The Witch, de Robert Eggers

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Au moment où l’horreur arty devient un sous-genre (de festival) qui commence à bien nous gaver, déboule The Witch qui, lui, convoque carrément Häxan, L’Heure du Loup et autres joyeusetés scandinaves à l’intérieur d’un film de sorcellerie qui aura fait exploser les baromètres du buzz partout où il est passé. Encore une arnaque anesthésiante ? Oulah non, le premier film de Robert Eggers se comporte comme un vrai shocker qui, derrière son goût du mystère et sa grandeur plastique, envisage le puritanisme comme un vrai moteur horrifique. Ça se passe donc au XVIIe en pleine Nouvelle-Angleterre et juste à côté d’une forêt touffue où s’installe une famille de bigots qui entend vivrParu dans Technikart #202, juin 2016e sa foi coupée de toute civilisation. L’atmosphère semble être à la contemplation, Eggers ne se prive d’ailleurs pas d’enquiller les stases pastoralo-expressionistes, mais The Witch ne laisse jamais le spectateur dans le rythme de la mastication. Les stridences glacent le sang, les contrastes colorimétriques foutent les nerfs en pelote et les accélérations font mal aux gencives (la scène de l’exorcisme !). Du cinéma d’exploitation ça, vraiment ?

 

FRANCOIS GRELET


Paru dans Technikart #202, juin 2016

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