Manu Payet «Vous voulez que je vous cause de Jeffrey Katzenberg, quoi…»

Invité à Cannes pour participer aux 20 ans de Dreamworks, Manu Payet nous raconte sa relation d’amour avec le big boss de la boîte, Jeffrey Katzenberg.

 

Vous buvez quoi les gars ?

Bof, rien ça va, merci.
Ah ok, ça veut dire que ça va mal se passer entre nous donc. Quand les mecs prennent rien c’est toujours louche…

Mais non. T’as remarqué que désormais pendant le festival il n’ya plus que Dreamworks pour représenter les gros films US ? Du coup Hollywood à Cannes c’est
un peu toi cette année…
Ahaha. Mais y avait rien d’autre que Dragons 2, rayon blockbuster. Les mecs pouvaient pas sélectionner d’autres trucs US non ?

«Godzilla», «X-Men» ou «Edge Of Tomorrow» sortent au moment du festival.
Ah ouais c’est vrai… C’était quoi la question déjà ?

Hollywood, Dreamworks, toi, tout ça…
Vous voulez que je vous parle de Jeffrey Katzenberg, c’est ça ?

Ouais, par exemple…
Bon ok. Ecoutez, j’ai l’impression que ce mec quand il vient kiffer dans ton pays et bah il tient absolument à ce que tu kiffes aussi avec lui. Même si t’es juste le mec qui double Pow dans la VF de Kung Fu Panda, il veut à tout prix passer un bout de temps avec toi. Alors que bon il pourrait s’en foutre hein, personne ne lui en voudrait.

Quand il vient en France, il se débrouille toujours pour te voir ?
Ouais j’ai l’impression. La dernière fois on s’est retrouvé à table avec lui, Brad Pitt, Angelina Jolie et Will Ferrell. Et en mecs français il y a avait moi, Kad Merad et Gad Elmaleh. Il voulait qu’on se voie tous ensemble, c’est lui qui nous avait castés quoi.

Dans ces cas là c’est lui qui te passe un coup de fil pour t’inviter à bouffer ?
Non, tu reçois un mail de Dreamworks France qui te demande si tu peux dîner à telle date avec Jeffrey parce qu’il est de passage et aimerait bien te voir. Jusqu’à la dernière seconde tu sais pas qui sera présent, combien y’aura de personnes, rien. T’arrives au resto, et là à la table y a Will Ferrell, Brad Pitt et Angelina qui t’attendent pour bouffer.

Vous vous êtes tous jetés sur Will Ferrell j’imagine.
Un peu. Et c’est moi qui ai pu m’asseoir en face de lui. Après tu peux pas lui parler comme à un pote en lui racontant tes scènes préférées de ses films. Parce que le gars trouverait ça chelou. C’est quand même un peu professionnel comme rencontre, faut pas trop jouer au fanboy. Même le dîner est minuté, à 21H48 tout le monde se lève d’un coup pour que tout le monde soit dans la bagnole à 21H50.

Tu le vois autrement que comme le super VRP de Dreamworks, Katzenberg ?
Ah mais je ne le vois carrément pas comme ça en fait. C’est pas juste un mec avec trois téléphones, il est super impliqué dans l’artistique. Il a un regard de gamin sur pleins de trucs. Tu vois là il nous invite ici à Cannes pour le kiff, dès qu’il me voit il me demande des nouvelles de Gad, etc… Après, je sais pas du tout si il fait la même chose avec les doubleurs allemands ou si c’est juste avec nous mais il est fondamentalement cool, tout est léger avec lui. Quand tu le vois t’as le droit à ton vrai moment avec lui. Ça dure pas très longtemps  mais il est à fond dedans le mec. Tu le vois et il te fait (il l’imite) : « Hey Manou, wow, thank you so much for coming here, wow. You know,wow, it means a lot to me. So, How are you? You directed a movie, right ? »

Il savait vraiment que t’avais réalisé un film?
Ouais il est très fort, il sait tout sur toi. Il te balance sans arrêt des trucs très chaleureux du style : « Hey Manou come with me, I had to have my French Pow by my side », ahaha.

A chaque fois que tu descends à Cannes, c’est lié à Dreamworlks en fait?
Hahaha. Ouais je crois… Vivement Kung Fu Panda 3, putain!

Tes premiers Cannes, tu t’en souviens un peu ?
Ouais c’était y a plus de dix ans dans un appart tout ripou où on logeait à 17. C’était cool, je descendais surtout pour voir un p’tit bout d’Amérique en France. Tu pouvais tomber à l’époque sur un Terminator géant posé près d’un hôtel, alors t’appelais tes potes à Paris pour leur dire : « Bon j’suis devant un Terminator géant là, les gars », ahaha. Ensuite je suis venu pour NRJ. On avait un plus grand appart’, mais c’était encore n’importe quoi. Notre producteur était génial mais complètement fou, on a découvert la décadence cannoise avec lui. On sortait jusqu’à 6h du mat alors que l’émission commençait à 7 et lui hurlait : « On s’en braaaanle, on continue à faire la fête ! ». Jusqu’à ce qu’un jour la radio nous dise « Si vous nous refaites une émission de merde comme ça, vous rentrez direct à Paris. Trouvez des invités, bougez vous le cul bordel ». Je me revois errer sur La Croisette à chercher des gars connus pour les inviter ahahaha. Si ça vous rappelle un film de Romain Lévy cette histoire là, c’est normal hein…

 

Propos recueillis Benjamin Rozovas et François Grelet


 

Capture du 2015-04-29 14:37:27 Technikart SuperCannes #09  23 mai 2014