Ale de Basseville, le scandale au bout de l’objectif

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Les photos de Melania, épouse Trump, posant 100 % à poil, publiées en pleine course à la Maison Blanche, c’est lui. Artiste multicartes, aristocrate de noble tradition, ex-taulard, bringueur classe internationale : Alexandre de Basseville est tout cela à la fois. Rencontre avec le moins fréquentable de nos photographes.

Souvenez-vous. C’était au plus fort du traditionnel « chassé-croisé » sur nos routes de France. Dans son édition dominicale, datée du 31 juillet dernier, alors que la vallée du Rhône achevait de se congestionner, The New York Post balançait une bombe à fragmentation, catégorie planétaire. Ce jour-là, le puissant tabloïd américain (un des fers de lance de l’empire Rupert Murdoch) publiait des images fort dénudées de Melania née Knauss, autrement dit Madame Donald Trump herself. Photos prises, précisons-le, à la fin de l’année 1995. Une époque où ladite créature, fraîchement débarquée de Slovénie – et bombardée par la suite potentielle « First Lady » – n’avait que 25 ans.
Racoleur ? Affirmatif. D’un goût douteux ? Assurément. Mais depuis notre vieillissante nation d’érotomanes, ce joli coup estival gardera le mérite d’avoir apporté un peu de fraîcheur, un bref chouia de glamour à l’interminable barnum électoral US. « En vérité, les Français étaient en vacances et donc, ils s’en branlaient un peu, de tout ça. Disons que ça les a plutôt fait marrer… Par contre, de l’autre côté de l’Atlantique, ça a été l’explosion nucléaire. » L’homme qui s’exprime ainsi n’est autre que celui par qui le scandale est arrivé, sans crier gare, à la face du monde. Son nom : Jarl Alexandre, dit « Alé », de Basseville. Son âge : 46 ans. Son métier : photographe de mode. Sa nationalité : française, monsieur !

« DES IMAGES ARTISTIQUES »

Au pays des feuilletons Clinton-Monica Lewinsky et DSK-Nafissatou Diallo, l’effet « blast » était pourtant garanti. Logiquement, le matin-même de la publication de ces clichés dont l’ami de Basseville est l’auteur, toutes les attentions ont convergé vers l’Hexagone. Le vent électoral était-il en train de virer, pour de bon, en défaveur du clan Trump ? Ce coup de tonnerre allait-il, oui ou non, changer le cours de l’Histoire ? 

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« En quelques jours, j’ai donné plus de 40 heures d’interview aux grandes chaînes américaines, comme CNN ou CBS, ainsi qu’à des médias du monde entier », se vante, rigolard, ce singulier personnage que nous retrouvons au fond d’une brasserie sans âme du boulevard Saint-Germain, par une fin d’après-midi d’automne. Crinière abondante, bottes et vêtements de cuir, bagues énormes à chaque doigt, tatouages en veux-tu en voilà… Au premier contact, Alé, c’est avant tout une dégaine pas possible. Un peu du Mel Gibson chevelu de Mad Max 3 (celui avec Tina Turner), et beaucoup de celui de Braveheart, pour son allure résolument chevaleresque. (…) Pour son actuelle compagne Egla Harxhi, sublime mannequin d’origine albanaise, Alexandre reste  un objet volant non identifié dans l’univers de la mode. « Il travaille à l’ancienne, comme cela ne se fait plus aujourd’hui, nous confie-t-elle. Il a besoin d’établir un contact, d’être en communion avec son modèle, sinon il ne shoote pas. »  (…)

DES JÉSUITES À LA PUNKITUDE

Aujourd’hui, quelles que soient les rumeurs qui cavalent sur Melania Trump, Alé de Basseville le jure, la main sur le cœur : il ne s’est rien passé entre lui et la future Miss Trump. Ni avant, ni pendant, ni même après la chaude séance de 1995 : « Elle aurait pu me plaire, mais cela ne s’est pas fait. Cela dit, c’est moi qui ai eu l’idée du petit show lesbien et franchement, c’était plutôt réussi à l’arrivée. » Rien d’étonnant pour quelqu’un dont le principal péché reste les mannequins, plutôt jeunes, toujours longilignes et si possible deux par deux. « Oui, reconnaît-il droit dans les yeux, j’ai toujours adoré faire l’amour avec deux filles en même temps, c’est un de mes trucs préférés dans l’existence, depuis mon adolescence… »

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Mieux qu’un manteau de fourrure, Melania Trump se réchauffe dans les bras d’Emma Eriksson sous l’objectif de Ale de Basseville, en 1995.

Ses jeunes années, justement, parlons-en. Celui qui se présente comme « descendant à la fois du roi viking Harald 1er de Norvège et de Robert de Basseville, roi de Normandie » a vu le jour à Bordeaux, province d’Aquitaine, en l’an de grâce 1970 après Jésus-Christ. Grandi au sein d’une famille aristocratique liée à l’industrie pétrolière, il est façonné à la dure, dans les internats catholiques de France et d’Helvétie. « J’ai été élevé par des jésuites, des franciscains, des dominicains, des bénédictins – surtout des jésuites, énumère-t-il, sans vraiment s’étendre. Latin, grec, littérature classique… J’y ai appris certaines valeurs, la tradition et aussi la droiture. Mais j’ai aussi eu la chance de faire la connaissance, par des membres de ma famille, d’un certain Andy Warhol, dans un château en Touraine, alors que je n’avais que 13 ans. »
Loin des sévères pensionnats de son enfance, les années suivantes auront pour théâtre la Factory et le New York totalement déglingué de la fi n des années 80. Alors qu’il est à peine majeur, son look déjà fl ashy et ses tenues de vinyle font fureur. Un sacré choc thermique. « C’est là que j’ai découvert la culture underground, le mouvement punk et tout ce qui va avec. Car l’héritage punk, avec l’éducation des jésuites, c’est toujours ce que je revendique aujourd’hui. La drogue ? J’ai vraiment versé dedans jusqu’à mes 19-20 ans, beaucoup moins par la suite …. ….. L’article dans son intégralité dans Technikart #207, novembre 2016

PAR STÉPHANE BOUCHET
PHOTOS SHOKY VAN DER HORST

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