Steevy Boulay va-t-il un jour entrer à la Pléiade ?

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On l’a connu lofteur peroxydé, soutien sarkozyste, on le retrouve partageant son temps entre Les Grosses Têtes, ses tournées théâtrales et l’écriture d’un roman écolo-royaliste. Vive Steevy 1er ?

La vie, c’est « up and down », c’est « move around ». Ce credo, Steevy Boulay l’a bien compris – il l’a même chanté pour un single, avec ses comparses de Loft Story première saison, en 2001. On le résumait alors à son seul prénom, à ses cheveux peroxydés et à sa peluche Bourriquet. Ce garçon était de la génération des prototypes d’une nouvelle forme de célébrité instantanée qui, douze mois plus tard, valait déjà des notules dans la rubrique des « Que sont-ils devenus ? ». Quinze ans après, les cheveux de ce trentenaire arborent un brun naturel, sur la terrasse du Café Marly en plein cœur du Palais Royal. « Ce n’est pas magnifique, hein ?, s’extasie Steevy. Ça, c’est la France ». Le lieu d’interview n’a pas été choisi par hasard. Dans son premier roman – attendez, on stoppe la phrase… Oui, Steevy Boulay a fait paraître courant septembre son premier roman, ce qui n’a pas manqué de faire sourire : Le Devoir avant tout. On en voit déjà qui sortent les vuvuzelas. « Je ne suis pas un littéraire », reconnaît-il. « Je veux juste raconter une histoire et me faire plaisir. J’ai commencé à écrire ce texte en 2004, et je l’ai recommencé quatre fois », avoue-t-il. D’ailleurs, Steevy Boulay n’a pas baigné tout de suite dans la littérature. Ce Sarthois, titulaire d’un BEP Audiovisuel, se revendique de la génération Internet-Nintendo-Sega. « Me poser pour lire un livre n’était même pas envisageable. Puis, lorsque Laurent Ruquier a fait appel à moi sur Europe 1, il m’a forcé à lire un ouvrage jusqu’au bout et à en faire un résumé. Et j’ai tout de suite aimé. » S’il ne souvient pas d’avoir un jour défendu envers et contre tous un bouquin de François Bégaudeau, il chante en revanche les louanges de Katherine Pancol et du Suédois Jonas Jonasson…

LOUIS XXI AU POUVOIR

On reprend la phrase du paragraphe précédent. Dans son roman, donc, Steevy Boulay imagine, dans un futur proche, une France qui, après avoir mené au pouvoir l’extrême-droite – ce qui va provoquer une crise sociale et institutionnelle –, va retrouver son statut de monarchie constitutionnelle. A sa tête, Louis XXI, premier roi « choisi par les Français » via un référendum. Quel rôle son fils Arthur, qui arpente la planète, sera-t-il amené à jouer ? Mélange de thriller complotiste, de satire et de fiction géopolitique nous menant à différents coins du globe, Le Devoir avant tout a les défauts de sa générosité – des grosses ficelles, un abus de dialogues, des clichés et des incohérences – mais se lit sans déplaisir. Il a également le mérite d’avoir un peu plus d’imagination et d’audace littéraire que, mettons, certains titres retenus en première sélection du Renaudot ou du Prix de Flore – rien que ça… (Ouh là là, tu vas avoir des ennuis toi !, ndlr.)
« Je sais bien que je passe pour un fou quand j’affirme que j’aime la Royauté », reconnaît Steevy Boulay, garçon de milieu modeste devenu winner parisien. « Ce dont j’ai envie, c’est du retour de la Grande France, sur le modèle de l’Angleterre. » Enthousiaste à la manière d’un chargé de TD en droit constitutionnel version Lorànt Deutsch, il prend alors la défense du système monarchique avec « quelqu’un au-dessus des partis » et un Premier ministre « élu pour six ans, pour un mandat unique »… .. Retrouvez l’intégralité du portrait dans le Technikart #207, novembre 2016

PORTRAIT PAR BAPTISTE LIGER PHOTO SIMON LAGOARDE

Paru dans #207

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