Maurice Laroche n’ira pas se masturber sur le dernier Gaspar Noé

LOVE BANNIERE

Interdit aux moins de 16 ans dans tous les cinémas de France le nouveau film de Gaspar Noé, Love,fait couler beaucoup d’encre. Chez Technikart, on souhaitait l’avis d’un expert en matière de sexe. Rendez-vous avec Maurice Laroche, directeur du Beverley – dernier cinéma pornographique de France – à la sortie de la séance.

Alors, qu’avez-vous pensez de la fameuse scène de l’éjaculation ?
Ah bon ?! Il y a eu une éjaculation ? Je ne l’ai même pas vu. Sans doute le fait d’être habitué aux pornos.

Le film de Gaspar Noé mérite-t-il tout le remue-ménage auquel on a pu assister ?
Il faut le dire ! Les scènes de sexe sont bien tournées, le cadre et les plans valent un très bon film pornographique. Attention (car il est tout de même loin d’en être un), jamais vous n’allez voir un plan serré sur un sexe, c’est à peine si l’on voit les lèvres de l’actrice cachée derrière sa pilosité. La dernière fois que j’ai regardé un film avec des scènes érotiques en 3D c’était dans mon cinéma. Vous vous en souvenez ? Les anciennes lunettes rouge cyan ! La 3D apporte plus de rondeur et renforce l’immersion du spectateur, on a l’impression de pouvoir toucher les acteurs et faire partie intégrante du film… Même si le spectateur est caché derrière ses lunettes. L’histoire… Elle est d’un ennui… On ira voir ce film par curiosité mais certainement pas pour son histoire.

L’interdiction aux moins de 16 ans est-elle justifiée ?
Elle est tout à fait compréhensible. Même si les jeunes ont désormais la possibilité avec Internet de voir ce genre de choses. Les acteurs sont nus, il y a des scènes de sexe, il n’y a plus besoin de faire appel à son imagination, tout est là ! Mais je n’irais pas me masturber là-dessus.

Certaines scènes vous ont choqué dans le film ?
Pas du tout. Il n’y a pas de violence sexuelle, on voit des personnages faire l’amour contrairement à un film comme Baise-Moi – sortie au cinéma en 2000 et réaliser par Virginie Despentes – où le personnage enfonce un revoler dans le rectum d’un homme par vengeance. Le seul point négatif du film est l’omniprésence de la drogue. Il n’y a pas besoin de prendre de l’opium pour prendre son pied…

Ce film aurait sa place dans votre cinéma ?
Certainement pas ! Mes clients vont me tuer ! Déjà qu’ils me crient dessus lorsqu’il y a plus de 10 minutes de dialogues. Cependant, il y a deux cas dans lesquels ce film pourrait avoir sa place au Beverley. J’aurais projeté le film si il avait été interdit dans les salles de cinéma traditionnel par solidarité. L’autre raison serait que je coupe toutes les scènes de dialogue pour ne garder que les scènes de sexe. Il faut l’avouer, elles sont vraiment bien tournées…

Entretien Saïd Belhamsali