Arthur parle d’Arthur, double conquête.

arthur

Je ne suis que de passage aujourd’hui et je copie-colle. Pour éclairer à travers ce magazine d’intello un peu barge deux artistes, deux Arthur.

Poésie, street-art, graffeur, amour. 

Extrait de l’article:

« ARTHUR SIMONY NOUS NOIE SOUS DES TORRENTS DE TENDRESSE

Notre époque est au cynisme. On parle de fleurs, puis aussitôt de cercueil, et tout ça dans la même phrase.

Mais je ne vous apprends rien, en occident, ça fait cent ans qu’on y patauge et il faut admettre que le cynisme nous sied bien. On en a fait des œuvres plutôt potables, des mouvements de pensée qui ont leurs charmes ; de pleines existences entières. On est comme ça nous, les européens moyens : peine à jouir, impuissant à la joie de vivre. C’est culturel. C’est entendu. Mais parfois, d’entre deux soupirs désenchantés, surgit un feel-good artiste aux intentions positives, généreux en bon sentiment, et qui nous réchauffe en dedans. Son unique prétention est au mieux d’émerveiller, au pire de faire sourire.

Arthur Simony est un de ces artistes-là.

Arthur Simony est née en 1985. Il aurait réalisé sa première œuvre à 17 ans _ sa bio en fait rigoureusement mention_ ce qui est plutôt commode lorsqu’on se nomme Arthur et qu’on veut jouer avec les mythes. En 2002, il se rend en Belgique pour y étudier le stylisme, puis comme Rastignac avant lui, part à la conquête de la capitale. Et si un terme semble le suivre, caractérisant l’artiste tout autant que ses œuvres, c’est bien celui de « poétique ». Nous savions le poète artiste, mais sachez qu’il existe aussi l’artiste poète, qui ne pratique non pas ce que l’on nomme art poétique, mais plutôt un art poétique. On se comprend là non ?

Le risque initial de cette démarche nous paraît évident : alors que la poésie est soumise à une technique garantissant un semblant de forme (problématique semblable à celle qui suivit la publication des poèmes en prose de Aloysius Bertrand) l’effet poétique lui, est imprévisible. Parfois, on a beau avoir le jardin en fleur baigné d’un rayon de lune, la sauce ne prend pas. L’effet poétique est aléatoire. Presque involontaire. C’est donc un risque, un véritable coup de dés, auquel Arthur Simony se tente.

Mais comprenons-nous bien sur ce qu’on entend ici par poésie : ce n’est pas celle des sinistres élégies de Nerval, ou les interminables ronrons de Hugo, mais plus cette poésie épurée qui touche en général les poètes en vieillesse, fatigués par une vie de style et d’effet, se préférant aux vocabulaires simples de l’enfance. « Dessiner sur le givre, lancer cailloux sur étangs, je chante pour passer le temps ». Du Aragon amoureux, du Renée Char en temps de paix. De ce genre-là.

Pour communiquer ce sentiment poétique, Arthur Simony élabore des installations participatives, embrassant cette tradition qui s’évertue à abolir la séparation entre artiste et spectateur. Ses œuvres, populaires, intriguent et ont su se faire remarquer. En voici une liste non exhaustive :

Début 2013, accroché par des ficelles, il épingle le mot « vie » aux branches d’un arbre. Référence à la locution courante « le fil de la vie »; il répétera cette performance au Grand Palais de Paris dans le cadre de l’exposition collective L’échappée belle.

 

Puis la même année, se tient le vernissage de « Décrocher son étoile », où était possible au public de gravir un escabeau et de décrocher le mot « étoile » suspendu au plafond.

Au pont des arts, à Paris _ à l’époque où l’on ignorait encore qu’un pont puisse s’écrouler_ il installe plus de huit cents clés aux cadenas dans l’idée de libérer l’amour.

Mais surtout, cette performance moins accessible, mais qui se démarque à mes yeux tout personnellement : « Le galet ». Hommage saisissant à Francis Ponge, poète français qui a rédigé à travers son œuvre phare, Le parti pris des choses, une sorte de dictionnaire « sensible », dans une tentative de lier plus fortement les mots à l’être ou l’objet qu’ils représentent. Expérience de grammairien. Arthur Simony a fait se marier les deux, en écrivant sur des galets en bord de plage, et quiconque connait un peu son Ponge, hoche la tête en une frénétique approbation et applaudit cette extension de la pensée de l’auteur.

(…)

L’on peut critiquer l’ingénuité de ses œuvres, mais s’il s’avère que l’homme nécessite cette naïveté _ comme la réussite populaire de ses installations le prouve _ et qu’Arthur Simony répond à un besoin que l’on porte en nous, il ne m’est alors plus permi d’en dire du mal, mais au contraire de le féliciter.

(…)

 

Arthur Simony cherche à se faire une place dans le monde de l’art par la tendresse, prêchant un discours léger, mais essentiel. Tandis que les discours cyniques triomphent, en choquant et indignant à tout va_ devenant par là, LE genre populaire_ l’art tendre de Simony nous paraît marginal et, en ce sens, salutaire. L’ingénuité fait son grand retour, et est peut être le remède que nous, Européens névrosés, avons le plus grand besoin. Alors il demeure toujours cette part en nous de vouloir voir un ver dans la pomme, de contester la pomme, ou de remettre en question l’existence même de la pomme, mais Arthur Simony persiste, que ce soit par le graff, le calligramme, les installations éphémères, à exalter ce qu’il y a de meilleurs en nous. Et d’ailleurs que l’on soit réfractaire ou non, il faut nous faire à cet axiome : les gentils gagnent toujours à la fin. Arthur Simony est l’un d’entre eux. »

L’article dans sa totalité ICI. 

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Son auteur:

Arthur Kinski Terrier

 » Je suis née en 199O en Savoie; puis ce fut de l’enfance, et juste de l’enfance, jusqu’à mes 19 ans. Une fois à Paris, j’ai étudié le cinéma à l’ESRA, préférant d’entre toutes choses l’analyse filmique. Je fis toutefois l’erreur d’en partir, prétendant sottement pouvoir m’en sortir tout seul. J’avais l’orgueil solide à l’époque, et me donnais des grands airs d’artiste quoique je ne produisais rien. J’ai finalement écrit mes premières histoires à l’époque, et, convaincu de mon génie, je me relisais à peine. C’était très mauvais. Après quelques contrats comme assistant de production, tu m’as trouvé chez Béatrice Brout, où je m’essayais au théâtre. Là bas, je ne pus jamais me défaire de l’idée que j’avais de moi-même, ce qui faussait mon jeu, ce qui faussait à peu près tout. Le constat fut évident : j’étais fait pour rester seul à un bureau.

L’année suivante peu de gens peuvent se vanter de m’avoir vu. J’écrivais tous les jours, et même terminé un manuscrit de 300 pages que je n’oserais pour rien au monde relire. Je me faisais payer mes années de paresse par une vie de spartiate. N’arrivant toujours pas à écrire convenablement, j’ai rejeté la faute sur Paris et suis partie à Londres. J’ai travaillé dans un bar. J’écrivais le matin, et abaissais le rideau de fer le soir. Puis, je me suis rendu à Montréal pour suivre un certificat en littérature que j’interrompis au bout de 4 mois. Là J’ai commencé à écrire pour Le Shindig, un blog littéraire québécois, et pour Beware! dans lequel furent publiées mes premières critiques.
En décembre, j’ai été lauréat du concours de nouvelle organisé par Radio Nova, dans le cadre de l’émission Nova Book Box. Mon texte fut lu, plutôt bien lu, en direct ce soir-là. Ma mère a pleuré de joie. Ça a presque remboursé ma naissance.
J’ai appris récemment qu’une courte pièce de théâtre que j’ai écrite sera jouée à Montréal en juin. C’est très amateur, mais j’en suis flatté. J’ai adoré écrire du théâtre. Adoré. Je travaille d’ailleurs sur une plus longue aujourd’hui.
J’écris tous les jours. Même si ce n’est que pour gribouiller des bêtises. 
Depuis plusieurs mois, je prépare en collaboration avec une illustratrice, un blog de courtes histoires fantastiques. J’ai une obsession pour les contes et les légendes, et dois me forcer bien souvent pour ne pas exclusivement situer mes histoires dans un village reculé de haute montagne au 18e siècle. Si je pouvais, il y aurait des rois et des loups sortant du brouillard dans chacun de mes récits.

Pour ce qui est de mes critiques, celle que j’ai faite sur Arthur, est la deuxième d’un genre commencé avec Andy Picci. Tellement d’artistes n’ont droit qu’à des brèves insipides, souvent élogieuses par défaut, et je trouve ça véritablement violent. Tout artiste mérite qu’on fasse l’effort de l’analyse. Puis merde, la critique d’art est quelque chose d’excitant, et je blâme les quantités de rédacteurs qui la rende soit insipide, soit hautaine.
Et pour ce qui est de mon article sur Arthur, il s’est fait avec beaucoup de facilité, car je crois que nous nous ressemblons. Quoiqu’il fasse preuve de plus de courage que moi. On a tendance à tort de voir le cynisme (tout comme l’athéisme d’une certaine manière) comme un gage de supériorité intellectuelle. Ce qui est faux. Il faut être fort pour être tendre, pour avoir la foi, pour croire. C’est ce que j’envie chez Arthur.
En attendant, je cherche du travail sur Paris dans l’espoir d’y revenir. Beware! ne nourrit par son homme, personne ne me nourrit, et si un magazine à besoin de portrait d’artiste ou d’analyse en tout genre, qu’il prononce trois fois mon nom devant le miroir. Et j’apparais. »

 

Baisers poétiques.

Jupy.