Peut-on militer avec un kebab ?

Baptiste Fluzin

Baptiste Fluzin, graphiste confirmé et agit-propper à ses heures perdues, a su trouver le médium adéquat pour répondre aux élucubrations de Ménard : l’event Facebook.

 

« Je refuse que Béziers devienne la capitale du kebab », déclarait Robert Ménard en octobre dernier au sujet du sandwich germano-turc, coupable selon le maire de la capitale du Languedoc de mettre en péril sa chère identité française. Pour Baptiste Fluzin, 30 ans, c’est la provocation de trop. Ce jeune directeur artistique proche du PS (l’identité visuelle de la campagne de Hollande en 2012, c’était lui), décide de rétorquer en créant un événement sur Facebook : le Festival International du Kebab, à Bézier. « Venez passer une journée placée sous le signe de la sauce blanche/harissa/samouraï à Béziers. » 61 000 personnes s’inscrivent pour participer à ce festival – fictif – prévu pour le 5 mai. « J’ai préféré répondre par l’absurde, relate Baptiste Fluzin. Avec le Festival du Kebab, j’espère avoir réveillé les gens. Et si j’ai fait douter et flipper Ménard à ce point-là, c’est déjà une énorme réussite ! »

Répondre aux politiques

Formé à l’école des Gobelins, le boulot de ce designer est de transmettre des idées. Derrière le ton humoristique, son message est réel : montrer à Ménard et à l’ensemble des politiques que la communication n’est pas unidirectionnelle. Les citoyens doivent invoquer le droit de leur répondre. « N’importe quel citoyen révolté avec un blog, un compte Twitter ou un peu d’humour peut faire beaucoup de bruit », estime-t-il, avant d’avouer qu’il ne souhaite pas forcément renouveler l’opération. « Pour la suite, même si mon indignation reste entière, je préfère encourager n’importe quel anonyme à s’en inspirer. »

ALEXIS PAUMARD


Paru dans Technikart #201

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