Riad Sattouf: «La musique des jeux Amiga, c’est la B.O. de l’adolescence»

Au moment où ses «Beaux Gosses» déboulent dans les salles, l’auteur de BD propulsé cinéaste envoie la sauce chez Technikart.

Riad, te voici désormais metteur en scène. Faut-il voir dans «les Beaux Gosses» une adaptation très libre de tes BD ?
Non, pas vraiment. Je considère plus le film comme un autre morceau de mes trucs. C’est un peu le petit frère de mes livres.

Par déformation professionnelle, as-tu quand même bossé avec un story board ?
Non, j’ai commencé à en faire un et puis j’ai vu comment mes comédiens bougeaient, et j’ai laissé tomber. Je suis parti d’eux, en fin de compte.

Dans «les Beaux Gosses», tu montres des teenagers d’aujourd’hui. En même temps, on a l’impression que tu parles, à travers eux, de ton adolescence, des années 80-90. As-tu cherché à trouver un entre-deux ?
En fait, mon but n’était pas de faire un film sur les ados d’aujourd’hui, leurs codes, leurs spécificités, etc. Je voulais surtout mélanger les époques, mes souvenirs de collège, parler des émotions qu’on ressent à cet âge-là et qui ne sont pas spécifiques à une ère donnée.
La musique du film est d’ailleurs emblématique.
Absolument. Je la voulais très simple et électronique, avec des sons qui rappelaient les musiques de jeux Amiga que j’écoutais à longueur de journées. Pour moi, c’est la vraie bande originale de l’adolescence.

Et pour les fringues ?
Je ne voulais surtout pas des marques d’aujourd’hui. Je souhaitais créer un univers «à l’écart», car mes personnages le sont. Par exemple, ils n’ont pas de portables, car ils n’ont personne à appeler.

Comment t’y es-tu pris pour montrer des teenagers crédibles – donc jamais loin des clichés -, mais pas caricaturaux?
En fait, je ne voulais pas de morale, dans le sens ou je ne voulais pas qu’un personnage soit meilleur qu’un autre. Hervé, par exemple, est souvent humilié, mais à la première occasion, il humilie à son tour. Tout le monde est au même niveau.

Tu as eu un prof gay gothique à cheveux longs qui te faisait lire du Jean Genet et était connu de la scène homo undergound ?
Non, pas du tout. Mais je fantasmais beaucoup sur la vie privée de mes profs.
«Les Beaux Gosses»: en salles.
ENTRETIEN BAPTISTE LIGER