Pour un dernier adieu à l’année passée notre top 10 de l’année 2015.
1/ SICARIO, de Denis Villeneuve
Film-miracle qui réactive une certaine idée du cinéma seventies, son goût de cendre et sa poésie morbide, tout en racontant beaucoup mieux que tous les autres le monde d’aujourd’hui. Invente dans la foulée un monstrueux personnage de cinéma – le sicaire du titre – et impose sa bande-son d’outre tombe et son obsession topographique comme de nouveaux standards dans lesquels tous iront allègrement se servir. Si 2015 aura surtout brillé par ses films prototypes, le cador de l’année, lui, brille par son néo-classicisme trempé dans l’acier brûlant.
2/ MAD MAX, FURY ROAD de George Miller
Le grand ride électrisant, viscéral et bouillonnant de papy George tient aussi du grand manifeste théorique qui trace la voie du cinéma d’action de demain. Une énorme brèche s’est ouverte, merci de ne pas la laisser se refermer.
3/ IT FOLLOWS de David Robert Mitchell
Derrière le génie de son concept ultraminimaliste, résumé par le titre, un vrai film de trouille qui métaphorise les pulsions et les névroses adolescentes avec une sensibilité stupéfiante et une classe formelle effarante.
4/ LES NOUVEAUX SAUVAGES de Damian Szifron
Au moins trois segments déjà anthologiques (l’ouverture, la course poursuite et le mariage), mais surtout un film à sketches sans dénivelés ni coup de mou, construit comme un grand opéra-punk malpoli et rigolard.
5/ FOXCATCHER de Bennett Miller
En perdition totale, le genre film à Oscars relève la tête avec cet objet massif et d’une tristesse insondable, à l’image de son héros, lutteur tiraillé entre un frère trop encombrant et un mécène psychotique au tarin pas possible. Tellement bien que les Oscars l’ont complètement snobé.
6/ ELECTRIC BOOGALOO de Mark Hartley
Document précieux sur l’industrie us des eighties, portrait vitriolé des marlous Golan et Globus, comédie suprême menée à un train d’enfer et surtout ode au cinéma contrebandier digne du Ed Wood de Burton. Carton plein.
7/ THE DUKE OF BURGUNDY de Peter Strickland
Love-story SM pour gens de goût, le troisième film de Strickland est un vrai mélo d’orfèvre qui, derrière sa fixette Jess Franco et ses lesbiennes à tendance uro, tient surtout à faire pleurer dans les chaumières. Le pire, c’est qu’il y parvient.
8/ TOMORROWLAND de Brad Bird
Road-movie effréné qui tient à encapsuler le fun coloré des films Disney des sixties et la philosophie objectiviste de l’Oncle Walt. Programme maboul, bide tragique, plus belle I.A. de l’année, et déjà un point de ralliement pour cinéphiles un peu désaxés.
9/ LOVE de Gaspar Noé
Malgré ses défauts persistants et ses arguments marketing de gros malin, le porno-mélo de Noé nous laissera quand même des vignettes-culs plein la tête et des impacts sensoriels partout dans le corps. Soudain, l’amour.
10/ EX-MACHINA d’Alex Garland
Barbe Bleu est un génie-cyber, accro à la bibine et qui désosse ses androïdes sexy dans son blockhaus trendy. De l’anticipation qui vise juste, qui tape profond, et qui formule sa parano SF dans un parfait enrobage pince-sans-rire.
POUBELLOSCOPE : AVENGERS 2, L’ÈRE D’ULTRON : Ayé, tout le monde en a ras la casquette des Marveleries, vous, nous, les gosses, les parents et même Joss Whedon, qui signe en pilote automatique cette zèderie shooté en Roumanie, sans début, ni fin, ni milieu, ni scène, ni personnage, ni fun, ni rien.
FRANÇOIS GRELET
Technikart #197