire quelque chose comme ça, c’est une très bonne chose.» Mais bon: «Que ça vienne de l’extérieur (des chaînes), ce serait d’une inélégance absolue.» Heureusement, M. Mitterrand est un gentleman…
PASCAL BORIES

FREDDY, LES GALERIES NE LUI DISENT PAS MERCI
Vaste polémique entre «Le ministre de l’Art comptant pour tout» et les galeries d’art qui comptent leurs sous…
«Ce qu’ils veulent, c’est nous prendre des parts de marché. Et puis, c’est tout !» Patrick Bongers a une galerie d’art (Louis Carré et Cie) et dirige le Comité professionnel des galeries d’art. Autant dire que dans sa profession, c’est une huile. Mais depuis que le ministre veut faire voter sa loi de «modernisation du marché de l’art», un truc assez compliqué qui file la migraine (même au ministre) et pourrait permettre à Christie’s et Sotheby’s de vendre les œuvres d’un artiste sans passer par une galerie, Patrick Bongers a la gouache au fond du bac à pinceaux. Il faut dire qu’avec ses copains galeristes et antiquaires (15 000 mecs prêts à tout), il sent l’arnaque grosse comme le cul de la nageuse de Niki de Saint Phalle qui trône à l’entrée du ministère de la Culture. «On nous dit que c’est pour redynamiser le marché de l’art. Mais ça va surtout permettre à des grosses salles de ventes internationales de brader nos artistes.» Frédéric Mitterrand se défend: «Pas de panique ! Nous allons prendre toutes les dispositions pour protéger les galeristes.» La mort du commerce ? Verdict devant les députés de l’assemblée, avant la fin de l’année.
OM

FREDDY LAPIN EN 10 POINTS
Le best of des expressions cultes du Ministre au moment où il les dit et leur traduction au cas où vous n’auriez pas tout compris.
1_ «J’adore “Technikart”, surtout la maquette. Ce magazine, c’est une œuvre d’art à lui tout seul…» (le truc qu’il dit en fin d’entretien)
2_ «J’ai de nouveaux projets pour L’Ile Séguin. Mais je ne peux pas vous en parler, je suis superstitieux…» (le truc qu’il a dit, mais qu’il a pas dit) 3_ «Excusez-moi, je suis fatigué, j’ai des petites pointes d’Alzheimer…» (la blagounette qu’il fait quand il a un peu fourché )
4_ «Ce qui peut m’arriver est très secondaire. Même quand c’est très violent, comme la semaine dernière…» (le truc qu’il dit quand il en a vraiment plein le cul)
6_ «Je suis incroyablement heureux d’être ici et de faire quelque chose qui a ses limites mais qui va quand même influencer les choses.» (le truc qu’il dit quand il veut faire simple, mais pas trop compliqué non plus)
7_ «Je crois que je suis très tolèrant, très ouvert, très curieux, je crois que je travaille beaucoup, j’essaie d’aller au fond de chose.» (le truc qu’il dit quand il met tout sur la table)
8_ «Vous avez vu ? On vous a préparé une installation d’art contemporain…» (la vanne qu’il fait aux visiteurs devant la terrasse du Ministère en travaux)
9_ «Quoi encore ?» (le truc qu’il dit au majordome à sonnette quand il apporte les cafés)
10_ «Ça ne vous ennuie pas que je reste debout pour marcher, ça m’aide à réfléchir…» (le truc qu’il dit quand il a encore rien dit)
OM