Les Cerveaux, le braquage de nazes qu’on attendait

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Le comble d’une farce régressive ? Être dingue au point de devenir plus sophistiquée qu’un Sofia Coppola. La preuve avec les trois Cerveaux (Wiig, Wilson et Galifianakis) du toujours perché Jared Hess.

Sur le papier, Les Cerveaux se réserve le créneau de la comédie post-Very Bad (Trip, Cops, ce que vous voulez) : zéro complexe, tabous puritains à nu, bêtise du héros érigée en atout parce qu’elle lui fait tout oser. Wiig en blondasse qui se refait une santé après la taule Ghostbusters, Wilson en gendre aussi idéal qu’insupportable et Galifianakis plus rouquin que jamais, tout est là pour nous inviter à poser les nôtres, de cerveaux, devant une équation apparemment simple. Un convoyeur de fonds se pique de braquer un fourgon, mais il a deux mains gauches = Galifianakis affronte la loi de Murphy comme il sait si bien le faire. Sauf qu’on est chez Jared Hess, le père d’un mythe barjot des années 2000, Napoleon Dynamite, et que le bonhomme a un sens comique bien à lui. Des phrasés braques, des noms crétins, des looks improbables (cf. le t-shirt Vote for Pedro, aujourd’hui banalisé chez les hipsters), un dadaïsme qui n’a finalement rien à enlever à Wes Anderson – Hess a d’ailleurs ceci de commun avec Wes qu’il s’habille comme ses persos, avec des chemises à petits carreaux qui font mal aux yeux. 

Et s’il va chercher Galifianakis, c’est bien que celui-ci s’est réglé sur la fréquence weirdo d’Adult Swim (ses plus belles prestations récentes sont chez Tim et Eric), tout comme Wilson revient d’une longue phase arty auprès de P.T. Anderson ou James L. Brooks. La seule différence est que Les Cerveaux passe par l’argument régressif style Very Bad Trip pour atteindre ce stade de poésie zinzin : grimaces ahuries, flingue dans le slip, rien ne manque (à part les putes thaïlandaises). Du coup, tout le monde est content : le public fan de Napoleon Dynamite et de Wes Anderson s’enchantera de voir Zach, Owen et cie pousser la folie à un niveau conceptuel ; celui de Very Bad Trip , lui, se soulagera de les voir revenir aux fondamentaux. On aura beau dire, Jared Hess est un mec qui a compris qu’il en fallait pour tous les goûts. 

Les Cerveaux : en salle le 23 novembre
YAL SADAT