Mes 5 conseils pour survivre à l’Euro 2016 (parce que ça va être long)

guillaumelandry_Beigbeder_7083_1

J’ai choisi la méthode Stanislavski : à la manière des personnages de Shaun of The Dead qui se badigeonnent de sang pour se mouvoir parmi les morts-vivants, je m’imbibe de bière et me bâtis un personnage de supporter, comme ça, pour passer le temps, pour vivre en paix parmi les gens. On ne peut pas dire que j’aime le foot, mais quand on me crie « Allez ! » je n’ai pas le cœur à répondre « Allez-y sans moi ». L’équipe que j’encourage varie selon mes interlocuteurs, à l’image de cette année où je me suis retrouvé à soutenir les Pays-Bas de peur de m’attirer les foudres des Bataves qui m’avaient pris pour un des leurs (à leur décharge, un coup de soleil m’avait repeint la gueule en orange). Je suis la foule. Je regarde l’écran. Et j’attends. Ce qui nous amène à la vraie question : comment ne pas mourir d’ennui quand on se soucie du score comme de son premier falafel ? Voilà quelques suggestions :

I « Tout est intéressant pourvu qu’on le regarde assez longtemps », disait Flaubert. Autrement dit, fixez le ballon jusqu’à visualiser la tête de votre pire ennemi(e) (chaque frappe vous procurera alors un intense sentiment de bien-être).

II Profitez de ces mouvements de foule avinée pour réaliser vos rêves vestimentaires les plus fous (pantacourt, bretelles, casquette à hélices, combishort ; ici tous les mauvais goûts sont permis).

III Embrassez qui vous voudrez. Comme le raconte Jean-Philippe Toussaint dans son livre Football, les buts les plus mémorables sont ceux qu’on célèbre dans les bras de parfait(e)s inconnu(e)s.

IV Laissez libre cours à votre passion pour la corne de brume, le cornemuse ou le didgeridoo : les tournois de foot constituent le manège enchanté des instrument mal-aimés.

V Souvenez-vous de ce que dit Nick Hornby : « Le football ne relève pas de l’évasion ni du divertissement, mais il représente une autre conception de l’univers. » Pour donner plus d’enjeu aux matchs, remplacez donc le nom des équipes par des trucs qui vous tiennent à coeur : pêchés capitaux, biscuits apéritifs, monstres gentils, comptes épargne, maladies vénériennes, live de Sardou – votre univers, vos règles du jeu.

 

Dernier livre paru_ Un Jeune homme superflu
(Au Diable Vauvert, 380 pages, 17€)

ROMAIN MONNERY
DESSIN ERWANN TERRIER


Paru dans Technikart #202, juin 2016

Technikart-202