Tous Paysans !

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Hôtel Peninsula, chambre 223. Benoit Delépine et Gustave Kervern trinquent au futur succès de leur film Saint Amour, habillés en combinaisons de tracteur. Ils ne savent pas encore que dans quelques jours, ils feront un carton en salles. Dévastés par le nouveau martyre paysan, les Français ont vu leur film en mode communards. Un « pinard movie » tourné « à la bricole », comme disent leurs auteurs. Mais qui a rallumé le cœur des Parisiens, jusqu’aux snobinards de salons. Et tant pis pour la réalisation à la France 3 et les bons sentiments à la (Gustave) Courbet, Saint Amour se boit cul-sec comme l’apéro de la vendetta. Celle d’un monde où le « toujours plus vite, toujours moins cher, toujours plus nase » de l’agriculture intensive, sonne aux oreilles de tous comme une absurdité insupportable. Réfléchissons. Qui, dans ce pays, a encore le luxe de pouvoir bien faire son boulot, à un rythme décent, pour gagner sa vie dignement ? À part les usuriers du système et la technocratie des enculeurs de mouches, absolument personne !

Et pourtant, comme l’avoue Benoit Delépine, lui-même ls d’agriculteur : « Tout peut encore changer ! » Un peu partout en France, on voit même pointer de nouvelles consciences de la terre : une nouvelle scène rock à la ferme, des « Bauhausiens » du tuning de tracteurs…
Une seule chose est sûre. Après Saint Amour, plus personne ne pourra se pavaner à la Maison Plisson (le Colette du terroir, ndlr) et tourner la tête quand les agriculteurs défilent sous les fenêtres des ministères. Nous avons tous un intermédiaire ou un banquier qui nous étrangle. Nous avons tous froid, nous avons tous faim, nous avons tous soif (et pas forcément du meilleur). Nous sommes tous paysans.

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