Noël Godin veut-il se payer Manuel Valls ?

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Road-movie beatknik et burlesque, Faut se contenter de beaucoup met en scène deux vieux anars (joués par l’entarteur Noël Godin et l’ex-Action Directe Jean-Marc Rouillan) en quête d’une Cadillac. Rencontre avec les intéressés.

Ce film, en salles depuis ce matin, immortalise la rencontre et l’amitié naissante entre Noël Godin, le « terroriste pâtissier » belge, et Jean-Marc Rouillan, ex-Action Directe ayant passé plus de 20 ans derrière les barreaux. En liberté conditionnelle depuis 2011, il n’a pas le droit de parler politique dans les médias. Du coup, l’ancien prôneur de la lutte armée se contente de dire que « le monde d’aujourd’hui n’est plus le mien. »

« L’histoire du film, c’est la dérive de deux vieux en rupture » disent les deux amis, installés sur la banquette moleskine d’un bar du 11ème. Le pitch ? Nos gusses errent à travers la France à la rencontre d’activistes. On les suit aller avec les Zadistes punks du barrage de Sivens, « une semaine avant la mort de Rémi Fraisse » précise Noël Godin. « On voyait bien qu’ils n’étaient pas du tout préparés à de telles offensives des flics. » Jean-Marc Rouillan, lui, parle de « cette majorité qui accepte bêtement ce qu’on lui dicte et lorsque certains s’insurgent, ils restent dans une protestation pépère. »

Un an de tournage et la caméra en roue libre donnent aux deux une dimension d’acteurs. Mais pour autant, s’agit-il bien de personnages dans le film ? Ou des deux activistes dans un docu qui ne dit pas son nom ? « Il y avait beaucoup de scènes où nous parlions simplement, sans scénario et sans texte. Il y a forcément de nous dans ces deux types ! » affirme Godin, qui se sent proche de ce que dit son personnage du « ce désastre qu’est le monde aujourd’hui. »

En guise de conclusion, le film pose une question : et la suite ? Les deux se rêvent en Grêce, au Mexique ou en Espagne pour suivre « l’indignement mondial » de plus près. Mais s’ils restent en France, Godin avoue que « la tête à tarte de Matignon » lui donne des envies d’attentats pâtissiers… Manuel, gare à toi !

Pierre Ardilly 

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